Au programme Richard Wagner avec Götterdämmerung (Le Crépuscule des dieux), extraits symphoniques et Richard Strauss avec Ein Heldenleben (Une vie de héros), op. 40
Extraits symphoniques Götterdämmerung
Deux célèbres Richard réunis, Wagner et Strauss, deux des plus grands créateurs de l’opéra romantique et post-romantique dans le programme de ce vendredi 5 avril 2024 au Grand Théâtre de Provence. Deux opéras donc, mais ce soir-là, seul l’orchestre nous livre le récit. Il nous est toutefois facile de suivre l’histoire avec les arguments d’un tel orchestre dirigé Daniele Gatti.
Avant d’entendre la toute première note, le public est déjà impressionné : une centaine de musiciens s’installe sur scène, et cela fait du monde ! Ils vont nous interpréter des extraits symphoniques du Crépuscule des Dieux, de belles pages de l’opéra de Wagner réunies, et rien ne pourra nous faire perdre le fil. On reçoit un véritable choc, on est étourdi. Pas question de perdre une seule miette du concert. Daniele Gatti s’est attaqué à l’un des opéras les plus célèbres du monde : mythologie, dieux nordiques, prophétie de fin du monde, et au beau milieu de ce tumulte, des héros, à commencer par Siegfried et son épouse Brünnhilde : des histoires de filtres d’amour, d’ensorcèlement, de tromperie… Wagner et Gatti nous livrent tous les coins et recoins les plus sombres de l’âme humaine. Sous nos yeux se déroule un drame épique et en musique, c’est fort, surtout avec un orchestre si impressionnant.
Petit bond dans le passé : l’Orchestre de Paris a été fondé par Louis XIV en 1672 au moment de la création de l’Académie Royale de Musique. D’une quinzaine de musiciens à l’époque, on en compte 174 aujourd’hui, c’est dire si l’orchestre s’est étoffé au fil des siècles. L’Opéra de Paris, ce sont aussi deux salles : L’Opéra Garnier et l’Opéra Bastille, pour accueillir deux orchestres.
Danielle Gatti est spécialiste de la direction d’opéra. On n’oublie pas qu’il est un fidèle parmi les fidèles du festival. Le maestro revient à Aix et nul doute, le public l’attendait. Soirée premium, un monde fou ! Pratiquement un an jour pour jour, il nous charmait déjà avec Wagner dans son programme, mais aussi Brahms à la direction du Mozart Orchestra. Il nous revient donc et entraîne l’Orchestre de l’Opéra de Paris dans les profondeurs du romantisme de Wagner avant de s’engouffrer dans celui de Richard Strauss.
Le poème symphonique Ein Heldenleben
Le trépidant poème symphonique Une vie de héros de Strauss était très attendu. Il s’agit d’une suite d’allégories plutôt que d’une narration linéaire.
Des mélodies puissantes, envoutantes, et dans Wagner comme dans Strauss, rappelons-le, il n’y a pas de chanteurs ce soir-là, mais aussi bizarre que cela puisse paraitre, la voix humaine se fait entendre. Tout y est merveilleusement chantant, intense, poignant. Les musiciens ont une belle vision musicale de ce qu’attend leur chef. Pourtant, cette dernière œuvre au programme est complexe, très complexe. C’est un monument. Le ton est pathétique, lyrique, dramatique et la tension incroyablement soutenue : voyez les sections : I Le héros, II Les adversaires du Héros, III La compagne du Héros, IV Le champ de bataille du Héros, V L’œuvre de paix du Héros, VI Retrait du monde du Héros et son accomplissement. Tout y est héroïque ! Y compris l’orchestre, magistral. Conduit par Daniele Gatti, il nous livre une palette de timbres variées, et on garde en mémoire de fabuleux coloris sombres, tout à la fois ardents et flamboyants. Bravo aux solistes, excellents. Et le premier violon, Frederic Laroque, réellement impressionnant. Encore une soirée à marquer d’une pierre blanche !