Accueil Livres, Arts, ScènesLivres Je veux peindre et aimer, un roman où les artistes se croisent et où l’amour et la passion se vivent intensément

Je veux peindre et aimer, un roman où les artistes se croisent et où l’amour et la passion se vivent intensément

par Émile Cougut

Un père notaire à Nîmes, une mère, d’origine juive (d’où le prénom de leur fille unique, Rebecca), un couple totalement autocentré sur lui même qui ne s’occupe pas de leur fille, aucun tendresse possible quand on fait une croisière. Mais nous sommes au début du XXème siècle et cela fait partie de la « norme » des ménages (très) « aisés ». Parents absents, soit, mais parents très libéraux pour cette époque puisqu’ils permettent à leur fille de partir suivre les cours des beaux-arts à Paris, sans chaperon. Elle a un amoureux, Georges, avec qui elle rêve d’un avenir heureux. Mais la guerre est déclarée et, en 1917, Georges est tué au front. Rebecca est dévastée, pour elle sa vie est finie et elle se plonge dans la peinture.

A la mort de ses parents au début des années 20, elle revient dans la maison familiale. Elle vit enfermée, physiquement et moralement, ne fait que peindre, n’a aucun contact avec l’extérieur, si ce n’est les cours de dessins qu’elle donne dans un lycée de jeunes filles. Une vie monotone, solitaire  jusqu’au jour où elle revoit sa grande amie d’enfance Viviane. Celle-ci l’oblige à sortir de sa prison mentale et elle finit par rencontrer le beau Maxime, un jeune homme riche, scénariste de cinéma. Une passion torride se noue entre les deux jeunes gens. Mais Maxime part aux États-Unis à la poursuite de son rêve : écrire un scénario pour la grande comédienne Gloria Swanson.

La jeune femme retombe en dépression, pour elle, il ne reste que la peinture, sa vie étant achevée, tout au plus vit-elle dans le souvenir de Maxime. Mais, au lieu de peindre sous les toits, elle travaille au rez de chaussée de la maison. Elle fait des portraits de Charles, un petit garçon mongolien, jusqu’au jour où un inconnu, Jean, vient admirer ses œuvres. Il est fasciné par le travail de la jeune femme, voit en germe une vraie œuvre en devenir. Il devient son agent et l’amène à New York pour sa première exposition dans la galerie que vient d’ouvrir Pierre Matisse.

Son travail rencontre un grand succès. Mais Maxime reprend contact avec elle. Ce retour la ravage, fait remonter ses douleurs mais aussi ses envies. Et ce n’est pas la fréquentation de l’immense poète Khalid Gibran qui calme ses tourments. Mais, grâce à ce dernier et à l’amour sincère et gratuit que Jean lui porte, elle prend conscience qu’elle poursuit une chimère.

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Aussi part-elle, seule, peindre des roses noires à Halfeti en Anatolie. Là, elle fait une sorte de mue grâce à son art et finit par revenir à Nîmes pour être enfin heureuse, ayant réussi en quelque sorte à « gérer » ses blessures d’un passé quelque peu fantasmé. Ayant par ailleurs aussi réussi à comprendre que pour être heureuse, il faut qu’elle vive dans le présent et non dans les chimères du passé.

Au-delà, Rebecca sort de sa longue dépression quand elle comprend qu’il y a un univers entre la passion amoureuse et l’amour. Ainsi la première étant un feu de paille, elle ne se concrétise que de façon physique et sexuelle et l’amour basée sur l’échange, le respect, la compréhension de l’autre, le don de soi à l’autre sans essayer de se voir dans les yeux de l’aimé. La passion est éphémère, l’amour lui s’inscrit dans le long terme. L’une est l’assouvissement dans le présent, l’autre est dans la construction dans l’avenir.

Rebecca a deux passions : la peinture et l’amour, l’amour qu’elle n’a pas eu de la part de ses parents, l’amour sûrement sincère de Georges qui disparaît, puis après la mort de ce dernier, l’amour passion, ravageur avec Maxime mais qui éclate sur l’égoïsme de ce dernier, et l’amour gratuit de Jean.

Je veux peindre et aimer nous mène de la Première Guerre Mondiale aux Années Folles, de Paris, Nîmes, New-York ou au fin fond de la Turquie, dans les classes de luxe d’un transatlantique. Elle rencontre des personnages phares de cette époque comme Khalid Gibran ou George Gershwin. Vous apprendrez beaucoup aussi sur la peinture, ses techniques, les pigments, etc.

Soyons honnêtes il y a quelques problèmes au niveau de détails du récit qui ont quelque peu gêné ma lecture. Ainsi, à Nîmes, à la poste, Rebecca croise de temps en temps Alfred, le facteur qui lui amenait les lettres de Georges durant la guerre, sauf que c’était à Paris. Ou encore elle fête son anniversaire le 1er août et le lendemain donne son cours de dessin au lycée. Même dans les années 20, il y avait des vacances scolaires à cette époque ( et oui quand je lis, je lis !). Mais cela n’empêche en rien d’apprécier ce joli roman d’ Évelyne Dress.

Je veux peindre et aimer
Évelyne Dress
éditions Glyphe. 18€


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Illustration de l’entête: peinture de Jean-Gabriel Domergue

                                                                

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