Mille et une roses sauvages est un roman de l’autrice pakistanaise Feryal Ali-Gauha publié par les éditions Paulsen dans la collection Grande Ourse et réunissant des romans alliant la nature sauvage et l’aventure humaine. La nature avec sa beauté, sa force mais aussi sa dangerosité sert de toile de fond aux vicissitudes de la vie d’hommes et de femmes qui se trouvent en contact direct avec elle. La nature comme « accoucheuse » de destins, la nature comme « catalyseur », la nature comme « guide » d’une ou des histoires humaines. Nous sommes loin des bruits, du stress, de la rapidité, des pollutions de toutes sortes des grandes villes, mais plutôt dans le majestueux, l’intemporel.
Nous sommes à Saudukh Das dans un petit hameau isolé dans les montagnes du Karakoram. Ici règne la tradition la plus stricte : une société hiérarchisée, profondément patriarcale, et qui ne connait que la tradition et regarde avec plus que réticence la modernité. L’univers du chef du village, Moussa Madad va s’écrouler. Le même jouren effet, l’on ramène chez lui un inconnu dans le coma, ce même jour il trouve dans les affaires de sa fille Sabiha un poème d’amour écrit par … La jeune fille refuse de le dire aussi est-elle enfermée dans une remise. Ses perdrix apprivoisées meurent, et une avalanche coupe le village du reste du pays. Si Saudukh Das est préservé il n’en est pas de même de bien des villages voisins. Cette avalanche qui touche aussi le Siachen, un glacier où se trouve une frontière fort mal dessinée entre le Pakistan et l’Inde et qui voit régulièrement des combats mortels. Ibrahim, le mari de Zarina l’infirmière du village est l’un des deux soldats emportés par cette avalanche et il ne doit sa survie que grâce à une louve qu’il avait réussi plus ou moins à domestiquer. Et puis il y a Lasnik, le simple d’esprit du village qui ne parle que de catastrophes.
Soit, ils sont tous bons musulmans, mais même l’Imam croit plus ou moins à des êtres invisibles, surnaturels, aux forces de la nature qu’il vaut mieux ne pas contrarier. Un mélange de paganisme, de surnaturel mâtiné de religieux. D’ailleurs Lasnik ne doit-il pas être concidéré comme celui qui fait le lien entre eux et ce monde « surnaturel » ?
Ces divinités, ces esprits de la nature sont là et commentent avec une certaine indifférence, en se racontant des vieux mythes, les désastres qui déchirent, qui tuent les hommes.
Les principales victimes sont bien sûr les femmes qui souffrent dans leurs chairs et qui sont traitées comme des sous humains, bonnes qu’à servir leurs seigneurs et maîtres et surtout et avant tout, de leur donner des garçons. Malheur à celle qui ne fait que des filles ! C’est une révolte contre son mari qui doit être punie sous les coups. D’ailleurs dés qu’il se sent remis en cause dans son autorité, il n’y a que les coups, que la violence qui lui permettent de retrouver son autorité.
De fait cette violence des hommes, cette violence que montre régulièrement Moussa Madad montre leurs peurs, peur de la modernité, peur de voir leurs pouvoirs aussi faibles soient-ils être remis en cause. Ils sont aussi victimes de leur éducation, de leur culture : leurs ancêtres vivaient comme ça, leurs parents leur ont dit que c’était ce qu’il fallait faire, les autorités religieuses véhiculent ces dogmes (la modernité pourrait remettre en cause bien des principes qui leur sont bénéfiques), aussi n’arrivent-ils pas à surmonter leurs croyances qu’ils croient être des vérités. Mais n’en est-il pas de même partout, même bien loin des montagnes du Pakistan dans nos sociétés occidentales actuelles ?
La montagne est belle, la montagne est rude. Les habitants qui les peuplent sont rudes mais peuvent être beaux et grands.
Mais toujours, la montagne, la nature (et les esprits de la nature) seront les seuls libres dans cet univers. Elles seules, en dernière instance, imposeront leur loi. Les hommes passent, vivent, aiment, souffrent et meurent, la montagne la nature, elles perdureront jusqu’à la fin des temps.
Mille et une roses sauvages
Feryal Ali-Gauhar
éditions Paulsen. 22€
Illustration de l’entête: Feryal Ali-Gauhar, ©Photo sur compte FaceBooK
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