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Les miscellanées et pitreries de Jason Chicanier

par Émile Cougut

Il est des mots qui, comment dire, ne font pas partie du vocabulaire quotidien, sont plus rares, voire désuets. Je ne vais pas me lancer dans la problématique de la perte de vocabulaire, dans la création de nouveaux mots, dans la disparition de certains, voire de l’évolution d’autres. Miscellanées, en fait partie : voilà un mot qui est toujours au féminin pluriel et qui désigne un recueil « varié de textes littéraires ou scientifiques ». Pour autant, il fut au singulier, au masculin, et a désigné plus globalement un mélange divers et non moins varié, comme on peut lire dans Les mémoires d’Outre-Tombe de Chateaubriand : « Une miscellanées de légumes », aucun rapport avec un quelconque écrit. Un mot au demeurant banal en anglais. Jason Chicandier l’auteur de ces Miscellanées va encore plus loin, puisqu’il ajoute des anecdotes personnelles ou non. Il aborde les univers de la littérature, bien évidemment, mais aussi la cuisine (normal quand son parrain n’est autre que Paul Gagnaire !), le cinématographe, le show business, le sport et j’en passe…

Jason Chicandier donc a réussi sa reconversion du droit des entreprises à la comédie, et ce, essentiellement, grâce (du moins au début de sa nouvelle carrière) aux réseaux sociaux. Un homme de son époque. Maintenant, nous le voyons sur scène, au cinéma et même chroniqueur à la télévision, tout en continuant d’animer des émissions dans les réseaux sociaux. Il n’aspire pas au repos, loin de là!

Au fil de sa vie, de ses vies devais-je dire, autant privées que professionnelles, il a amassé une grande quantité d’anecdotes, de faits divers, de réflexions. Une partie d’entre elles sont présentées dans ces miscellanées déclinées avec humour. Un humour qui est celui de son public, un public biberonné, un public qui a grandi avec les réseaux sociaux et qui ont leurs codes, leurs langages, leurs façons de présenter les choses, etc. 

Il faut bien l’avouer, il faut apprécier le langage, comment dire, cru, voire quelque peu vulgaire (on ne compte pas le nombre de fois où le mot «con» est écrit sous toutes les formes possibles et imaginables). Oui, oui, je sais, on va me répondre qu’il faut que tout le monde comprenne, il faut parler, écrire comme les jeunes, comme le peuple (en confondant allègrement les deux, mais c’est un autre débat). Je ne suis pas certain que ce soit par ce moyen que l’on arrivera à augmenter le savoir, le vocabulaire du susdit peuple, des susdits jeunes. Mais surtout, cela montre, à mon avis qui n’engage que moi, de la part des auteurs un vrai dédain, une condescendance pour leur public. Le vrai artiste, le vrai comique a une démarche inverse, il respecte, il grandit son public : il n’y a rien de vulgaire dans Le Dictateur de Charlie Chaplin, dans toute l’œuvre d’un Desproges ou d’un Devos. Et pourtant ils plaisent encore au peuple et aux jeunes alors qu’ils ne sont jamais tombés dans une quelconque facilité. Est-ce un problème de travail ? A titre très personnel, je trouve que ce qui pourrait être drôle ne l’est pas dès que je sens que l’auteur s’abaisse en ne faisant que singer ce qu’il croit être pour faire peuple. Toute cette (trop) longue digression pour dire qu’en ce qui me concerne je suis assez hermétique à ce genre d’humour. Il existe, il plait à beaucoup, je ne juge ni les auteurs, ni le public, mais il ne me touche pas. C’est un fait, sûrement dû à ma culture, à mes goûts et j’ai conscience que ce qui me plait ne plait pas à tout le monde.

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En revanche, le public nombreux qui aime, apprécie cet humour en général et Jason Chicandier en particulier va, j’en suis certain, passer un excellent moment de plaisir, de rigolade, une très bonne piqûre d’humour et d’optimisme, de la même force que celle que je prends à la lecture des Chroniques de la haine ordinaire

J’ai adoré, et vraiment énormément apprécié la préface de Lorànt Deutsch dans laquelle il explique pourquoi il refuse de faire une préface à ces miscellanées, et sa postface où il revient sur sa position et désire faire une préface. C’est brillant, pétillant de malices..                 

Les miscellanées de Chicandier
Jason Chicandier

éditions Flammarion. 19€

Illustration de l’entête: Jason Chicanier : Photo Alban Gernigon/ Le Courrier de Saône et Loire

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