Toujours guidés par leur désir de révéler la musique sous un angle nouveau, les musiciens du Café Zimmermann ont proposé ce premier jeudi de décembre un programme nocturne délicieux, mêlant festivité, mystère et rêve. À travers des arrangements des plus beaux airs des cantates de Bach et des opéras de Haendel ou de Charpentier. L’ensemble nous a concocté une expérience unique toujours sur instruments d’époque, convient-il de préciser
Café Zimmermann, basé en France et en résidence à Aix-en-Provence depuis 12 ans, tire son nom d’un célèbre café de Leipzig, ville de Johann Sebastian Bach et haut lieu de la vie musicale au XVIIIe siècle. Bach y dirigeait les concerts du Collegium Musicum, un ensemble d’étudiants et de musiciens professionnels où l’on pouvait entendre de nombreuses œuvres pour clavier et orchestre du maître de Leipzig.
L’ensemble Café Zimmermann réunit des musiciens de diverses origines. Parmi les cofondateurs, la Française originaire de Marseille, Céline Frisch, claveciniste, virtuose du clavier est la directrice artistique. Elle a étudié au Conservatoire d’Aix-en-Provence. Pablo Valetti, d’origine argentine, est également cofondateur et directeur artistique, et ensemble il forme un duo « de choc », incroyable explorateurs d’un répertoire plein de surprises. Pablo Valetti est de plus un violoniste émérite. En parfaite symbiose, ils guident les solistes de haut vol, tous attachés à faire revivre l’émulation artistique de l’époque, telle qu’elle régnait dans l’établissement de Gottfried Zimmermann.
Le concert du bonheur
MIDNIGHT MOOD nous fait faire un plongeon délicieux dans les œuvres de Johann Sebastian Bach, Wilhelm Friedemann Bach, Georg Friedrich Haendel, François Couperin et Marc-Antoine Charpentier.
Dans une ambiance mystérieuse, Midnight Mood nous emmène loin. Bien installés dans nos fauteuils, lovés au fond, on sent qu’il va se passer quelque chose de rare. Le Théâtre du Jeu de Paume, du XVIIe siècle, l’un des lieux les plus emblématiques d’Aix, crée déjà l’ambiance. Son charme historique et son acoustique exceptionnelle offrent un cadre parfait pour accueillir Café Zimmermann. Un moment d’intimité, un moment sacré, pour ce spectacle musical envoûtant qui nous suspend entre veille et sommeil. On rêve, on s’abandonne, la nuit nous appelle en ce début de soirée.
Bach, Suite pour violoncelle BWV 1007 et son Prélude emblématique, donne le ton. Il reflète la maîtrise technique et l’intensité émotionnelle de Bach, établissant un lien profond entre l’instrument soliste, à la fois austère et séduisant, et l’Esprit. D’ailleurs, ces 1h30 de bonheur sont entièrement placées sous le signe de liens qui se nouent, d’une connexion profonde entre les musiciens et les morceaux joués. À telle enseigne, l’ensemble Café Zimmermann relie chaque pièce, sans la moindre pause ; tout s’enchaîne harmonieusement d’une partition à l’autre, dans une fluidité empreinte de bonheur.
Bonheur certes, mais la musique se fait parfois aussi très solennelle et grave, comme dans Widerstehe doch der Sünde, BWV 54 (Résiste donc au péché), une musique intensément expressive qui donne également du… bonheur.
On est séduits par ces jeux contrastés, à l’image des multiples facettes de la nuit, ces lumières, « au sens propre comme au sens figuré », car sur scène, ces jeux de lumières expriment également le climat lumineux ou sombre. Café Zimmermann explore ses différentes ambiances à travers des pièces liées par de délicates improvisations.
Le climat de l’Adagio e Fuga F.65 de Wilhelm Friedemann Bach invite à une introspection profonde, puis, avec la Sonate pour flûte et clavecin BWV 1034, on assiste à un dialogue subtil entre le traverso de Karel Valter et le clavecin de Céline Frisch, se mettant mutuellement en valeur. On est sensible à cette flûte « historique », emblématique de Bach dans de nombreuses compositions, où elle ajoute une touche aérienne et expressive.
Comment ne pas parler encore du violon de Pablo Valetti, d’une expressivité rare. Il joue un violon de Giovanni Battista Guadagnini de 1758, une merveille. De la viole de gambe d’Etienne Mangot, d’une couleur unique ; du théorbe de Francesco Zoccali, superbe instrument de la famille des luths, que le musicien maîtrise divinement bien ; de la contrebasse de Davide Nava, un atout majeur pour cette formation baroque, le musicien naviguant avec aisance dans tous les registres ; du violoncelle de Balazs Maté qui sait allier puissance et délicatesse ; de l’alto de Nuria Pujolras, à la sonorité chaude et veloutée, et enfin du violon de Mauro Lopes Ferreira, au jeu remarquable d’une grande précision.
On a tout aimé dans ce concert aux changements de climats parfois déconcertants. La Leçon de ténèbres de Couperin (Introduction pour la troisième leçon) est très éloignée du célèbre Aus Liebe de la Passion selon Saint Matthieu de Bach, plus dramatique, plus théâtral et davantage orienté vers la souffrance. Le premier, Couperin, explore une souffrance intérieure et fragile. Que d’élégance encore dans la Variation IX des Goldberg de Bach et dans Joshua de Haendel, For all these mercies we will sing, même si ces deux œuvres le sont de manière très différente.
On savoure encore l’écoute du Médée, Dieu du Cocytte de Charpentier et Ariodante, Dopo notte de Haendel, où les musiciens deviennent autant de personnages qui livrent leurs tourments intérieurs. Que de mélodies poignantes pour traduire leurs émotions ! Les bis étaient vivement attendus, on n’avait vraiment pas envie que la soirée se termine. L’aria de la suite en ré de Bach, tout en équilibre, clarté, douceur, un des clous de cette soirée, et enfin Dopo Notte, de nouveau, encore une belle façon de clore le concert en beauté. Café Zimmermann, en résidence à Aix pour notre plus grand bonheur, et nous l’espérons, pour longtemps encore !
Des dates à retenir avec l’Ensemble
Samedi 8 février à 16h
Samedi 22 mars à 16h
Samedi 10 mai à 16h
Et Grande Première : parlons musique, A l’heure du thé, le plateau du Théâtre du Jeu de Paume sera transformé en un véritable café Lipsien, avec gâteaux et biscuits roulés, chocolat viennois, café, chantilly… Un moment de partage musical et gourmand, à travers trois conférences débat.
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