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L’appelé de Guillaume Viry, la signature d’un grand écrivain

par Émile Cougut

Comment qualifier ce roman – envoutant – oui, je crois que c’est le terme que j’emploierais si on me demandait de critiquer ce court roman de Guillaume Viry. Oh, pas envoutant à cause de l’histoire – un homme (Julien) se plonge dans l’histoire de son oncle (Jean), décédé et dont une allusion de son père (Joseph) vient de lui apprendre l’existence, et relative aux traumatismes subits par un appelé du contingent envoyé en Algérie en plein maintien de l’ordre (doux euphémisme pour désigner une guerre). Entre les tourments de Jean, les tâtonnements de Julien et le voile d’oubli dans lequel essaie de se draper Julien, comment dire, c’est une histoire que nous avons lue, tout comme la question de savoir si nous avons hérité des traumatismes de nos ascendants et autres collatéraux. Après, c’est le talent de l’auteur qui fait que ce que nous lisons résonne en nous, si le fond nous parait « réaliste », enfin si cette histoire nous plonge dans les tréfonds de l’âme humaine.

C’est le cas pour L’appelé, c’est certain, mais ce n’est pas que ça, loin de là. Non, nous avons affaire ici à un écrivain, pas à une personne qui prend sa plume et noircit des feuilles et des feuilles de papier du résultat de son imagination. Là, nous sommes surpris, étonnés par le style de Guillaume Viry, en quelque sorte par sa signature, sa marque, nous sommes aux antipodes des résultats d’un atelier d’écriture et du style stéréotypé qui en sort. 

Une sorte d’exercice de style, c’est certain. L’absence de toute idée de ponctuation n’est pas sans faire penser à James Joyce, bien sûr, mais la structure de ce court roman fait penser à un poème en prose. Je ne sais pas pourquoi mais en plus de Joyce, j’ai pensé à Lautréamont, avec la démesure en moins, mais avec une certaine noirceur bien présente. Oui, un poème en prose, avec ses répétitions qui viennent scander le rythme comme des sortes de refrain, tout comme le J qui est la première lettre du prénom des trois protagonistes, cette lettre J qui est une sorte de lien qui les unit à tout jamais, qui fait que le destin de chacun est dépendant de celui des autres personnages.

C’est court, c’est brillant, c’est l’œuvre d’un écrivain. Maintenant, il ne reste plus qu’à Guillaume Viry de confirmer ce statut qu’il a acquis avec son premier roman. 

Olécio partenaire de Wukali

L’appelé
Guillaume Viry

éditions du Canoë. 16€.
Disponible en librairie 6/09/2024

Illustration de l’entête: photo DR

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