A cinq ans, Thierry Gineste reçoit la Légion d’honneur à titre militaire. C’est lui désormais l’homme de la famille depuis que son père a trouvé la mort en Indochine lors d’une patrouille qu’il ne devait pas diriger. Un mine personnelle l’a déchiqueté. Ce père, résistant durant la Seconde Guerre mondiale où il fit montre d’une vraie bravoure. A la Libération, il s’est engagé dans l’armée où il a gagné ses galons de lieutenant.
C’est à partir des documents qu’il a trouvés dans les archives de l’armée et parmi ceux que sa mère n’a pas détruits que Thierry Gineste retrace l’histoire de ce père qu’il a si peu connu. Ce dernier avait réussi à sauver son « journal de marche » et put donc ainsi raconter ses derniers jours avant l’embuscade meurtrière.
Mais ces mémoires sont surtout hantées par la personnalité de sa mère. Cette mère qui place ses enfants dans des institutions pour les pupilles de la Nation, qui collectionne les aventures amoureuses malheureuses, qui se débat dans des problèmes d’argent, qui rompt avec sa belle-famille (les enfants ne peuvent pas voir leurs grands-parents paternels), qui enchaîne les « petits boulots ». Et puis, il y a cette liaison homosexuelle qu’elle a avec une autre femme, relation souvent tumultueuse qui va finir par mettre à mal l’équilibre familial. Mais malgré tous les reproches qu’il a contre elle, elle reste sa mère et il l’accompagne jusqu’au bout et est ravagé par sa disparition..
De fait, ce qui domine de cette autobiographie, c’est le sentiment d’abandon : le père qui va se faire tuer en Asie, la mère qui se « débarrasse » sans montrer trop de scrupules de sa progéniture. Du moins c’est ce que ressent Thierry Gineste, tout en étant honnête pour avouer qu’à cinq ans, il ne pouvait pas connaître les véritables motivations de sa mère. Il reconnaît que ses parents étaient des « honnêtes gens » qui ne voulaient qu’être heureux dans le cadre familial qu’ils avaient bâti. Mais leur histoire est une longue suite de tragédies qui ont eu des conséquences terribles sur le psychisme de leurs enfants en général et de leur fils en particulier.
A la lecture de son passé et de ses traumatismes, on comprend pourquoi, Thierry Gineste peut avoir des positions nationalistes parfois extrémistes mais surtout pourquoi il a choisi de faire des études de médecine pour devenir psychiatre.
Souviens-toi de moi dans les ténèbres
Thierry Gineste
éditions Les Impliqués/ L’Harmattan. 21€
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