Connaissez vous la prison de Pontaniou, enfin plus exactement l’ancienne prison de Pontaniou à Brest qui était considérée jusqu’à sa fermeture comme l’une des plus vétustes de France ?
C’est là que fut incarcérée Anna. Anna, la peintre, joueuse de trompette de jazz, une femme entière qui peut se montrer d’une rare violence. Elle tombe amoureuse d’Antoine, le pianiste, d’une passion ravageuse, obsessionnelle, d’une grande sensualité. La réciproque est vraie, mais Antoine l’aime aussi, du même amour qu’ « Elle », l’autre femme de sa vie. Aussi, un jour, Anna les trouvant au lit est prise d’une grande fureur et la tue. Voilà comment Anna se retrouve à Pontaniou. Et un jour, après une visite d’Antoine, elle finit par se suicider.
Plus de 20 ans après, Antoine finit par retrouver la trace d’Agathe, la fille d’Anna que cette dernière, se sentant incapable d’être mère, avait abandonnée. La jeune fille, d’une vingtaine d’années, apprend qu’elle avait été adoptée. Et elle se lance sur les traces d’Anna, grâce à la relation épistolaire qu’elle tisse avec Antoine, sans jamais renier l’amour qu’elle porte à ses parents adoptifs.
En comprenant les tourments de sa mère génétique, Agathe finit par évoluer, mûrir et trouver la voie qui lui permettra de s’épanouir dans la vie.
Élisabeth le Saux l’autrice, (féminin de auteur, comme le préconise l’Académie Française) a conçu ce livre en deux parties (la relation Anna/Antoine et les lettres Agathe/Antoine), avec un final, de fait, construit comme une partition musicale. D’ailleurs, chaque partie est écrite comme une phrase musicale différente, avec ses variations, ses soupirs, ses reprises pour se fondre dans un final somptueux.
Je dois avouer que la première partie m’a autant ennuyé qu’une pièce de piano de Chopin ou un morceau de Debussy : c’est long, pleurnicheur, auto centré, descriptif jusqu’au moindre détail. Il faut dire que le romantisme et le naturalisme sont des styles qui m’ont fait plus dormir que palpiter. A contrario, la seconde partie a la puissance d’une symphonie de Mozart, la profondeur d’une cantate de Bach, et le final est digne de celui de la cinquième, voire septième symphonie de Beethoven. Heureusement que j’ai réussi à surmonter ma lassitude du début !
Une écriture très travaillée au service d’un montage original et réussi, fait de ce court roman une petite pépite de cette rentrée littéraire.
Courir sur ton ombre ou Nocturne à Pontaniou
Élisabeth le Saux
éditions Michalon. 16€
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Illustration de l’entête: photo de l’ancienne prison de Pontaniou, ©photo France 3