Accueil Livres, Arts, ScènesHistoire L’Or de Jérusalem, un roman au coeur de la guerre des Juifs

L’Or de Jérusalem, un roman au coeur de la guerre des Juifs

par Émile Cougut

Marcus, ancien tribun d’une cohorte de vigiles à Rome qui est parti avec son fils Alexander après le grand incendie pour fuir les délires de l’empereur Néron, attend Gaïa, sa compagne, grande Vestale. Elle a caché sa grossesse et son fils au vu des risques qu’elle encourt (murés tous les deux vivants), elle est restée dans ses fonctions religieuses. Mais en même temps, elle se convertit au judaïsme et réussit à s’enfuir. Mais en Palestine, les Romains pressurent les Juifs qui sont haïs par le reste de la population qui les massacre régulièrement. D’où la révolte des zélotes et autres sicaires. L’empire réagit, et, après deux défaites cuisantes à Jérusalem, Néron envoi un nouveau général : Vespasien et son fils Titus.

Concomitamment, la vérité apparait, Alexander n’est pas le fils de Marcus comme il le croit depuis cinq ans, mais de Néron qui a violé Gaïa lors d’une orgie. Hélas Lucius Cornelius Lupus, le frère de Gaïa, homme ignoble, totalement perverti, endetté, sans aucun scrupule, ne pensant qu’à tenir un rang quasi princier, finit par connaitre les circonstances de la naissance d’Alexander et l’enlève. En échange de sa tête (dans le sens propre du terme), après avoir déserté, il exige une partie de l’or du Temple de Jérusalem.

C’est donc à la recherche d’Alexander que se lance Marcus. Il est aidé par Bérénice, la sœur d’Agrippa II dont Titus est amoureux, et par voie de conséquence, de ce dernier. En toile de fond, il y a la guerre et toutes ses exactions, ses massacres, et qui finit par le pillage du Temple. Mais aussi, Néron, encore plus caricatural que dans sa « légende noire » que les études historiques ont mis à mal ainsi que les luttes pour le remplacer après son suicide qui s’achèvent par l’accession de Vespasien.

Jérusalem est prise, le Temple est pillé et détruit, Vespasien est nommé empereur, Alexander est sauvé.

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 L’or de Jérusalem est une fiction agréable à lire, sous un très lointain fond historique, sauf pour ce qui concerne les épisodes de la guerre en Palestine et le génie de Vespasien. En effet, il a compris qu’en ce qui concerne Jérusalem, il ne faut surtout pas se presser, mais attendre que les différentes factions s’épuisent en se combattant. Entre ceux qui veulent négocier, ceux qui pensent que l’Empire est en train de s’écrouler à cause d’une potentielle guerre civile qui devrait se produire à la mort de Néron, et parmi ces derniers ceux qui font de la surenchère, c’est une série de massacres. Pourquoi perdre des soldats alors que les Juifs s’entretuent. Ces luttes internes ne sont pas sans faire penser à d’autres guerres, à d’autres époques, où, au lieu de se souder contre l’ennemi commun, on fait passer d’abord ses idées, au nom d’une certaine pureté de l’idéologie (du message religieux). C’est, parmi des dizaines d’exemple, ce qui s’est passé durant la guerre civile espagnole, où les staliniens faisaient beaucoup plus la chasse aux anarchistes et au trotskistes qu’aux franquistes.

A titre très personnel, j’ai quelque peu été gêné non point par le style qui est fluide, mais par l’emploi d’un certain vocabulaire. Ah ! cette mode d’écrire « jeune », avec une certaine vulgarité pour montrer que l’on est plus près du langage populaire, comme s’il fallait faire peuple pour être lu. Je prends par exemple : « un tas de fric », « il n’en avait rien à foutre » et autre « situation merdique », et j’en passe ! Si on prend un livre, ce n’est pas pour entendre les mêmes mots, les mêmes phrases que ce qu’on ouït dans n’importe quel café (du commerce comme il se doit) ou sur n’importe quelle chaîne télévisuelle d’ « information continue ». Il ne faut pas s’étonner de la baisse générale du niveau moyen du français… en France.

Si la lecture de L’ or de Jérusalem vous donne l’idée de lire, non pas toute La guerre des Juifs de Flavius Joseph, mais tout au moins la partie se reportant au siège de Jérusalem, alors je ne puis que vous féliciter pour votre curiosité intellectuelle. Mais lire, n’est-ce point faire preuve de curiosité ? 

L’or de Jérusalem
Nathalie Cohen

éditions Flammarion. 22€

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