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La dernière nuit de Mussolini, un roman graphique

par Philippe Poivret

« La dernière nuit de Mussolini » raconte, comme son nom l’indique, la nuit et les journées qui ont précédé son exécution le 28 avril 1945, quelques semaines avant la capitulation de l’Allemagne le 8 mai de la même année. Dans une bande dessinée publiée par Glénat éditions, véritable reconstitution historique, Jean-Charles Chapuzet, le scénariste, et Christophe Girard, le dessinateur, nous font revivre les derniers instants du dictateur fasciste et la fin du régime qu’il avait mis en place.

Avant de décrire cette fin, ils nous expliquent les principales étapes de la vie privée, publique et politique de Mussolini. Ils nous rappellent qu’il a d’abord été socialiste pour fonder quelques années plus tard le parti fasciste place San Sepolcro à Milan le 23 mars 1919.

Ses multiples conquêtes féminines sont illustrées dans des scènes explicites mais ce n’est pas le plus important. La marche sur Rome en 1922 suivie de l’accession au pouvoir et de l’assassinat du député Matteotti en 1924 sont rappelés tout comme ses relations avec Adolf Hitler.

A la lecture de ce roman dessiné, on a l’impression que Mussolini s’est fait berner par son homologue allemand qui le manipulait. Il est difficile en traçant une biographie d’un personnage aussi complexe et d’un aussi redoutable politicien- au moins au début de sa carrière- de ne pas comprendre ses inquiétudes et angoisses face au sort qu’il pressent avant sa chute. Mussolini parait parfaitement conscient du sort qui l’attend quand il est capturé par la résistance italienne et qu’il tombe ensuite dans les mains du Parti Communiste Italien.

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Exécuté sommairement à Giulino Di Mezzegra, pas très loin de Côme dans le nord de l’Italie, près de la frontière suisse où il voulait se réfugier, il est mort sans le procès qui aurait permis de le juger. Et comme tout le monde le sait, son cadavre a été pendu par les pieds sur la Place Loretto à Milan. Clara Petacci, une de ses maîtresses qui avait voulu l’accompagner, Marcello Petacci le père de Clara, Achille Starace, haut dignitaire fasciste et Alessandro Pavolini, journaliste fasciste ont subi le même sort. La photo des cadavres exposés en place publique est bien connue.

Jean-Charles Chapuzet et Christophe Girard montrent dans des vignettes grises où le rouge du sang ressort violemment, la foule qui se réjouit et applaudit à ce spectacle. Tous ces faits sont historiques et parfaitement documentés. Ils ont été validés par Emilio Gentile pour le côté italien et Pierre Milza pour le côté français. Leurs analyses sont incontestables et incontestées. Racontées dans « La dernière nuit de Mussolini », le lecteur les apprend ou les retrouve, tout comme il découvre la personnalité de Benito Mussolini, ses emportements et ses désillusions face à son isolement dans la chute.

Le lecteur reste tout de même sur sa faim quant à l’exposition des causes du succès initial du fascisme, de son évolution, de son rapport au nazisme, et de sa chute en 1945.

Les deux auteurs font, un peu avant la fin du livre, un rapprochement avec l’assassinat en 1975 sur une plage d’Ostie, de Pier Paolo Pasolini. Poète, cinéaste, homosexuel, il est le plus contestataire de tous les intellectuels italiens. Virulent, sachant s’exprimer clairement et sans aucune crainte, son assassinat reste l’un des mystères de ces années de plomb qui ont endeuillé l’Italie jusque dans ses racines. Pour Jean-Charles Chapuzet et Christophe Girard, c’est une victime de plus du fascisme, mot qui, à force d’être asséné tout le temps et partout, a fini par perdre tout caractère et tout sens.

Ce roman dessiné a toutefois le mérite de nous rappeler, même si c’est de manière incomplète, que Mussolini fut un dictateur et qu’il a mené son pays à la catastrophe et à la ruine après avoir fait miroiter à son peuple des succès et une gloire qui ne sont jamais venus.

La dernière nuit de Mussolini
Jean-Charles Chapuzet et Christophe Girard
Glénat éditions. 21€50

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