British Friends, Hip, hip, hip hooray, all together with Europe, we’ll maintain, we shall overcome !


Le référendum est prévu le 23 juin, et sans nul doute ce sera le moment le plus fort de la vie politique britannique de ces dernières années et bien au-delà. Le Brexit

est-il ainsi communément appelé, acronyme qui suppose la sortie la Grande-Bretagne de l’Union Européenne. L’Europe, voici bel et bien un sujet clivant outre-Manche et il aura fallu la ténacité en 1973 du Premier Ministre conservateur de l’époque Edward Heath, contre le parti d’Harold Wilson, travailliste, pour permettre l’entrée de la Grande Bretagne dans ce que l’on appelait naguère le Marché Commun. Au fil du temps les tentations souverainistes britanniques, notamment celles de Margaret Thatcher, (Premier ministre de 1979 à 1990) ont usé la corde du lien européen.

La presse tabloïde anglaise et notamment le Sun dans sa spécificité vulgaire et démagogue qui la caractérise, emboite aujourd’hui le pas de ceux qui demandent la sortie de la Grande-Bretagne de l’Europe communautaire. Quant au Premier Ministre David Cameron partisan du maintien de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne, la force de sa conviction politique a toute de l’apparence de ces jellies roses ou bleues qui font la fierté des desserts anglais. Les sondages ne valent que pour un moment T et fluctuent notamment du fait des commentateurs. A huit jours du scrutin les interrogations sont multiples. L’assassinat en pleine rue à Leeds d’une jeune députée favorable au maintien de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne ajoute à l’inquiétude.

Quel sera le choix des électeurs? My Kingdom for a horse écrivait Shakespeare qui au demeurant n’avait jamais mis un pied hors du Royaume ! Les dernières données concernant le marché de l’emploi sont mi-figue mi-raisin, les chiffres du chômage touchent 1.69000 personnes soit 5,1% de la population cependant le marché de l’emploi semble stagner et les offres ont considérablement chuté depuis un an. Hors de l’Europe, la City pareillement perdrait son rôle régulateur et central et cela se traduirait rapidement par le déménagement de sièges sociaux avec pertes d’emploi en conséquence.


État des lieux en France et en Grande-Bretagne

Bien au delà des prises de positions publiques il se produit en Grande-Bretagne le même phénomène qu’en France ou dans toutes autres pays occidentaux européens ainsi qu’aux Usa, à savoir que loin des adhésions partisanes, la rupture de société, voire de civilisation en oeuvre tant à travers la mondialisation que l’économie numérique, provoque des conséquences politiques s’exprimant à travers un repli communautaire encouragé par les extrêmes. C’est un néo nazi qui a tiré et tué une élue à Leeds, ce sont des crapules se revendiquant d’une extrême-gauche fascisante qui ont caillassé à Paris un hôpital ou ont agressé des policiers et mis le feu à leur voiture.

En France les populistes de gauche surfent sur la crise sociale, moyen commode de s’exonérer d’un passé où la place du Colonel Fabien recevait directement de Moscou ses consignes et ses valises de billets et niait le goulag. Le syndicat CGT, traditionnelle courroie de transmission, manipulant ses troupes non point pour la défense de ses adhérents mais poussé par la crainte de se voir détrôner de sa place au premier rang centralisé, bousculée par un syndicat réformiste et moderne, la CFDT.

Quant aux populistes de droite, le Front National version féminisée et maquillée, ils jouent de la peur de l’autre, feignant d’ignorer leurs endémiques discours de haine et leurs liens avec les mouvances fascistes européennes, remplaçant les coups de menton par des coupes de cheveux d’un blond oxygéné qui en rappelle d’autre !

Les mêmes errements se retrouvent en Angleterre. L’éloignement de la prise de décision pour ce qui a trait à l’insulaire Royaume-Uni, quoique inévitable dans une économie aujourd’hui mondialisée contribuant à renforcer le sentiment de rejet (au demeurant faut-il le souligner, les mêmes réflexes ne semblent pas se manifester quand il s’agit de passer une commande via internet pour une produit d’ un fournisseur installé dans un autre pays ou continent, et sans considération alors d’éthique nationale !).

Et le monde culturel et artistique britannique dans tout cela, quel est son regard ?

Il est massivement en faveur du maintien dans l’Europe et l’on ne manque pas de souligner les aides substantielles en devises sonnantes et trébuchantes que l’Europe apporte à la création. 40 millions € ont ainsi été versés entre 2014 et 2015 à 230 organismes de tous ordres britanniques du domaine de l’art et de l’activité culturelle.

Des listes pour le maintien au sein de l’Union européenne circulent, on y trouve des personnalités: l’architecte Richard Rogers, la créatrice de mode Vivienne Westwood, le réalisateur de cinéma Stephen Frears, le chanteur Danny Boyle, le comédien Benedict Cumberbatch et bien d’autres… Des artistes ont été inspirés par le sujet, le photographe W. Tillmans a produit une série de 30 affiches incitant les Britanniques à préserver le maintien dans l’Europe et accompagnée de la légende suivante: Pas un seul homme n’est une île. Pas un seul pays au monde n’existe que par lui-même( “No man is an island. No country by itself.” )

Des personnalités, scientifiques ou artistes européens, ont pareillement apporté leur soutien pour le maintien de la Grande-Bretagne au sein de l’ Europe et pas des moindres ( Alfred Brendel pianiste, Patrick Süskind, Mario Vargas Llosa écrivains, Renzo Piano architecte, Gérard Houlier ex-entraîneur de Liverpool, Krzysztof Penderecki compositeur, Andrzej Wajda cinéaste etc.. le Time en a publié la liste. Le monde de la musique serait directement impacté dans l’hypothèse d’un vote anti européen, quant au marché de l’art la sortie de l’Europe serait purement considérée comme un désastre suivi immanquablement par une hausse des taux de TVA .

Pierre-Alain Lévy


WUKALI 17/06/2016
Courrier des lecteurs : redaction@wukali.com
Illustration de l’entête: ©The Guardian

Ces articles peuvent aussi vous intéresser