Pute et soumise, un titre cinglant, un témoignage touchant d’Églantine Dupuis, touchant par son contenu, touchant par une certaine naïveté du style. C’est une sorte de journal intime, une suite de faits, de réflexions, peu de jugements, sauf aux moments de révolte, quelques essais pour essayer de comprendre comment l’autrice a fini par se trouver dans une telle situation qui l’a détruite.
Pas d’analyses savantes, on est loin du travail d’une sociologue ou d’une historienne, non, simplement une tranche de vie telle qu’elle a été vécue le plus intimement possible. C’est d’ailleurs à partir de ce genre de témoignages que les sociologues, que les historiens bâtissent leurs réflexions, leurs théories, et les lecteurs ne perçoivent souvent que le résultat : les réflexions, les théories, oubliant que derrière se trouvent des inconnus, des hommes et des femmes qui ont eu leurs vécus, leurs joies, leurs peines qui ont permis le travail proposé.
Ces quelques pages ne sont qu’une portion d’une vie. Une jeune fille dont les parents ont divorcé, une mauvaise élève à l’école, une mère peu aimante qui la met dehors de l’appartement le jour anniversaire de ses 18 ans la laissant dans la rue sans strictement aucune ressource. Et puis elle tombe amoureuse, rêve de richesse, d’une vie luxueuse, mais pour y arriver il faut de l’argent. L’homme de sa vie s’avère être un proxénète qui la met sur le trottoir à Rouen avec obligation de ramener au minimum 1 500 francs chaque soir, sinon elle est battue. Cet argent il l’utilise pour jouer (et perdre). Elle comprend très vite qu’il est capable de tout, jusqu’à la tuer. S’ensuit plus d’une année où elle subit la loi de l’homme qu’elle ne cesse d’aimer malgré ses mensonges, ses tromperies, ses coups.
Et un jour, le gendarme qui la contrôle s’avère être son cousin. Une main tendue, il lui est difficile de la prendre. Il lui est difficile de sortir de l’emprise dans laquelle elle s’est enfermée, d’autant qu’elle est enceinte. Mais une simple réflexion, lui ouvre les yeux, détruit le lien destructif qui la liait avec son mac. Sans tomber dans une vision dogmatique de la religion, elle trouve en elle un certain réconfort qui lui permet, bien des années plus tard, d’être une mère de famille épanouie.
Un témoignage sur l’horreur de la prostitution, mais aussi sur la résilience, sur cette force de rebond, de courage et de résistance, sur la lumière inattendue qui finit par briller même dans la caverne la plus sombre. Une vie simple, d’une grande banalité avec de mauvais choix mais aussi d’ opportunités qu’il faut savoir saisir au bon moment.
Pute et soumise
Églantine Dupuis
éditions du Panthéon. 10€90
illustration de l’entête: Serge Pouzet / SIPA
Vous souhaitez réagir à cette critique
Peut-être même nous proposer des textes et d’écrire dans WUKALI
Vous voudriez nous faire connaître votre actualité
Contact : redaction@wukali.com
Et pour nous soutenir, merci de relayer l’article auprès de vos amis sur vos réseaux sociaux😇
Notre meilleure publicité c’est VOUS !