Chaplin, Charlot, du rire aux larmes, de l’émotion à la joie, de l’absurde, de la tendresse, de la compassion, entre romantisme et pathos, une image d’un petit personnage , icône moderne d’un moment de civilisation. Produite pour la ville d’Evian, l’exposition » Charlie Chaplin, images d’un mythe « provient en grande partie du fonds Chaplin déposé au musée de l’Elysée à Lausanne. Plus de 200 oeuvres sont présentées, photographies de plateaux, de tournages, de studios ou des maîtres de la photographie tels E. Steichen ou James Abbe, également des affiches, bandes dessinées, des articles de presse ou des manuscrits. L’album Keystone est exposé, c’est un objet original et unique, chaque planche se compose de phonogrammes accompagnés d’un texte manuscrit qui retracent les histoires des trente-cinq premiers courts métrages dans lesquels Chaplin joua en 1914.
Né à Londres en 1889 et mort à Vevey en Suisse, Charlie Spencer Chaplin, déboule dans le monde du cinéma muet en 1913 en tournant pour la Keystone Film Company. Immédiatement il connait un succès planétaire, et pendant la Grande Guerre il multiplie les films qui apportent un peu de joie au moral des troupes et des populations. Il incarne l’image du anti-héros victime de la société moderne, marginal et rebelle. Il devient le confident des grands, Churchill, Einstein ou Gandhi ainsi que l’ami des artistes, Fernand Léger, Blaise Cendrars ou Cocteau. Charlot devint un des sujets des avant-gardes.
Il est archétypal et emblématique du cinéma muet. Scénariste et réalisateur, il sera perturbé à l’apparition du cinéma parlant en 1927. A dose homéopathique, il introduit dans ses films la bande son. Pour “ Lumières de la ville ” ( 1931), il compose la musique, dans les “ Temps modernes ” (1936) les effets sonores des machines remplacent la voix, à la fin du film lorsque le public s’apprête à découvrir la voix de Charlot, celui-ci a oublié les paroles de sa chanson et n’émet qu’un charabia aux sonorités franco-italiennes. Ce n’est qu’en 1940 dans « Le Dictateur » que Chaplin donne la parole à Charlot. Sous les traits du barbier juif, il s’adresse directement aux spectateurs en prononçant un discours humaniste porteur d’un message d’espoir et de paix.
Chaplin n’a pas attendu le parlant pour exprimer son opinion, déjà pour se libérer de l’emprise d’Hollywood il crée en 1919 avec Griffith, Mary Picford et Douglas Fairbanks, United Artists. A la triste époque du Maccarthysme, il est contraint de quitter les Usa et vient s’installer en Suisse.
Que ce soit face aux réalités sociales et politiques de son temps ou au parlant qui révolutionna le cinéma, il intègre sa vision critique du monde dans son univers comique. De « Charlot apprenti » (1915) aux « Temps modernes » (1936) il dénonce l’exploitation de l’ouvrier. Par l’art du mime et ses histoires mêlant l’actualité et son autobiographie, il traite d’éléments tragiques sans atténuer leur gravité comme ce sera le cas dans Le Dictateur (1940), ( voir video en fin de l’article) Monsieur Verdoux (1947), Les Feux de la rampe (1952) ou encore Un Roi à New-York (1957).
De nombreuses séances de projection de films sont organisées dans l’Auditorium du Palais Lumière où se déroule l’exposition selon un calendrier défini.
Pierre-Alain Lévy
CHARLIE CHAPLIN – IMAGES D’UN MYTHE
Une exposition du Musée de l’Elysée, Lausanne, présentée au Palais Lumière à Evian
jusqu’au 20mai 2012
Le Palais Lumière est ouvert tous les jours de 10h30 à 19h sauf le lundi (14h-19h)
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«Le “Dictateur»”. discours d’Hynkel