Ne serait-ce point maintenant à cet instant pivot de l’année, le meilleur moment pour faire des cadeaux … pour se faire un cadeau aussi, un livre par exemple ?
Une librairie, la grotte d’Ali Baba des trésors par excellence, un labyrinthe dont on ne sait d’ailleurs comment en sortir, et quels trésors, d’autant plus que l’on se sait jamais quel livre choisir, ainsi vous le savez autant que moi on rentre pour un titre et l’on sort avec un autre, et quand il s’agit d’un beau-livre alors là on a le tournis ! Aimera-t-il, sera t-il à son goût, ne l’a t-elle déjà dans sa bibliothèque, ai-je fait le bon choix ?
Voulez-vous que je vous donne un conseil, oui je sais vous connaissez peut-être ce vieux proverbe napolitain, celui que m’avait enseigné en classe de cinquième une merveilleuse professeur de lettres,1 «Ne me donnez pas de conseil, je sais me tromper tout seul ! », j’adore !
Un livre, un très beau-livre pour un cadeau ? Permettez-moi de vous servir de guide. Une maison d’édition aux choix éditoriaux remarquables, les éditions Diane de Selliers. Chaque livre, chaque thème (autant que chaque artiste présenté), c’est un moment de bonheur. Un bonheur tout à la fois sensuel qu’intellectuel, je m’explique.
Le dernier livre publié (un peu comme les croissants ou le pain chaud dont on sent l’odeur avant même que d’entrer dans la boulangerie) s’intitule Kaïdara, un récit de Amadou Hampâté Bâ, illustré par Omar Ba.
Il faut d’abord extraire le livre de son étui, de son coffret, il faut donc le faire glisser avec précaution. Puis arrive ce moment unique, on ouvre le livre, une odeur de papier, vous savez celle du bois dont on fait les charpentes des châteaux et des cathédrales, une odeur mêlée à celle des encres, puis aussitôt en le feuilletant le regard saisit les couleurs, l’agencement des textes, tout y est raffinement, luxe, calme et volupté… Ne voyez là aucune flagornerie, cette maison d’édition à travers ses choix éditoriaux et son travail de mise en valeur des textes est le fleuron de la librairie française.
Kaïdara est un récit, un récit rythmé, un voyage, celui de la vie, celui de l’Afrique, un récit d’hommes, de terres, de soleil et d’animaux, écrit par Amadou Hampâté Bâ, un écrivain malien né en Bandiagara (Mali) et mort le 15 mai 1991 à Abidjan (Côte d’Ivoire). Un regard doux et souvent lyrique, une odyssée pareille à de celle des héros antiques, de leurs frères grecs, mésopotamiens ou indiens. Un peu de La Fontaine aussi quand le fabuliste fait parler les bêtes. Des notes abondantes suivent le texte sur les symboles des rites et les traditions de la société Peule.
Un livre donc qui apporte du plaisir, et il ne s’agit point de le lire d’un trait, certes non, mais de prendre le temps de le déguster et d’y revenir, ou si vous préférez, un peu comme ces truffes au chocolat que j’ai faites pour mes amis et que nous prendrons en ces temps de fêtes des lumières, le temps de partager. Oui, donner du temps au temps, savourer, aimer, lire avec lenteur, notre luxe. Le regard complice emporté par les illustrations grand format de Omar Ba. Les Parisiens avaient voila quelques années pu voir une exposition qui lui était consacrée à la Fondation Louis Vuitton.
D’aucuns présentent (à juste titre) des volumes de La Pléiade bien en vue dans leurs bibliothèques, et les éditions Diane de Selliers parmi les beaux-livres, alors là oui, c’est le coeur du monde, la distinction, la beauté et le plaisir !
Kaïdara
Amadou Hampâté Bâ
Omar Bâ pour les illustrations
éditions Diane de Selliers. 230€
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- Elle s’appelait Madame Boucher, professeur de latin et de français au lycée Jean Perrin à Lyon, il y a bien longtemps, au début des années 60, (un peu après le Déluge!), ces temps rêvés par certains ( les innocents, ils ne savent pas), quand des bombes explosaient en France et tuaient, déposées par les hommes de l’OAS, les copains de Le Pen… Madame Boucher, grâce à elle, la découverte gourmande de la littérature française, des auteurs et des textes. Rabelais en premier chef et Montaigne bien évidemment. Ma passion du livre remonte à cette époque et j’en suis redevable à mes maîtres comme à tous mes copains de lycée quand nous partagions nos découvertes. ↩︎