Accueil Actualités Christian Zacharias, grand séducteur de La Roque d’Anthéron, le public sous le charme

Christian Zacharias, grand séducteur de La Roque d’Anthéron, le public sous le charme

par Pétra Wauters

Ce programme déjà nous plaisait. Il est cohérent et séduisant et met en valeur la période classique viennoise avec deux géants du répertoire. Et à l’affiche de cette soirée, Christian Zacharias, à la fois comme pianiste et chef d’orchestre ; c’est la cerise sur le gâteau, la promesse d’un concert de haute volée,  un rendez-vous avec l’élégance. 

 Si l’on ne devait choisir qu’un seul mot : L’élégance ! On l’a déjà connu avec cette double casquette. Elle lui va bien. Qu’il soit au pupitre, ou au piano, face à ses musiciens, sa direction si singulière, si raffinée,  permet une vision « unifiée » de la musique proposée.  Sa gestuelle est précise, expressive, limpide, sans superflu.  On est plongé dans une sorte d’intimité toute particulière. Et avec cet artiste-là, le discours est souvent poignant, troublant. C’est qu’il nous semble assez bien le connaitre ce fabuleux pianiste ! On le découvrait pour la première fois dans les années 90, à la Maison des Arts et Loisirs de Sochaux. Hier, cheveux bruns, longue silhouette, déjà habillé de noir, longue tunique et pantalon fluide, Il est resté fidèle à lui-même dans le « look », même si les cheveux ont forcément blanchi. Aujourd’hui à la fois pianiste et chef, il développe,  comme à ses débuts, un jeu d’une probité et sobriété sans égal, recherchant toujours un bel équilibre, nous livrant une partition avec fluidité, presque « sans effort », et dans le plus grand respect de la partition. C’est déjà ce qui nous avait marqué à l’époque.

Christian Zacharias et le Sinfonia Varsovia. La Roque d’Anthéron, 11/08/2025
©Photos Valentine Chauvin

La programmation de ce concert 2025 alterne symphonies et concertos, et il nous parait  « facile », évident,  de créer un dialogue entre Mozart et Haydn ! Les deux symphonies en notamment en sol mineur (la K.183 de Mozart et la « Tempesta di mare » de Haydn) ont de toute évidence,  ce fil conducteur sombre et dramatique qui finalement, ne va pas nous quitter de tout le programme !  Mais c’est si beau, si raffiné, qu’il nous faut souffrir un peu (souffrir par toi n’est pas souffrir », nous le chantait Julien clerc ! Pardonnez cette familiarité, mais il y a un peu de ça,  quand on nous présente un programme aussi précieux, et rare, on aime « souffrir »,  se sentir « vivre » et être dans la musique, emporté par elle, même si elle nous pétrit le cœur ! Les programmes musicaux qui nous font « souffrir » le font délicieusement. Ils nous transportent dans des états émotionnels intenses. Mais avouons que Mozart et Haydn ne nous laissent jamais non plus dans une obscurité totale. Il y a toujours des moments de grâce, des éclats de lumière, des moments précieux qui viennent adoucir l’atmosphère dramatique. On aime notamment chez Haydn cette façon de faire jaillir des pépites de génie et des harmonies subtiles qui illuminent le discours musical. 

Olécio partenaire de Wukali

Il a inspiré Mozart qui vouait une admiration sincère pour celui qu’il appelait affectueusement « Papa Haydn ». Mozart a beaucoup appris de lui et dans les deux oeuvres, on retrouve une même fougue tempétueuse, des climats tourmentés qui montrent bien le lien stylistique.

Le Concerto K.449 de Mozart n’est pas si souvent joué et le concerto de Haydn Hob.XVIII:11 proposé après l’entracte est lui aussi encore plus rare en concert. On se demande bien pourquoi. Moins d’effets ? Orchestre réduit ? On pourrait dire « sans fanfare ni trompette « , et justement, c’est ce qui nous plait. On est séduit par l’intimité de ces œuvres. On aime notamment la finesse de l’écriture de Mozart qui permet ici un dialogue subtil entre le piano et l’orchestre. Alors un Mozart sans doute moins « vendeur »,  peut-être, mais ça reste du grand Mozart, une œuvre « pour les connaisseurs », entend-on encore dans les allées… et d’autres personnes s’étonnent de bien connaitre Mozart, mais de n’avoir jamais entendu cette œuvre… c’est donc pour certains un soirée « découverte » réjouissante,  un répertoire que Christian Zacharias maitrise parfaitement. Et il faut saluer la Sinfonia Varsovia qui s’est montrée à la hauteur de cette exigence artistique. 

Des bis magnifiques 

F.Couperin Pièces de clavecin, Livre 4, les Tours de passe-passe, 22ème Ordre, 
F.Couperin : Pièces de Clavecin, Livre 2, Les Barricades mystérieuses (6ème Ordre)
W.A Mozart : Divertimento en ré majeur K. 136 Salzburg Symphony, n°1 : III Presto 

Ce dernier mouvement, d’une allégresse communicative, a offert une conclusion éblouissante à cette soirée ; toute l’énergie de Mozart s’y trouve concentrée. 

Autres rendez-vous du festival, à ne pas manquer  

Marie-Ange Nguci, une pianiste captivanteNous avons découvert la toute jeune femme à la Roque d’Anthéron il a plusieurs années.  Depuis, quel chemin parcouru ! Elle sera au piano et à la direction du Sinfonia Varsovia Orchestre
Beethoven – Mozart – Stravinski
Parc du Château de Florans
Mercredi 13 Août à 21h00

Que de noms fameux !  Frank Braley, piano, Paul Lay, piano Clemens van Der Feen contrebasse, Donald Kontomanou batterie, Sinfonia Varsovia, Jean-François Verdier Direction
Nuit du Piano : Musique américaine qui va nous emmener loin…
Parc du Château de Florans
Jeudi 14 Août à 20h00

Le magnétique Vadym Kholodenko est parfait pour un programme Beethoven – Liszt Le pianiste sera dans le Parc du Château de Florans Samedi 16 Août à 21h00

Encore d’autres magiciens du piano, et pour cette clôture, on est en terrain connu ! La soirée de clôture promet d’etre belle avec  François-Frédéric Guy et Adam Laloum au piano, Quatuor Hanson Quatuor à cordes avec Brahms – Schumann
Parc du Château de Florans
Dimanche 17 Août à 20h00

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