Des archéologues du musée national d’Astana, capitale du Kazakstan viennent de mettre à jour le 2 août dernier dans un tumulus datant de l’âge de bronze le squelette d’une fillette entouré d’une pléthore d’objets funéraires. Ce qui rend encore plus intéressante cette découverte archéologique, ce sont des dizaines d’ossements d’animaux qui l’entouraient et qui pourraient avoir été utilisés à des fins cérémonielles. De même, artefact rare, une sculpture de grenouille sur un disque de bronze, c’est ce que relate le journal The Astana Times
En effet, et depuis 2017, les chercheurs, en collaboration avec leurs collègues de l’université de Cambridge en Grande-Bretagne, travaillent sur ce site, situé à Ainabulak (également orthographié Aynabulaq ou Aina-bulak), un village de l’est du pays. Depuis, ils ont découvert plus de 100 tumulus datant de l’âge du bronze.
L’un des chercheurs qui a contribué à cette découverte, Ulan Umitkaliyev, directeur du département d’archéologie et d’ethnologie de l’université d’Astana a ainsi précisé : «La pyramide à degrés est méticuleusement construite avec une base hexagonale. Chaque côté mesure 13 mètres et est construit à partir de huit rangées de pierres. En son centre se trouvent des cercles concentriques. Cette construction complexe témoigne des compétences avancées des anciens bâtisseurs. Les murs extérieurs de la structure sont ornés de représentations de divers animaux, notamment de chevaux. Des images de chameaux sont également présentes. Les découvertes issues des fouilles, notamment des céramiques, des boucles d’oreilles en or et d’autres ornements, indiquent que l’âge du bronze était une période d’importance culturelle. Cela souligne le grand respect pour les chevaux à cette époque».
Rinat Zhumatayev, un archéologue qui a dirigé les fouilles et qui dirige pareillement le département d’archéologie, d’ethnologie et de muséologie de l’université nationale kazakhe Al-Farabi, au Kazakhstan a ainsi communiqué «qu’elle avait été « enterrée sur le côté gauche, penchée en avant. Il y avait de petites boucles d’oreilles en fil de fer aux deux oreilles et des perles autour de son cou».
Bien que les chercheurs ne sachent pas grand-chose de l’identité de la jeune fille, la richesse des objets trouvés dans sa sépulture révèle des indices sur son rôle au sein de sa communauté à l’âge du bronze, qui a duré en Asie centrale entre 3200 et 1000 ans avant J.-C., selon Oxford Academic.
La datation au radiocarbone du squelette a révélé que la jeune fille avait entre 12 et 15 ans lorsqu’elle est morte. Les archéologues ont également découvert qu’elle avait été enterrée avec 180 os d’astragale (os de la cheville) – provenant probablement de moutons ou de bovins – ainsi que trois omoplates de vaches, plusieurs pommeaux métalliques (extrémités d’épées), un miroir et un bol en bronze.
Mais un autre objet funéraire a retenu l’attention des archéologues : un disque de bronze gravé en son centre à l’effigie d’une grenouille. C’est la première fois qu’un tel objet est découvert au Kazakhstan. A cet égard, rappelons que ce batracien est aussi présent dans d’autres civilisations.
En Chine par exemple, la grenouille à 3 pattes, le crapaud feng Shui, est un symbole d’argent, d’abondance et de prospérité. Il porte différents noms, on le trouve sous l’appellation de crapaud doré Jin Chan 金蟾 ou Chan Chu 蟾蜍
Dans la civilisation grecque la grenouille est associée aux déesses-mères ou à Artémis, Apollon ou Dionysos, tout comme chez les Aztèques où elle remplit la même fonction liée à la fécondité.
« L’image de la grenouille a des significations différentes chez de nombreux peuples depuis l’Antiquité», explique ainsi M. Zhumatayev. «Elle est associée à l’image d’une femme en train d’accoucher et au culte de l’eau… mais elle nécessite une étude plus approfondie pour déterminer sa véritable signification».
Les chercheurs ont également été intrigués par le nombre impressionnant de fragments d’os d’animaux enterrés dans le tumulus. Alors qu’ils avaient vu d’autres tombes contenant des restes d’animaux dans la steppe eurasienne, souvent dans des sépultures d’enfants et d’adolescents, la multitude d’os enterrés avec cet individu était pour le moins extravagante.
À cet égard, certains scientifiques pensent que l’enterrement des os d’astragale faisait partie d’une « pratique cultuelle » et que les os étaient utilisés pour la méditation. D’autres chercheurs considèrent les os comme des « symboles de bien-être » et de « bonne chance » qui servaient à « souhaiter une transition réussie d’un monde à l’autre », a déclaré M. Zhumatayev.
L’archéologie et les fouilles associées, et quels que soient les pays de par le monde où les découvertes se font, créent des ponts. Ces ponts qui font sens et qui font humanité et dont nous avons toujours à nous inspirer !