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Abécédaire littéraire parisien tout en photographies d’Aragon à Zola

par Pierre-Alain Lévy

La photographie, le terme s’est vulgarisé, banalisé, le mot a même été amputé de sa finale essentielle, la photo comme image, comme moment figé pour mémoire, une concurrence moderne en quelque sorte à la peinture. Ses débuts même dès Nicéphore Niepce1 furent comme un clin d’oeil amical et complice avec les courants picturaux de l’époque. La première photo, la toute première qui jamais n’existât, quoique très sombre (du fait des contraintes chimiques et matérielles de l’état de l’art), était une nature morte. Ainsi la photographie est elle devenue l’une des ressources de l’historien. Voici une exposition consacrée à cet art, et c’est la galerie Roger-Viollet qui la présente ( noblesse oblige!).

Paris est un écrin somptueux et une scène merveilleuse de tournage, un studio à ciel ouvert, et les Parisiens, de la gouaille de Montmartre aux salons huppés du quartier St Germain, ont permis aux photographes de figer sur papier tout à la fois un art de vivre (que j’aime ce mot) et les visages de célébrités. Les gens de plume comme ceux du regard seront très heureux.

Marguerite Duras (1914-1996) en 1955. © Studio Lipnitzki / Roger-Viollet

Paris est une fête écrivait Hemingway, Paris scandé et répété par Charles de Gaulle un jour unique de liesse. Paris de papier, de poésie, de pages et de livres, Paris d’écrivains et Paris de romans, Paris de tendresse, d’instants uniques, d’instantanés, de visages et d’émotions, c’est toute l’exposition à laquelle nous convie jusqu’au 1er février la Galerie Roger-Viollet dans son exposition Un Abécédaire parisien, d’Aragon à Zola.

D’Aragon à Zola, cet abécédaire littéraire parcourt les quartiers de la capitale qui ont abrité le quotidien des écrivains ou nourri leur imagination. Des cafés hantés par Paul Verlaine aux halles du Ventre de Paris d’Émile Zola, sans oublier les rues sombres qui poursuivent Modiano ou l’île de la Cité avec Aurélien de Louis Aragon… autant d’invitations à des (re)lectures et à des déambulations dans leurs pas, au cœur de leurs lieux familiers.

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Équilibriste à Montmartre, Paris (18e). Vers 1930. ©Albert Harlingue / Roger-Viollet

Comme l’écrit l’académicien Antoine Compagnon en préface du livre éponyme qui accompagne l’exposition : « Traverser Paris, c’est déambuler dans la littérature: «Andromaque, je pense à vous!». Comme dans «Le cygne», le poème des Fleurs du mal de Baudelaire, tout devient allégorie. Les Français sont nés provinciaux, presque tous. Naguère, ils étaient paysans. Mais tout finit à Paris. S’ils écrivent, Paris est leur seconde petite patrie, plus celle des étrangers conquis par la «capitale du XIXesiècle», comme la nommait Walter Benjamin, c’est-à-dire la capitale de la photographie d’écrivain depuis Balzac – qui craignait que chaque cliché lui retirât une peau –, à Hugo, Baudelaire.

Diplomate du ministère des Affaires étrangères. Quai d’Orsay. Paris (7e arr.), 1953. 
© Pierre Jahan / Roger-Viollet

Chineurs chez les bouquinistes du quai Conti, voitures à cheval du Bon Marché débordant de marchandises, curieux scrutant un funambule à Montmartre, marchande de soupe aux Halles, estaminet aux buveurs d’absinthe, Parisiennes au Ritz à l’heure du thé… Eugène AtgetCharles Marville, Pierre Jahan, Janine NiepceGaston ParisHélène Roger-Viollet, pour ne citer qu’eux, ne sont pas en reste pour raconter en images le Paris des XIXet XXe siècles.

Mais il faut aussi compter sur les portraits si singuliers d’Henri Martinie et la proximité des Lipnitzki avec les artistes et les écrivains pour explorer cet abécédaire où les extraits de textes des grands auteurs font le lien entre littérature et photographie

Paul Eluard (1875-1952) vers 1930. © Henri Martinie / Roger-Viollet

La majorité des photographies est conservée à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris.(BHVP) et diffusée en exclusivité par la Galerie Roger-Viollet. Cette exposition présente 80 tirages contemporains numérotés, en édition limité

Le métro aérien, station Passy, Paris, 1980.
©Jean-Pierre Couderc / Roger-Viollet

A propos du fonds photographique et de la Galerie Roger-Viollet

Créée en 1938 par Hélène Roger-Viollet, léguée à la Ville de Paris en 1994, l’agence Roger-Viollet est une référence internationale dans le secteur de l’archive photographique. Elle est une mosaïque de témoignages historiques d’une grande variété. Ce patrimoine de 6 millions d’images retrace l’histoire de la photographie, de la production des grands ateliers photographiques du Second Empire au photojournalisme contemporain.

En 2020, à la même adresse que l’agence, un nouvel espace a été transformé en une galerie dédiée à la photographie historique. Le lieu a conservé son âme et ses 300 mètres linéaires de boîtes d’archives photographiques, de couleur verte à l’écriture manuscrite si caractéristiques, visibles de la rue à travers sa longue façade vitrée. Cette galerie unique à Paris est un passage incontournable pour les amoureux de Paris, d’histoire et de photo. Des expositions thématiques provenant des collections de l’agence sont présentées tout au long de l’année. Des tirages modernes peuvent être acquis sur place et sur le site internet de la galerie : galerie-roger-viollet.fr.

  1. Nicéphore Niepce est l’inventeur de la photographie, il est né en 1765 à Chalon sur Saône et mort en 1833. Le musée Nicéphore Niepce dans sa ville natale de Chalon, situé sur les quais de Saône, présente de nombreuses collections de photographies ainsi que le tout premier appareil.
    Sa draisienne est exposée au musée Denon où le visiteur curieux pourra aussi admirer les très beaux silex de Volgu (magdaléniens) ainsi qu’une fort belle tête de Noir du peintre Géricault.
    A noter tout particulièrement les collections d’art Gallo-Romain. Chalon, ancienne ville romaine sous le nom de Cabilonum, abritait le siège de la préfecture de la flotte qui gérait la circulation fluviale de la Saône jusqu’à la Méditerranée. Les foires de Chalon étaient comme celles de Troyes particulièrement célèbres au Moyen-âge, tout comme sa foire des sauvagines réputée jusqu’à aujourd’hui pour le négoce des fourrures. Le Carnaval de Chalon, créé au début du XXè siècle, est le second de France juste après Nice.
    ( C’est un chalonnais qui écrit ces lignes !)

Exposition Un Abécédaire parisien, d’Aragon à Zola
jusqu’au 1er février 2025.
Galerie Roger-Viollet. 6 rue de Seine. Paris. (juste derrière l’Institut de France)

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Illustration de l’entête: Bouquinistes sur le Quai Saint-Michel. Paris, vers 1914. © Albert Harlingue / Roger-Viollet

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