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Emilie Lalande, sa nouvelle chorégraphie : Petrouchka ou le choix d’Holubichka

par Pétra Wauters

Deux représentations archi-combles qui semblent sorties tout droit d’un rêve ont eu lieu ce vendredi 19 et samedi 20 avril au Grand théâtre de Provence dans la belle ville d’Aix. Des moments de grâce où toute la famille est conviée et les parents ne se font jamais prier ! 

Car on le sait désormais, il faut compter sur Emilie Lalande, une chorégraphe qui a le vent en poupe. C’est une artiste authentiquement douée et profondément engagée, dans le sens noble du terme. Elle le prouve encore une fois avec son nouveau spectacle, Petrouchka ou le choix d’Holubichka,  un conte symphonique, une suite musicale éblouissante et bien plus encore. On y réfléchit. Car la talentueuse chorégraphe reste toujours aussi fascinée par la nature, l’écologie et les problématiques sociales. Des thèmes récurrents dans ses spectacles. Elle analyse, dissèque et interroge le comportement humain au sein de son environnement. On se souvient notamment de « Pierre et le loup » un conte chorégraphié en 2015 avec cette superbe musique de Prokofiev si évocatrice, qui se danse autant qu’elle s’écoute.

L’écologie est omniprésente en toile de fond, comme dans son fantastique « Carnaval des animaux », une radiographie un peu sombre mais poétique du monde animal. La musique de Camille Saint-Saens permettait à Emilie Lalande de donner libre court à sa fantaisie. On se remémore également son  « Quatuor à Corps pour Mozart » qui nous plongeait avec humour et grâce dans l’univers du compositeur. Il y a encore Wood, un conte admirable et l’une de nos pièces favorites. Elle nous interroge à travers le dialogue entre une danseuse et une marionnette sur la relation de l’être humain avec la nature et les objets.

La chorégraphe est constamment inspirée et bien entourée. Jean-Charles Jousni, son compagnon également danseur et co-directeur de la compagnie, ainsi que les  artistes de Compagnie (1)Promptu (en alternance) : Marius Delcourt, Nik Folini, Caroline Jaubert, Leonardo Santini, Jean Soubirou, Khevyn Sigismondi, Angélique Spiliopoulos. Tous nous transportent dans ses tableaux loufoques, des scènes amusantes et émouvantes de Petrouchka dans une version très personnelle.

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photo Anais Baseilhac

Car Émilie Lalande se réapproprie les contes, les partitions, réinvente, bouscule et s’amuse, de toute évidence. Chorégraphe, danseuse aux talents multiples, elle se métamorphose en Matriochka, cette poupée russe qui se démultiplie. Elle n’a pas la rondeur de la poupée, certes, car Émilie est menue et délicate, mais l’idée est là, surtout pour Petrouchka. La chorégraphe rebondit sur le livret d’Alexandre Benois et la musique de Stravinsky, apportant sa sensibilité contemporaine à ce chef-d’œuvre immortel qui lui va si bien, puisque tous les arts s’y trouvent imbriqués, enlacés. Elle relie les disciplines : musique, danse, décor, costumes ; son grain de sel et de folie se promène partout. La composition d’ensemble porte désormais sa signature, riche en détails, si joliment coordonnée. Un monde habité de magiciens, de pantins, autour d’Holubichka, au coeur de l’histoire. La ville, ses immeubles, ses lumières de jour comme de nuit, ses grands magasins attirent une foule ensorcelée, appâtée. On s’attarde sur deux magiciens qui présentent aux passants deux pantins animés. Le timide Petrouchka amoureux de la poupée, une mignonette qui lui préfère un dandy bouffon. Petrouchka souffre de n’être qu’un simple pantin. Mais ces marionnettes, une nouveauté qui devrait se vendre à prix d’or dans le monde entier, révèlent dans leur ballet une identité propre, un cœur, une vie, un amour. Leur danse hypnotise les foules. Les gestes saccadés et mécaniques laissent place à la danse, comme une force vitale, une âme qui les soulève et les transporte.  Cela parait si facile et contrôlé :  précision, adresse, maîtrise des acrobaties, des enchaînements de sauts, des portées, la vitesse d’exécution des mouvements, tout est fluide et limpide dans « Petrouchkaou le choix d’Holubichka »et ces prouesses techniques et esthétiques n’occultent en rien les émotions et l’esprit recherchés par la chorégraphe.

Compagnie (1) Promptu
Photos: @ Anaïs-Baseilhac

 « Comment trouver sa place dans un monde où tout semble artificiel et dénué de sens ? » interroge la chorégraphe. « Dans un monde où la surconsommation règne en maître, consommer de manière raisonnée deviendrait-il un acte révolutionnaire ? » La prise de conscience se fait en famille : adultes, ados, enfants, Émilie s’adresse à tous.  « Chacun peut se construire sa propre histoire dans un fil dramatique commun .» Ce spectacle donne matière à réflexion autant qu’il divertit.

Emilie entre au Ballet Preljocaj en 2008, y interprète les rôles majeurs du répertoire d’Angelin Preljocaj et participe à une dizaine de créations. On se souvient d’ Émilie Lalande et Jean-Charles Jousni, une Juliette et un Roméo inoubliables dans l’adaptation très contemporaine du célèbre ballet de Preljocaj. En parallèle, Émilie crée ses propres pièces et monte sa compagnie en 2015.

Pour en savoir plus, bio, dates de tournées

Illustration de l’entête: photo Anais Baseilhac

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