Jean-Luc Bizien est un auteur assez prolifique. Il s’est essayé à bien des domaines dont le roman policier historique. Les amateurs de la collection « Grands détectives » des éditions 10 /18 se souviennent de sa trilogie dont le héros est l’aliéniste Simon Bloomberg. Les éditions de l’Archipel viennent d’éditer le premier opus de celle-ci : La chambre mortuaire. Alors, pour les lecteurs qui ne connaissent pas encore ces aventures de suspense, c’est une bonne occasion de découvrir ce mystérieux praticien.
Nous sommes en 1888 à Paris, capitale de l’insouciance qui se remet du désastre de la guerre contre la Prusse et qui se noie dans un tourbillon de plaisirs. C’est l’époque des ravages de l’absinthe, du développement du spiritisme, une belle carte postale qui contient un envers nettement moins beau et une recherche de nouvelles spiritualités tant le catholicisme officiel est remis en cause et ne répond plus aux aspirations d’une partie de la population.
C’est aussi l’époque où le traitement des maladies mentales connait une évolution. Charcot est passé par là, mais se sont surtout les théories d’un médecin autrichien qui commencent à apparaitre. Simon Bloomberg en est un adepte et il essaie des traitements liés à la parole à la Salpêtrière, malgré le scepticisme de bien de ses collègues. Il vit dans une étrange maison en forme de pyramide, construite par Elzbieta, son épouse, archéologue mais qui a disparu le laissant quelque peu désemparé.
Une série de crimes, de faits divers secouent la capitale. L’inspecteur Desnoyers, avec son adjoint Mesnard, mène l’enquête et trouve un parfait suspect en Bloomberg à la réputation plus que sulfureuse. Doit-il l’arrêter malgré le manque de preuves ou doit-il collaborer avec lui ? Mais que penser de Sarah, ancienne patiente, nouvelle gouvernante de l’aliéniste, amoureuse de ce dernier et adepte des théories de ce docteur Freud ? Où est passé son épouse que l’on soupçonne d’avoir organisé des réunions d’une sorte de secte à la recherche de l’immortalité à partir des textes de l’Egypte antique ? Il vous faudra lire les 392 pages haletantes de ce livre pour que la vérité finisse par triompher.
Les descriptions du Paris en cette fin de siècle transportent le lecteur dans un univers perdu, plein d’insouciance mais aussi de souffrances et d’interrogations, la fin d’un monde (qui n’en a pas conscience) et les prémices de ce qu’il va devenir.
Jean-Luc Bizien a bâti son ouvrage comme les feuilletons des journaux de son époque : des chapitres courts qui se finissent par un fait, une interrogation laissant le lecteur sur sa faim et qui donc le pousse à lire le chapitre suivant pour avoir la réponse, et ce jusqu’à la fin du récit. Procédé addictif, mais ô combien plaisant car le lecteur, c’est sûr, devra attendre avec une fébrilité retenue que la suite de ce livre captivant puisse arriver bientôt sur les étals de sa librairie.
La chambre mortuaire
Jean Luc Bizien
éditions de l’Archipel. 21€
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