Un roman qui se passe au Japon, mais écrit par une Française qui vit dans ce pays et qui est donc à même de mieux nous décrire la société, ses contrastes, voire les ressemblances entre elle et notre culture occidentale.

Dans ce roman au titre prometteur Adore, l’autrice Agathe Parmentier aborde deux sujets. Tout d’abord celui des hikikomoris (引き籠もり), ces personnes vivant coupées du monde et accessoirement des autres, cloîtrées dans un espace restreint, souvent leurs chambres (ici de 7 mètres carrés) durant de très longues périodes de temps et n’en sortant que pour satisfaire aux impératifs des besoins vitaux. Parfois, elles sortent, mais rarement de jour, car elles sont généralement atteintes d’ochlophobie. Des sortes d’ermites des temps modernes, mais avec le côté spirituel en moins. Elles évitent tout contact social surtout s’il implique une communication physique même non verbale.
C’est le cas d’Ameko, 19 ans, qui vient d’échouer aux concours d’entrée à l’université, car elle souffre d’une malformation au niveau des jambes due au rachitisme dont elle a souffert durant son enfance. Elle ne connait pas son père, a été élevée par sa seule mère qui travaille pour June, un producteur de spectacle qui lui a quelque peu servi de père.
Le second point abordé dans Adore, est le phénomène très prononcé au Japon et en Corée (du sud) des boy’s bands, ou woman’s band, ces groupes musicaux de jeunes qui se trémoussent sur des chorégraphies plus ou moins savantes dopées par des rythmes musicaux très binaires et des paroles lénifiantes. Quand il s’agit de jeunes filles, tout est dans l’art de les sexualiser à force de hauts très moulants, mini mini jupes et autres cuissardes. Il y en a des dizaines, avec leurs groupes de fans qui se livrent à une véritable lutte pour survivre et faire gagner énormément d’argent aux producteurs, et les produits dérivés. Ces jeunes ont des contrats de courte durée (quand ils deviennent trop vieux par rapport à la cible visée, ils sont virés) aux conditions telles que même les esclaves ont plus de liberté.
June veut lancer un nouveau concept, au lieu d’une jeunesse parfaite (quelque peu irréelle tant elle est parfaite), il crée un groupe Divine Disgrace, composé de 5 jeunes filles, dont Ameko, qui ont chacune une faille, un handicap : deux jumelles, une albinos, une ancienne vedette victime d’un accident de voiture qui a des difficultés pour se déplacer. D’où des réflexions sur la normalité, la vision qu’à la société du handicap, de l’a-normalité, mais aussi de la pudeur à cacher ses failles mais aussi de la force qu’elles peuvent représenter quand, mises à jour, elles permettent à d’autres personnes d’arriver à trouver en elles la force de les surmonter.
Bon, je ne vais pas vous raconter toute l’histoire, avec ses hauts et ses bas, avec en filigrane la puissance de l’argent qui est souvent bien plus forte que les règles sociales pluri centenaires. Mais vous trouverez aussi une sorte d’espoir autour de la résilience, de l’empathie et de la nécessaire solidarité entre les êtres humains (concept difficile à appréhender pour les hikikomoris) pour grandir et évoluer pleinement.
Soit, l’action d’Adore se passe au Japon, mais, ne s’est-il pas tant imprégné de la culture occidentale (et réciproquement), que bien des phénomènes abordés dans ce roman se retrouvent au pas de nos portes ?
Adore
Agathe Parmentier
éditions Au diable couvert. 22€
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