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Sbires, une super histoire de super-héros qui va vous réconcilier avec le genre

par Émile Cougut

Voilà un roman, Sbires, plus exactement une fiction, jubilatoire, d’une auteure canadienne Natalie Zina Walschots. Les Etats-Unis d’Amérique , dans les « comics » puis maintenant au cinéma à travers la licence Marvell, ont créé les « super-héros », ces êtres doués de « super-pouvoirs » et qui sont des redresseurs de torts. En face d’eux des « super méchants » dotés aussi de pouvoirs extraordinaires : le manichéisme le plus total, l’éternel combat entre le bien et le mal, avec toujours à la fin, le triomphe du bien. Je ne vais pas partir dans une étude (il y en a d’excellentes) sur les sous-entendus mythologiques, religieux et autres de ces histoires.

Indéniablement, Natalie Zina Walschots ne supporte plus ces histoires abêtissantes et vient de commettre un petit bijou d’humour qui renverse tous les poncifs qui leur sont attachés.

Rappelons que son auteure est une écrivaine et conceptrice de jeux. Elle a écrit des scénarios de jeux de rôle grandeur nature et publié des critiques de romans, des interviews de musiciens de la scène métal, des articles féministes et de la poésie. Son premier roman Sbires a été finaliste 2021 de Canada Reads et nominé pour un prix Locus du meilleur premier roman. Elle vit aujourd’hui à Toronto.

Mais vite, arrivons en au roman ! Anna Tromediov est une analyste intérimaire qui a du mal à survivre. Un de ses contrats l’aime à travailler avec l’Anguille Electrique (les super méchants ont eu aussi des noms quelque peu expressifs comme Déni ou Capuche écarlate). A l’occasion d’une tentative de remise de rançon, elle est blessée (fémur cassé) par Supercollisionneur, le plus fort des super-héros. Son contrat est rompu par son « employeur » alors qu’elle est immobilisée pour au moins six mois. Heureusement que son amie, sa complice June l’héberge.

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Pour s’occuper, elle commence à faire une étude sur les « dégâts collatéraux » causés par les interventions des super héros. Et c’est gigantesque, abyssal, la fin justifie-t-elle les moyens ? Anna crée un blog dans les réseaux sociaux qui a vite un franc succès. Son travail est remarqué par un des plus puissants super-méchants : Léviathan. Elle est engagée par lui et a une idée qui va être mise en application : dénigrer l’image des super-héros, retourner l’opinion public contre eux, les marginaliser. Comme il est quasi impossible de les combattre en « face-à-face » (les bons, par principe, gagnent), il faut les empêcher d’agir. Le premier à tomber dans le piège est Souffleur de verre). C’est un grand succès, ce dernier est totalement rejeté par ses congénères.

S’ensuit une série de « combats » entre les « supers méchants » et les « super héros » orchestrés par Anna aidée par son équipe et surtout sous le regard bienveillant de Léviathan. Mais qui est donc véritablement ce super méchant  ? Pourquoi est-il devenu comme ça ? Pourquoi cette haine irrationnelle vis-à-vis de Supercollisionneur ? Et puis, les idoles de la population, ces « super héros » qu’elles sont leurs zones d’ombres ? Que cachent-ils ? Sont-ils des vrais modèles ou des hypocrites qui disent agir pour le Bien commun alors qu’ils ne font que cacher un passé fort peu glorieux et/ou une vie privée que ne désavoueraient pas les « super méchants » ? Le manichéisme est remis en cause : que l’on soit un simple humain ou doté de super pouvoir, tous les acteurs de la vie, de la société, sont nettement plus complexes que ce que montrent les apparences, que les cases dans lesquelles nous nous plaçons (où dans lesquelles les autres nous placent). Les méchants montrent souvent plus d’empathie que les gentils ! 

En quelque sorte, sans pousser beaucoup le raisonnement,  les « super héros » sont des sortes de Dieux grecs, et le moins que l’on puisse dire, c’est que la mythologie ne les décrit pas comme des êtres parfaits, mais plutôt comme pleins de défauts. Les méchants, eux sont des humains qui assument leurs défauts, leurs actions. Et ces humains ne veulent qu’une chose : se défaire des diktats, du chemin imposé (et des « punitions » contre toutes « déviances ») imposé par les super héros. Et oui, la « perfection » imposée aux autres est une sorte de tyrannie et sert avant tout à cacher les zones d’ombre, les turpitudes de ceux qui se donnent le droit de l’imposer. Au niveau politique, c’est évident que l’on songe aux dictatures communistes ou nazis. Selon quoi, la fiction (et n’oublions pas qu’à la base, il s’agit de « comics » américains destinés à la jeunesse) est (très) souvent politique.

Lisez Sbires, lutter contre le manichéisme, vous finirez plus tolérant, moins aveuglé par les actions de vos idoles, vous développerez votre libre arbitre, en quelque sorte vous deviendrez plus « humain » comme les « super héros » et les « super méchants » si bien décrits par Natalie Zina Walschots

Sbires 
Natalie Zina Walschots

éditions Au Diable Vauvert. 24€50

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