Avec Pascal Engman et depuis Henning Mankell, en passant par Stieg Larsson, plus personne ne doute de la vitalité et de la qualité des romans policiers suédois. Il est presque devenu automatique que, prenant un bon policier écrit par un auteur vivant entre Stockholm et Malmö, on sache, a priori, que l’on va passer un bon moment de lecture.
Tel est bien le cas avec Pascal Engman et son dernier opus traduit en français, Les veuves, qui de fait est la suite de son précédent roman, Féminicide, avec quelques personnages récurrents. On retrouve donc avec plaisir Vanessa Franck, cette enquêtrice, burinée par la vie, fuyant son état dépressif en donnant son affection à des personnes encore plus détruites qu’elle, Nicolas et quelques autres.
Si Féminicide dénonçait la misogynie et les rapports hommes/femmes inégalitaires, Les veuves porte sur la gangrène que représente le terrorisme islamique pour nos sociétés occidentales. La Suède aussi, paie son implication dans la lutte contre l’état islamique en Syrie.
Je vais être court sur l’intrigue ne voulant surtout pas vous priver d’un seul instant de plaisir de lecture. Au mois de novembre (il fait froid et il neige pas mal en Suède à cette saison), on trouve à Stockholm, dans un parc, le corps d’un policier, travaillant dans une unité antigang, tué de deux balles dans le corps. A proximité se trouve le corps d’une jeune femme poignardée. L’enquête se concentre sur l’assassinat du policier. Mais Vanessa Franck identifie le corps de la jeune femme comme étant celui de Natacha, la jeune syrienne qu’elle avait accueillie, sauvée et qui était repartie en Syrie pour soigner son père. Bien qu’écartée de l’enquête, Vanessa investigue de son côté pour retrouver les assassins de Natacha. Ses recherches remettent en cause ce qu’elle croyait être la vérité : Natacha n’était pas celle qu’elle croyait, et très vite Vanessa est bien obligée de reconnaitre que la jeune Syrienne lui avait énormément menti. Parallèlement, elle recueille Céline, une jeune marginale, blessée lors d’un attentat, rejetée par son père alcoolique et qui s’avère vite être indispensable pour l’équilibre psychologique de Vanessa.
Nicolas quant à lui est devenu garde du corps du principal dirigeant d’un site de jeux en ligne, totalement amoral, et qui est revenu en Suède car les policiers anglais s’intéressaient un peu de trop près à ses affaires.
Et puis, il a des personnages secondaires, dont deux sont particulièrement attachants : la superbe Molly, call-girl de luxe, à la recherche de l’affection de son père, totalement lucide sur son métier et des rapports hommes/femmes, et Alex, un homme introverti, ravagé par l’accident dont a été victime son fils, mais informaticien de génie, qui va mettre son talent à la recherche du chauffard pour se venger.
Vanessa, Nicolas, Céline, Molly, Alex, tous des personnages fragiles psychologiquement, tous à la recherche d’amour, de tendresse, d’écoute.
L’enquête officielle (et les parallèles) fait apparaitre la présence d’une cellule terroriste qui veut passer à l’’acte pour « venger » les morts en Syrie tués par « les Croisés ». Dans l’une d’ elle se trouvent deux femmes dont les maris ont été tués lors de la guerre. Ce sont les veuves… Très difficiles à détecter, car elles sont parfaitement « intégrées » (elles ne se promènent pas en niqab), et ne sont pas à un mensonge près. Leur plan est plus que mortifère et devrait connaître un retentissement international certain.
Une écriture rapide, des personnages particulièrement ciselés avec finesse, une description de la société non suédoise, mais occidentale sans concession, et j’en passe. Ce n’est pas pour rien que Pascal Engman est considéré comme le meilleur auteur suédois de romans policiers. Les veuves sont là pour confirmer cette évidence. Stieg Larsson a trouvé en lui son digne héritier.
Les veuves
Pascal Engman
Traduction Catherine Renaud
éditions Nouveau Monde. 22€
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