The Hundred years war, the famous study re-edited, a must !
Les éditions Perrin viennent de rééditer le travail magistral qui fait référence, de Georges Minois , sur La Guerre de Cent ans qui dura comme chacun le sait 116 ans de 1337 à 1453 , de la confiscation de l’Aquitaine par Philippe VI à la bataille de Castillon. Bien sûr, certains ont reproché à l’auteur de véritables « partis pris », d’être parfois caricatural dans sa description de certains personnages comme Jean II en France ou Richard II en Angleterre. Mais là n’est sûrement pas le problème, l’auteur ne fait pas des biographies, se méfie d’ailleurs des « images d’Épinal » que nous pouvons avoir sur ces personnes dues à la propagande des deux parties, aux historiens du dix-neuvième siècle qui défendaient chacun leurs causes nationales, sans compter Shakespeare dont le génie a quelque peu déformé l’histoire. Comme Dumas, il a allégrement violé l’histoire, mais vu les filles qu’il nous a léguées, heureusement qu’il l’a fait !
Le travail de Georges Minois n’est pas qu’une description des événements qui émaillèrent cette époque, qu’une présentation des principaux protagonistes et leurs actions que ce soit Du Guesclin, Jeanne d’Arc, Talbot, Fastolf ou le Prince noir. En quelque sorte, ce n’est pas une succession de batailles ou d’anecdotes. Non le travail de Georges Minois va bien au-delà, il nous montre l’importance à tous les niveaux qu’a eu la Guerre de cent ans dans l’Histoire de l’Europe : la montée du nationalisme anglais (et la prise de conscience de son insularité) et du français, l’apparition de la xénophobie, la fin d’une certaine idée universaliste de l’église catholique (et l’abandon de l’idée de croisade), le passage d’une guerre féodale à une guerre moderne avec l’évolution des armes et donc des tactiques et des stratégies, les conséquences économiques (la France reste rurale alors que l’Angleterre commence à s’industrialiser), l’évolution des mentalités, aussi bien du peuple que de la noblesse, l’évolution politique des deux belligérants (vers un régime parlementaire en Angleterre, vers l’absolutisme en France) etc.
Azincourt, Crécy, Poitiers mais aussi Orléans, Cocherel ou Patay sont toutes des batailles qui ne furent jamais décisives, tant d’autres facteurs sont entrés en jeu. Un roi prisonnier, ce n’est pas son royaume qui passe sous le joug du vainqueur, c’est surtout une rançon importante, un traité comme celui de Brétigny qui donne de fait la couronne de France aux Lancastre ne peut être appliqué car certaines parties le refusent, car les alliés d’un jour deviennent les ennemis de demain. L’histoire événementielle est importante mais seulement dans sa fonction temporelle, un événement quel qu’il soit n’est rien s’il n’est pas remis dans son contexte, si ses conséquences sont occultées.
Les amateurs d’histoires, les personnes qui veulent mieux connaître cette période charnière de l’histoire de l’Europe se doivent de lire le travail de Georges Minois sur la Guerre de Cent ans.
Félix Delmas
La Guerre de cent ans
Georges Minois
éditions Perrin, collection Tempus. 12€50
WUKALI 26/04/2016
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