Accueil Livres, Arts, ScènesLivres La salle d’attente… Gauguin, Carrière et Rodin discutent entre eux

La salle d’attente… Gauguin, Carrière et Rodin discutent entre eux

par Émile Cougut

 

Une salle d’attente dans une gare. S’y trouvent réunis Paul Gauguin rejoint par Eugène Carrière puis par Auguste Rodin. Ils sont morts et se trouvent dans une sorte d’entre d’eux. Un messager leur explique qu’il y a un ticket pour aller au paradis, un autre pour le purgatoire et enfin un autre pour l’enfer et que c’est à eux de choisir la destination de chacun. Pour les aider dans cette épreuve, ils doivent répondre à deux questions : « Jusqu’où étiez-vous prêts à aller pour posséder pleinement votre art ? », « Qu’avez-vous sacrifié pour atteindre la célébrité ? ». De plus chacun sera confronté à un témoin qui aura marqué sa vie terrestre.

Gauguin voit apparaitre sa fille Aline décédée d’une pneumonie alors qu’il avait abandonné sa famille pour partir à Tahiti (et vivre avec des jeunes filles bien plus jeunes qu’Aline). C’est Léon, son fils mort en bas âge du croup qui apparait à Carrière, ce fils mort avant tout par manque de soins quand le peintre avait à peine de quoi survivre.

C’est bien entendu Camille Claudel qui vient reprocher à Rodin tout le mal qu’il lui a fait, sa destruction psychologique, le pillage de son génie. C’est l’occasion pour l’autrice de cette pièce de théâtre, Maryse Rivière, de se poser des questions sur la création, sur le rôle de l’artiste dans la société et surtout si l’on peut différencier l’œuvre de la personnalité de l’artiste. Nul homme n’est parfait, certains sont même des sortes de monstres dans la vie privée que ce soit au nom de sa quête artistique qui ne doit connaître aucune limite (et donc est une excuse pour vivre toutes ses pulsions, tous ses vices) comme Gauguin, ou un être totalement égocentré, mégalomane, narcissique, ambitieux, despotique, ingrat comme Rodin. Seul Carrière montre une certaine humanité bien que prêt à sacrifier son entourage mais dont le souvenir de ses turpitudes a influencé son œuvre.

Olécio partenaire de Wukali

Mais tous les trois ont vécu, créé grâce à leur « obsession » de la recherche du beau et ce avec une totale sincérité. Alors, quelle attitude doit avoir une personne actuelle face à leur œuvre ? Suivant certain, le fait que leur vie privée ne fut pas parfaite déni par principe la moindre qualité à leurs œuvres (comme pour les « wokistes »), pour la majorité, ce qui importe c’est le message, la sincérité qui transpire de l’œuvre finale : l’homme passe, l’œuvre reste. Sous certains aspects (en outre l’attente dans ce lieu de passage), cette pièce n’est pas sans faire penser à l’Hôtel des deux mondes d’Éric-Emmanuel Schmitt, voire à Conversation après un enterrement de Yasmina Reza, deux pièces qui marquent encore le théâtre contemporain.

Maryse Rivière signe avec La salle d’attente, sa première pièce de théâtre. C’est loin d’être une ébauche mais un vrai « produit fini » qui est prometteur quant à l’avenir de cette autrice dans l’univers du théâtre.

La salle d’attente 
Maryse Rivière
 
éditions de L’Harmattan. 12€

Vous souhaitez réagir à cette critique
Peut-être même nous proposer des textes pour publication dans
WUKALI 
Vous voudriez nous faire connaître votre actualité :

Contact : redaction@wukali.com 

Pour nous soutenir, rien de mieux que de relayer l’article auprès de vos amis sur vos réseaux sociaux😇
Car notre meilleure publicité c’est VOUS !

                  

Ces articles peuvent aussi vous intéresser