Accueil Livres, Arts, ScènesLivres Nous sommes immortelles, un livre foisonnant de Pierre Darkanian, au coeur de l’histoire du féminisme, des déviantes, des sorcières

Nous sommes immortelles, un livre foisonnant de Pierre Darkanian, au coeur de l’histoire du féminisme, des déviantes, des sorcières

par Émile Cougut

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce roman de Pierre Darkanian, Nous sommes immortelles, publié aux éditions Anne Carrière est d’une richesse thématique considérable traitant du féminisme et de ses courants les plus radicaux à travers les âges.

Qui est exactement Jeanne ? Qui est exactement Janis, sa fille ? Qui sont donc ces personnages assez « atypiques », pour ne pas dire « bizarres », qu’elles côtoient ? Que signifie ce rêve récurent qui hante Janis, avec celle qu’elle dénomme la « vieille sorcière » ? Cette dernière n’est elle qu’un personnage d’un rêve ou une personne réelle ?  Qu’est devenue Jeanne qui a disparu depuis des mois ? Janis part à sa recherche dans les rues, les immeubles du quartier de la Goutte d’Or (et dans l’histoire jusqu’au passage Jeanne d’Arc, quartier qui est un personnage important de ce roman. 

A travers le féminisme et ses courants les plus radicaux, à travers les sorcières aussi bien passées que présentes, à travers des distorsions temporelles, en passant par l’œuvre de Breughel dont le superbe tableau :  « Le triomphe de la mort », par la Commune de Paris, par l’Université de Vincennes au début des années 70, jusqu’à une secte féministe-lesbienne au fin fond des Etats-Unis, sans oublier ses « mères-zombies » à la recherche d’enfants qu’elles n’ont pas eus, Janis finira par comprendre qui elle est vraiment et ce dont elle est l’héritière, et la fuite perpétuelle de sa mère qui revit continuellement un passé qu’elle n’arrive pas à détruire.

Cela fait beaucoup. Trop ? Il faut avouer que parfois il est difficile de suivre le fil de ce récit : on passe allègrement du féminisme à la Goutte d’Or, avec en toile de fond les sorcières sans que l’on comprenne très bien si, dans le passé, ce n’étaient que des femmes trop libres par rapport aux canons sociaux de leurs époques, de trop ferventes croyantes. Ou alors les héritières d’un culte pluri-millénaires d’un culte à la Déesse Gaïa, voire un phénomène de mode de nos jours ? Serait-ce l’une des branches du féminismes (très) militant ?

Le lecteur ne peut que saluer le travail de Pierre Darkanian, il suffit de lire la biographie (non exhaustive) qui conclut ce livre, nous ne pouvons être qu’impressionnés. Mais justement, avec toute cette matière n’y aurait-il pas mieux fallu que l’auteur écrivît non un, mais deux, voire trois romans, ce qui aurait évité bien des lourdeurs qui, hélas, perturbent quelque peu la lecture. Les thèmes abordés sont très intéressants, même la magie qui se dégage du quartier de la Goutte d’Or. Chacun d’entre eux pourrait faire l’objet d’un roman, tout au moins d’être (comment dire), le thème principal d’un roman sans en exclure les autres. Dans « Nous sommes immortelles », il n’y en a pas un « dominant » ce qui, à mon avis, ne permet pas de percevoir la complexité, la profondeur de chacun. 

Olécio partenaire de Wukali

Nous sommes immortelles
Pierre Darkanian 

éditions Anne Carrière. 22€90
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