Pour clôturer le Festival de Pâques, ce dimanche 27 avril au GTP, Renaud Capuçon était au pupitre et au violon, en compagnie de l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg, ensemble prestigieux fort de plus de 90 ans d’histoire.
Le lien entre le violoniste français et les musiciens luxembourgeois est fort. Après plusieurs concerts en soliste sous la direction de Gustavo Gimeno, Renaud Capuçon a déjà joué-dirigé avec l’OPL en 2024. Cette carte blanche fut l’occasion de retrouver leur complicité dans un programme tout germanique : l’ouverture des Créatures de Prométhée de Beethoven, le Concerto pour violon n° 3 de Mozart, et la très romantique Symphonie « Écossaise » de Mendelssohn.
Renaud Capuçon à la direction d’orchestre de l’OPL
Sans abandonner son violon, Renaud Capuçon explore désormais la direction d’orchestre. Il le fait souvent avec des formations qu’il connaît intimement, ce qui facilite l’autorité naturelle, l’écoute réciproque, le respect.
Nombre de grands solistes ont brillamment franchi ce pas. Difficile de tous les citer, mais Daniel Barenboim, pianiste virtuose devenu chef d’orchestre vers la quarantaine, vient immédiatement à l’esprit. Vladimir Ashkenazy a également mené une double carrière remarquable, et Itzhak Perlman, violoniste légendaire, a lui aussi rejoint la direction après une formation exigeante. Renaud Capuçon aborde cette transition avec humilité et passion. À sa manière, il transmet sa profonde musicalité, et c’est bien cette énergie communicative qui frappe en premier lieu. Face à l’orchestre philharmonique du Luxembourg, l’écoute mutuelle s’installe, nourrie et portée par la qualité exceptionnelle des musiciens.
La soirée s’ouvre sur l’ouverture des Créatures de Prométhée de Beethoven, œuvre à la fois lumineuse et dramatique.
Les premiers accords majestueux captent d’emblée l’attention. On savoure la tension des cordes, les passages lents subtil, et le mystère qui enveloppe cette introduction. Tout « Beethoven » est déjà présent, entre rigueur classique et souffle romantique.
Mozart, Concerto pour violon n°3
Soliste et chef, Renaud prend son violon pour aborder ce concerto que l’on connaît bien, et qui paraît facile justement, mais ne l’est pas du tout : derrière sa fraîcheur et sa légèreté, transparaissent aussi sa sophistication et son lyrisme. Tout est brillance et délicatesse dans ce concerto. Côté soliste, dans les passages virtuoses comme dans les moments de tendresse, la technique est irréprochable. On retrouve chez le violoniste, sa sonorité lumineuse, sa justesse de phrasé qui impressionnent toujours autant. L’orchestre, tout en souplesse, accompagne avec délicatesse, sans jamais écraser le soliste. Un bel équilibre est atteint, entre émotion et retenue, fidèles à l’esprit mozartien.

©Photo Caroline Doutre
Après l’entracte, place à la magnifique Symphonie n°3 « Écossaise » de Mendelssohn
On part en voyage, avec aux commandes Renaud Capuçon qui a repris sa baguette. Comment réussir cet exploit : transformer des impressions visuelles en expériences sonores fluides, pleines d’émotion ? C’est tout l’art de Mendelssohn, qui maîtrise parfaitement ce langage. Dès les premières notes, on est sous le charme de l’originalité de l’œuvre, composée de quatre mouvements qui donnent vraiment l’impression d’une grande balade en continu.
On voyage avec l’Écossaise, et l’on pourrait parler de paysages mélancoliques, de séquences plus tumultueuses évoquant la mer et les falaises, ou encore de visions plus calmes, apaisées, parfois plus vives, presque dansantes, qui rappellent les rythmes populaires écossais.
La délicatesse de cette musique nous touche immédiatement, portée par un orchestre qui maîtrise avec une justesse rare des textures orchestrales précieuses.
On n’oubliera pas l’Adagio, peut-être parce qu’il nous semble être le cœur battant de la symphonie. Et comme tout final digne de ce nom, surgit cette énergie conquérante, qui emporte tous les pupitres : les vents dialoguent avec les cordes, les cuivres interviennent avec solennité, chaque instrument affirme son timbre pour nous envelopper dans une palette sonore cohérente et d’une belle unité. Grâce à tous, l’esprit romantique de fusion entre l’homme et la nature habite cette Symphonie écossaise intemporelle.
Renaud Capuçon salue chaleureusement son public à l’issue de cette quinzaine musicale exceptionnelle.
Il offre un dernier bis pour la clôture : une ouverture ! celle des Noces de Figaro de Mozart, clin d’œil joyeux pour refermer la boucle. Puis, fidèle à la tradition : champagne pour tous, et rendez-vous à la prochaine édition !
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