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Chansons de Ben Herbert Larue, un univers poétique à découvrir

par Pétra Wauters

Ben Herbert Larue, nous avons croisé la route de cet artiste à Venelles, à deux encablures d’Aix-en-Provence. Il était la veille à Moustiers-Sainte-Marie. En 2022 au Off d’Avignon il marquait les esprits et faisait parler de lui. En effet, quelle belle surprise ! Nous avons aimé son univers, ses textes, sa musique, ses  formidables musiciens chanteurs, amis complices. Cette soirée du samedi 9 septembre 2023 fera date au nouveau pôle culturel de l’Étincelle à Venelles, un magnifique édifice inauguré ce 1er avril. C’était le premier concert de la programmation de la MJC Allain Leprest. Leprest, un auteur sensible que Ben Herbert Larue aime tout particulièrement.

Car effectivement, Ben Herbert Larue est de cette veine-là. On le compare encore à Brel ou aussi à Ferré. Nous dirions que si l’homme est grave, il parait moins écorché que ces artistes de grande renommée. Il y a un peu d’Aldebert en lui. Il fait rêver les adultes mais aussi les enfants. Son humour, son sourire espiègle, et une certaine fraicheur enfantine plaisent à tous.  On est en 2023, l’artiste touche-à-tout est Médaille d’or 2022 de la chanson, rien d’étonnant !   

Toutes les chansons ont du texte…. Enfin, presque. Elles devraient dire des choses, en théorie. Nous avons souvent souri devant le peu de profondeur de certaines paroles qui inondent les médias ou déferlent sur les ondes.  

Les textes de Ben Herbert Larue nous font réfléchir. Ils sont terriblement bien travaillés ; iIs nous émeuvent, nous font sourire ou pleurer, c’est selon. Il y a des chansons un peu politisées, « On se bat », « Droit d’asile », un engagement que l’auteur livre avec ferveur, conviction. Il chante avec ses tripes et sa voix porte haut et loin le message. Souvent, le lien avec sa propre histoire est avéré. Le charismatique interprète, tout de noir vêtu, accroche la lumière. Il fédère, nous invite, et nous entrons immédiatement dans son univers. Il se raconte, joue son propre rôle, avec beaucoup d’humour et nous faisons partie de la distribution. On entre en scène, à l’affiche de l’actualité à partager. C’est comme si on le retrouvait, nous qui le découvrons pour la première fois sur les planches.  Il se nourrit des gens, se régale de nous.  Il le dit du reste dans une chanson : « J’aime le gens ». Il écrit pour défendre une cause ou un idéal, ou plus légèrement, pour chuchoter, murmurer, faire revivre l’enfant qu’il était. Et il nous l’assure, « Je ne veux pas savoir… :  si la lune se fait mal quand elle tombe, ou comment sonne un coup de vieux, si la corde est sensible de naissance, et à quoi ressemble le “il” dans il fait beau ». Ne pas tout dire, pour laisser place au rêve et à l’imagination.  

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Dans la salle des enfants écarquillent les yeux. Facétieux, il livre des confidences sur confidences, il nous souffle avec douceur quelques vérités, « Souffle (s) », « Je ne veux pas savoir » ou nous attache à lui, de sa voix puissante. Frissons garantis encore quand il parle des anciens. « Le problème avec les vieux, c’est qu’ils partent plus vite que les autres » et quand ils ne sont plus là, il l’affirme, « Le bout de la table est silencieux. » Plus le récital avance, plus le poète et l’homme de théâtre s’affirment et nous touchent. Il est éminemment sympathique et attachant. Il avance vers nous, et nous prend à parti avec « Se battre des ailes » , « nous ensemble se battre des ailes qui rassemblent ». C’est juste, bien vu et pour nous tous, ça sent le vécu, il passe en revue une moisson de tics, manies, obsessions, lubies…   On s’approprie encore cette déclamation drôlissime, l’énumération de choses cons, (nous le citons) « comme la pluie ». Parmi elles, naître un 29 févrieravoir un doute le jour de son mariageun 21 juin sans concertconfondre le sac à dos et le parachute, bref, la pluie qui arrive à propos, tout de même, pas si con.  

On découvre un univers bien à lui, avec son accordéon, son ukulélé, sa voix rocailleuse et chaude, ses amis musiciens complices, Nicolas Jozef Fabre au clavier, bugle, beatbox, et Xavier Milhou à la contrebasse. Voilà un superbe trio qui livre une musique fantaisiste, à la fois baroque et moderne. Cet « animal social » comme il se définit lui-même, a des choses à dire et ce, depuis 20 ans !  Et que ceux qui ne connaissent pas encore ce beau quadra normand, les pieds sur terre, et pourtant complètement lunaire, ne se fassent pas d’illusions. Ils seront pris, attrapés, happés, transportés comme nous tous ce soir-là. On ne le laissera pas partir facilement. Il en rit et nous propose deux bis. Puis gentiment, nous pose la question : « Vous n’avez pas de maison ? ». C’est vrai qu’il est temps de le laisser partir. On restait scotchés à nos fauteuils, sous le charme. 

Les dates de ses spectacles sur son site.

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