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D’une capitale, l’autre, adaptations géopolitiques

par Pierre de Restigné

Les études en géographie montrent de plus en plus leur importance pour bien comprendre le monde tel qu’il est aujourd’hui et souvent aussi tel qu’il fut hier, et cet atlas publié par les éditions Autrement sur le phénomène du déménagement de certaines d’entre elles, permet ainsi d’accéder à une meilleure compréhension des phénomènes géopolitiques.

Ce qui nous semble comme étant une évidence : un état, une capitale, n’est de fait qu’une équation très occidentale créée lors de la création des états-nations. Avant (et même en Occident), la capitale était ainsi le lieu où résidait le souverain. Non seulement il pouvait changer régulièrement d’endroit (et donc de fait de capitale) et/ou son successeur pouvait tout aussi bien choisir (pour des motifs divers et variés) un autre endroit.

Paris a eu le statut de capitale chez certains rois mérovingiens, mais le devient véritablement avec Philippe-Auguste quand il y dépose les archives royales (après avoir hésité avec Laon). Mais ce n’est qu’avec la Révolution que Paris retrouve définitivement ce titre. Et encore : il y a eu Bordeaux en 1870 (c’est dans le Grand Théâtre que Thiers à été élu chef du gouvernement et donc de fait Président de la République), 1914 et 1940, Versailles en 1871 ou encore Vichy durant l’occupation allemande lors de la Seconde Guerre mondiale.

De fait, au monde, il a peu de pays qui ont connu la même capitale depuis leur création : l’Espagne, le Portugal, et bien des pays issus de la décolonisation. Mais l’Allemagne, la Suisse, l’Italie, voire même les Etats-Unis d’Amérique ont connu plusieurs capitales.

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Les auteurs de cet atlas, Frank Tétard et Pierre-Alexandre Mounier, ont rangé ces changements selon quatre principes qui parfois peuvent se recouper au cas par cas :

  • s’investir dans le futur (s’émanciper comme au Pakistan ; entrer dans la modernité  comme en Egypte)
  • se recentrer ou s’ouvrir (recentraliser le pouvoir comme en Nouvelle-Zélande ; obtenir plus de neutralité comme au Brésil ; suivre le rythme des affaires comme au Niger) ;
  • ne pas disparaître (faire face à la montée des périls comme au Maroc ; pour symboliser l’unité nationale comme en Italie ; en temps de guerre comme en Azerbaïdjan) ;
  • les capitales avortée ou déchues comme au Sri Lanka ou en Bolivie.

Il a 70 entrées dans cet Atlas( feuilleter le livre Cliquer), 70 capitales qui ont déménagé au fil des temps. Pour chacune un court texte synthétique expliquant les contextes historiques, politiques sociaux, etc., les déménagements. Pour chacune une carte dessinée avec talent par Gaëlle Sutton décrivant l’ancienne ou la nouvelle capitale.

Vous y apprendreez énormément d’anecdotes, mais surtout vous serez encore plus persuadé que tout est relatif, que ce que nous croyons être immuable ne l’est pas, loin de là. L’histoire et la géographie sont présentes pour nous le rappeler, n’en déplaisse à tous les réactionnaires !     

Illustration de l’entête : Indonésie, déménagement de la capitale Djakarta vers Nusantara, Djakarta étant trop exposé du fait du réchauffement climatique et des inondations. © photo Tatan Syuflana/AP/SIPA)

Atlas historique des capitales déplacées
Frank Tétart, Pierre-Alexandre Mounier,
et Gaëlle Sutton pour la cartographie
éditions Autrement. 29€90

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