Un bon (très bon) polar signé Philippe Huet. Volaville, en Normandie. Volaville une des plages du débarquement dont on vient de fêter le cinquantenaire. Volaville et son hôtel-bar-restaurant le Dog Red qui accueille non seulement les touristes dans ses bungalows, mais surtout les « anciens » pour la belotte, les vétérans de la résistance, de la vraie et de la vingt-quatrième heure dont Alfred Fournier le propriétaire, mais c’est sa bru, Madeleine qui fait tourner l’établissement, son mari Raymond préférant travailler à l’usine pour avoir un revenu régulier. Et puis il y a Gilda, leur nièce qu’ils ont adoptée à la mort de ses parents qui l’aide, quand elle ne sort pas voir ses copains, c’est normal quand on a 17ans. Enfin, la sortie avec les copains est un prétexte car, de fait, elle rejoint le bel Anthony, une sorte de marginal, de routier, de cheminot aurions-nous dit, qui est de passage dans le village pour un temps plus qu’indéterminé, enfin au moins jusqu’à ce que son travail de veilleur de nuit sur un chantier ne finisse.
Mais, il y a aussi un Allemand qui réside au Dog Red, poli mais taiseux, il dit être à la recherche du lieu où son grand-père est mort, mais tout dans son attitude montre que c’est pour toute autre chose qu’il passe son temps à arpenter la campagne, en tout cas c’est ce que pensent les vieux du village. Et qui est vraiment Alfred Grangier, un passionné du débarquement qui vit en ermite dans un blockhaus.
Et un jour oui, Grangier est tué d’une balle tirée par un vénérable Garant, le fusil dont étaient équipés les GI. Rien ne permet de comprendre les causes de ce meurtre, ce qui ne va pas sans poser bien des soucis pour l’adjudant Goliath obligé à casser sa routine. Pourtant, cela ne s’arrête pas là et le mystère s’épaissit quand le jovial facteur de la commune est lui aussi assassiné par la même arme.
De fait, il faut remonter aux jours du débarquement pour comprendre ce qui se passe et ne pas se fier aux apparences comme Goliath quand l’assassin se suicide. Car de fait, les règlements de compte perdurent, mais pas de façon aussi visible.
Voici un bon policier que les éditions Payot-rivages viennent de rééditer, comme par hasard juste avant le 80 ième anniversaire du Débarquement. Nous sommes loin de l’enfer vécu par les belligérants mais plutôt dans les mesquineries, les lâchetés, les horreurs commises par certains « résistants ». Bunker se lie d’une traite, et avec Philippe Huet nous ne sommes pas loin des romans policiers de Frédéric Dard, avec la psychologie des principaux protagonistes parfaitement développée, des rebondissements et une fin pas obligatoirement d’une grande moralité.
Bunker
Philippe Huet
éditions Rivages/Noir. 9€70
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illustration de l’entête: photo PixaBay