Deux très grands biologistes du 18ème siècle, Linné et Buffon

Voici une étude historique (et plus encore), sur deux grands savants, l’un un Suédois : Carl von Linné, l’autre un Français : Georges-Louis Leclerc de Buffon, ils sont au demeurant nés la même année soit en 1707. Tous les deux ont laissé une immense œuvre dans le même domaine : la biologie. Selon quoi, il n’y a aucune génération spontanée, mais une œuvre n’apparait qu’à un moment donné, dans un milieu social, économique, intellectuel donné, avant cela aurait été impossible, après, c’est trop tard !

Le XVIII^ème siècle est le siècle des Lumières et au niveau des sciences, les dogmes religieux sont remis en cause. Pour autant, les savants en restent très imprégnés, c’est leur culture, mais, en quelque sorte ils suivent la pensée de Galilée : quand les faits démentent les dogmes, ce ne sont pas aux faits de se plier aux dogmes, mais aux dogmes d’évoluer pour être en harmonie avec les faits.

Linné tout comme Buffon a pour idée d’identifier et de décrire toutes les formes de vie. Or, ce nombre est précisé dans la Bible, et en plus toutes ces formes de vie proviennent des rescapés de l’Arche de Noé. Linné reste sur un nombre fini, Buffon, très vite, pense qu’elles sont bien plus nombreuses.

Linné (1707-1778) à partir de la sexualité des plantes, pense que la nature peut être classée dans des catégories, statiques, immuables depuis la création de l’univers : c’est le fixisme, marqué par le créationnisme. Son œuvre est immense, sa classification et sa méthode sont toujours la base de la biologie moderne. Mais le côté « rigide » de sa classification ne va pas sans poser de problèmes. Je n’irai pas sur la hiérarchie des « races » humaines que le Suédois a essayé de théoriser et dont certains auteurs se sont servis (et se servent encore) pour des actes abjects, surtout, il ne perçoit pas les formes complexes de vie, tels les bactéries, les organismes unicellulaires, etc. qui ne rentrent pas dans ses catégories.

A l’inverse, Buffon (1707-1788) avec beaucoup de détours et de circonvolutions (pour ne pas tomber sous les foudres des théologiens), perçoit très vite que la vie est foisonnante et part dans tous les sens. Il fait des essais, observe que des espèces disparaissent quand d’autres apparaissent, il jette les bases de la théorie de l’évolution et, en plus, il perçoit les dangers du dérèglement climatique, l’utilité de préserver la biodiversité.

Dans son ouvrage, Tout ce qui et respire traduit en français et juste paru et publié par les éditions Paulsen, Jason Roberts fait un rappel de la biographie des deux savants venant de milieux sociaux totalement différents. Ainsi d’un côté le pauvre fils d’un pasteur, de l’autre le riche nouveau noble. L’un très imbu de lui-même, d’un parfait égoïsme, sûr de son génie, aimant les titres et les honneurs, l’autre plutôt introverti, appréciant la solitude pour mener à bien son œuvre, modeste à bien des égards. Puis il décrit les spécificités des recherches de chacun, entre le fixisme et le transformisme et ce en quoi elles ont révolutionné la perception de la nature.

Dans une dernière partie, l’auteur de ce livre, Jason Roberts, aborde les continuateurs (Lamarck, Cuvier et bien d’autres) et présente les dernières évolutions de la biologie, avec en sous-entendu, le fait que c’est Buffon qui avait raison.

Jason Roberts ainsi nous nous démontre que, par rapport à la même idée, c’est à dire identifier et décrire toutes les formes de vie, les chemins peuvent être différents, les résultats non identiques mais sur bien des points complémentaires. La pensée, la science sont comme la vie, faites de recherches parfois vaines qui disparaissent et de succès qui ouvrent la porte sur de nouvelles recherches.

Tout ce qui vit et respire
Jason Roberts
éditions Paulsen. 24€90

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