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Les estampes japonaises de courtisanes de la collection Georges Leskovicz à voir à Thionville

par Communiqué

Toux ceux qui s’intéressent et aiment l’art du Japon connaissent la collection de Georges Leskovicz, ainsi lui avions nous consacrée dans WUKALI maints articles telles l’exposition du musée Guimet consacrée à l’art des éventails (Cliquer), celle concernant 150 estampes ukiyo-e de sa collection et présentées à l’Hôtel de Caumont-Centre d’art d’Aix en Provence. (Cliquer) ou encore le Voyage sur la route du Kisokaidō au musée Cernuschi (Cliquer)

C’est en Lorraine et à Thionville que s’ouvre une nouvelle exposition celle ci consacrée aux estampes de courtisanes oiran 花魁, c’est à dire en traduction, Premières fleurs en japonais, du quartier de Yoshiwara, l’actuel quartier de Taitō à Tokyo. Ce quartier a été parfaitement bien décrit dans le Yoshiwara koi no michibiki plus prosaïquement : Guide de l’Amour, un véritable guide touristique, édité en 1678. L’ouvrage conservé à la Bibliothèque nationale de France, a été illustré par un autre maître Kitagawa Utamaro (喜多川 歌麿) .

Kitagawa Utamaro, Femme et son enfant
©Collection Georges Leskovicz

Jackie Helfgott, adjoint à la culture à Thionville et grand connaisseur du Japon présenta ainsi l’exposition.

« Ces estampes fixeront dès l’époque Edo l’idéal de la beauté féminine, variations infinies de corps cachés sous la magnificence d’étoffes qui laissent apercevoir ici une main, un pied finement dessiné, là une peau d’une blancheur étincelante rehaussée du noir lustré d’une chevelure artistiquement construite.

Olécio partenaire de Wukali

La courtisane de haut rang sait jouer de la musique, danser, connaît parfaitement la poésie classique. A son apogée Yoshiwara comptera jusqu’à 7 000 courtisanes, qui dictaient souvent les nouvelles tendances de la mode féminine à l’ensemble des femmes du Japon.

Mais n’est-il pas tout aussi merveilleux que la beauté se cache aussi dans les ustensiles qui, dessinés sur ces estampes, consacrent leur existence entière à servir ? 

Nous aurons ainsi l’occasion de découvrir le travail :

  • d’Eishosai Choki pour sa contribution au genre bijin ga ;
  • de Kitagawa Utamaro à l’égal d’Hiroshige et d’Hosukai , il consacre une grande partie de son œuvre à exprimer toutes les émotions ressenties par les courtisanes de Yoshiwara ;
  • de Chobunsai Eishi (fils d’un) samouraï de haut rang, son travail fût largement marqué par son passage à la cour impériale, il va explorer l’élégance de la femme aristocratique au travers de son œuvre ;
  • Utagawa Toyokuni sera plus attiré par le dessin des acteurs de Kabuki décrivant avec intensité leurs mouvements ;
  • de Tamagawa Sucho, lui va s’attacher à représenter la femme dans son univers quotidien ;
  • Hokusai et Hiroshige sont à l’origine d’une production gigantesque. Mieux connus pour leur description d’acteurs de théâtre, mais surtout de paysages, le fujisan, les étapes du nakasendô et du tokaido dont vous possédez M. Leskowicz l’intégralité des 53 relais. Ils se consacrent aussi aux belles dames et « aux images de printemps » qui seront bientôt soumises à la censure shogunale.

La production d’estampe trouve son origine en Chine par la production d’impression à caractères mobiles pour des livres illustrés. Peu à peu l’illustration seule se développe, l’art de l’estampe vient de naître. 

L’impression d’abord noire va prendre des couleurs sous l’impulsion des éditeurs, et d’ailleurs l’œuvre sera signée par l’artiste et l’éditeur. Peu à peu la technique va évoluer vers l’impression à plusieurs matrices de couleurs différentes pour devenir la norme. Plusieurs écoles vont dominer cette période: torii, aishi, utamaro etc…

Craignant un danger pour l’ordre public un haut fonctionnaire du shogunat instaure des mesures de censure, les estampes devront désormais porter la mention kiwane pour être vendues et ceci durera jusqu’à la fin de l’ère edo.

Utagawa Toyokuni, va créer une nouvelle école renforçant le point de fuite. Issu de cette école, le grand Katsushika Hokusai (葛飾 北斎) en deviendra le maître incontesté. Plus de 2 siècles et demi après son installation, le shogunat de Yoshinobu t’Okugawa cède le pas à l’ère Meiji. Le Japon se modernise, la photo, les journaux et les technologies modernes provoquent la lente mort de l’estampe. Mais par un jeu de vase communiquant c’est en occident que l’art du Japon va se développer

Le marchand d’art Samuel Bing disait en 1880 : « cet art japonais s’est à la longue mêlé au nôtre. C’est comme une goutte de sang qui se serait mêlée à notre sang et qu’aucune force au monde ne pourra éliminer. »

Vincent Van Gogh écrit à Théo son père : « tout mon travail se construit pour ainsi dire sur les Japonais. L’art japonais est en décadence dans sa patrie mais il jette de nouvelles racines chez les impressionnistes français ».

Le plus passionné d’entre eux, Claude Monet, devient le plus grand collectionneur de l’époque puis il crée à Giverny son jardin japonais.

Clin d’œil de l’Histoire, ces estampes sont actuellement très recherchées partout dans le monde par des collectionneurs japonais qui n’hésitent pas à y investir des fortunes alors que pour le peuple d’edo, elles n’étaient qu’un plaisir de l’instant, un témoignage éphémère émouvant, celui de l’ukiyoe

Makiko Furuichi

L’exposition s’enrichit de la présentation de l’oeuvre de l’artiste plasticienne Makiko Furuichi, née en 1987 à Kanazawa au Japon, artiste et peintre française que présenta lors de son vernissage, Jackie Helfgott, adjoint à la culture à Thionville, lors du vernissage de l’exposition.

«Soit un bel univers peignant tout à la fois des murs, des lieux insolites, des tissus, en gravant des cloches, vous évoquez ce monde plein d’imaginaire peuplé de fantômes et d’animaux particuliers. Vous recréez un univers hybride et onirique, riche en délicates couleurs qui, au final, nous replongent dans cet univers flottant de l’ukyio-e »

Contemplations japonaises
Collection Georges Leskowicz

Du 17 janvier au 8 mars 2025
Centre Jacques Brel à Puzzle
1 place André Malraux. Thionville

Illustration de l’entête: Utamaro. Courtisanes admirant les cerisiers en fleurs. ©collection Georges Leskovicz

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