Jadis, c’est à dire il y a quelques siècles, et quand on était Anglais, Français ou Allemand, le voyage en Italie, à Rome était la marque indispensable de l’homme cultivé, mieux encore la signature de l’humanisme. Accélération du temps et extension de l’espace, puisque Rome n’est plus dans Rome, le monde nous appartient… ou tout du moins l’illusion que nous nous en faisons!
Les Japonais se font photographier devant la Tour Eiffel mais après leur emplettes chez Vuitton, les Chinois débarquent à Venise, les Américains découvrent les vins de Bourgogne et les Anglais s’installent dans le Périgord, quant aux Français pas en reste, ils traversent l’Atlantique pour découvrir Philadelphie ou arpenter NewYork avant de céder aux plages de Californie ou aux espaces sauvages et naturels du Montana. Choix, vous l’admettrez bien volontiers, purement subjectifs mais qu’importe !
Et l’art dans tout cela
«Je ne veux pas mourir idiot » est une formule bien française et quelque peu goguenarde et qui correspond à notre idée du voyage et de la connaissance du monde. En d’autres termes, combiner les plaisirs hédonistes, notamment ceux du bien manger et du bien boire (indispensables pour tout Français qui se respecte et c’est très bien ainsi) avec ceux de la connaissance intellectuelle, sensible et artistique. Résumons le propos: Bacchus et Orphée. C’est alors à cette condition que les architectures anciennes religieuses ou profanes, les villes, châteaux, musées, fondations et autres collections, les oeuvres d’art en somme, deviennent tour à tour notre bibliothèque mondialisée de références, la marque étincelante de notre appartenance à l’humanité, et notre loisir inépuisable.
Si nous connaissons bien en France les Arts Premiers, élégant néologisme porté par le musée du Quai Branly à Paris, nous découvrons tout à la fois médusés et enthousiastes ce siècle premier de l’information et de la communication qui est le nôtre, il appartient au demeurant de bien distinguer l’un de l’autre. La planète Internet est par définition un monde connecté, soit cette fameuse toile d’araignée (« net» en anglais qui signifie: filet) qui se déploie telle une tunique de Nessus partout sur terre. L’information est devenue l’électron du monde et nul où qu’il soit et dans quelque pays qu’il vive n’est ignorant de ce qui se passe à ses antipodes ! Cela, reconnaissons-le, tourne souvent à l’absurde et le dérisoire voire l’insignifiant, sert d’aliment cognitif à ceux qui hélas sont le plus dépourvus du savoir. C’est le monde des influenceurs, des «People» comme l’on dit (Michel Serres se retournerait dans sa tombe!), celui aussi de la désinformation mondialisée, globalisée celui des «fake news», des gourous et des démagogues de toutes espèces.
Heureusement il existe une symétrie, un homologue en quelque sorte comme l’on dirait en mathématiques, positif bien sûr, à cette représentation de l’information et c’est celle du déploiement des media dans son aspect de la connaissance fondamentale et encyclopédique.Tandis que le nombre tendanciel des librairies baisse, en même temps (expression qui fera florès) sur la toile les créations de plateformes d’information et autres sites de presse se multiplient (c’est d’ailleurs dans ce cadre même que WUKALI s’est installé).
Nul donc n’est sensé ignorer ce qui se passe à l’autre bout du monde, pour le meilleur et pour le pire cependant! Si l’on ajoute à cela l’utilisation de l’Intelligence artificielle cognitive ( acronyme IA cognitive en français et AI en anglais) avec les outils de traduction devenus en très peu d’années remarquablement performants, la curiosité humaine peut se féconder de multiples approches et notre soif de savoir peut ainsi plus facilement se rassasier.
Mais aussi il convient de signaler les colloques et les conférences librement diffusés sur YouTube (les choix amplifiés et démultipliés par les algorithmes), des visites de musées ou d’expositions, des cours académiques et universitaires, voire et ce n’est pas négligeable, des didacticiels. «Rien de ce qui est humain ne m’est étranger » disait un auteur latin (cliquer). Une richesse à disposition incroyable !
«Je sais, je sais, je sais… » (cliquer), comme dirait Gabin, expression très voltairienne de la conscience sans les illusions, «Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles!». Notre monde est tragique comme il n’a jamais guère été. Prétendre à l’optimisme est une foutaise, un slogan pour simplets ( «Heureux les pauvres d’esprit, disait Rabelais, ils iront droit au ciel comme une faucille! »
Alors l’art, la beauté et l’émotion, la littérature, la musique, l’échange, le cadeau, le présent (oui le «présent», merveilleuse amphibologie du mot) je l’offre à toi lecteur qui me lis et me comprends, où que tu sois, de la plus lointaine Chine, du fleuve Yang Tsé à la France que j’aime, à ses paysages, son histoire, sa culture, ses arts, ses armes et ses lois… !
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Illustration de l’entête: Un Bar aux Folies Bergères (1881-1882). Edouard Manet (1832-1883)
Huile sur toile, 96/130cm. Institut Courtauld. Londres