Le Tour du monde de Pierre Renauld (2) Málaga et Casablanca

Dernière terre européenne avant de cingler vers l’Afrique du Nord avec le Maroc et l’Atlantique, Málaga. L’Espagne encore et après la Catalogne, l’Andalousie, contraste on ne peut plus éclatant. Et d’abord le soleil, le soleil et la mer comme dans la chanson. Cet itinéraire qui de l’Espagne au Maroc, sera à peu près celui de Delacroix qui en 1832 accompagnera une mission diplomatique auprès du sultan.

Mais avec Pierre Renauld restons encore un peu sur cette terre du sud de l’Europe gorgée de soleil et pour quelques heures à Málaga, elle aussi liée à un certain Pablo Picasso Ruiz, né dans cette même ville le 25 octobre 1881. Né presque par miracle d’ailleurs, car sa naissance s’étant déroulée avec difficulté, il fut déclaré mort à sa naissance par la sage-femme. Ce n’est que grâce à la fumée du cigare d’un oncle qui rendait visite à la parturiente et qui lui souffla dans les narines que celui qui n’était pas encore Pablito put faire face à son destin. C’est lui même qui plus tard s’amusait à raconter cette anecdote de sa venue au monde et dont il disait: «J’ai immédiatement réagi par une grimace et un hurlement de colère.»

Picasso, il est partout dans cette ville, et si ce n’était le parfum des poissons qui grillent dans l’huile d’olive on pourrait presque sentir l’odeur de ses peintures et de ses vernis.

Partout, sur les places Pablo, en statue, sur les murs, dans les églises comme dans les musées. Hélas pas le temps de visiter le Centre-Pompidou Málaga, le premier Centre Pompidou hors de France qui à l’origine ne devait ouvrir que pour cinq ans et dont le contrat a été renouvelé jusqu’à 2035.

Visite de l’église de St Jacques ( de Compostelle bien évidemment !), ou en espagnol dans le texte: Iglesia de Santiago. Bien entendu Málaga est aussi l’un des points de départ d’un des chemins de Compostelle.

Une église particulièrement intéressante tant elle est attachée à l’histoire de cette terre d’Andalousie, à la présence arabe et à la Reconquista. C’est le lieu de baptême de Picasso. Une église de style gothico-mudéjar, c’est à dire avec des emprunts à l’architecture arabe, un métissage intéressant et dont la tour d’ornementation a été édifiée bien plus tard après sa construction c’est à dire le 18è siècle.

Retenons ce portail au décor particulier orné tout à la fois du symbole de St Jacques, la coquille, et de sphères surprenantes qui ne sont pas sans évoquer la coupole de la basilique galicienne, voire celles à nervures des mosquées de Tolède ou de Cordoue quand d’autres envisageraient de façon subliminale le mamelon cher à Sainte Agathe.

Mais une escale ne dure pas éternellement et le temps est compté, passage au marché, un bonheur pour photographes et touristes, bien sûr le banc des poissonniers, puis nourritures à foisons, fruits et légumes en abondance, des palettes magnifiques.

Arrivée à Casablanca

Pierre Renauld. Une ville moderne. Un des ports les plus actifs de l’Afrique du Nord. Mais surtout la mosquée Hassan II. Elle peut accueillir 35 000 fidèles dans son enceinte et jusqu’à 80.000 sur son gigantesque parvis de marbre, son minaret est le plus haut du monde, quant à sa hauteur, elle se place devant la pyramide de Kéops (146m) et Saint-Pierre de Rome (132m).

Les bâtiments administratifs sont affichés en trois langues officielles: l’arabe, le français et le berbère. C’est une volonté du pays de renouer avec ses origines

Cette mosquée a été construite par Bouygues, «pour la construire, 15ha ont été gagnés sur la mer. Ses arcades sculptées s’élèvent à 40m et elle possède un toit ouvrant à 60m de hauteur. 3600 compagnons ont travaillé 24h/24 pendant 17 mois au gros oeuvre, tandis que la totalité des travaux a demandé cinq années.

Chapiteaux ouvragés, plafonds à caissons, coupoles ornementées, portes gigantesques et décorées, moucharabiehs et ferronneries à motifs géométriques». Au travail d’ingénierie de Bouygues s’ajoutent l’excellence, le savoir-faire et la tradition de toutes les corporations des artistes et artisans marocains

«Commandée en 1988 par le roi Hassan II du Maroc, également Commandeur des croyants de son pays et personnellement très impliqué dans a construction, elle a été inaugurée par sa Majesté le 30 août 1993».

Lourdes à Casablanca

Une visite étonnante dans une église catholique à Casablanca, l’église Notre-Dame de Lourdes. Une église édifiée en 1954 avant le départ des Français et consacrée à la célébration de Bernadette pour laquelle on est même allé jusqu’à reconstituer la grotte.

Une grande nef en béton, comme beaucoup des églises construites après la guerre et dans la droite ligne des frères Perret avec de somptueux vitraux de Gabriel Loire, peintre et maître-verrier.

Aujourd’hui cet édifice religieux de culte catholique et désacralisé a été adopté par des fidèles sub-sahariens qui y effectuent des célébrations à renfort de musique et de danse à la manière de Harlem ou de Port-au-Prince. De fait et dans les rues avoisinantes de l’église Notre-Dame de Lourdes un bazar africain s’est au fil du temps constitué

Tourisme oblige (et plaisir aussi), déambulation dans les rues typiques de Casablanca et visite au marché, là aussi les bancs des poissonniers avec quelques surprises bien tentantes!

Prochain article sur le Tour du Monde de Pierre Renauld
(3) L’ Atlantique vers les iles du Cap Vert

La suite au prochain numéro… qu’on se le dise !

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