Bientôt s’achève une exposition en tous points remarquables: Exposition.
Art of another kind: International Abstraction and the Guggenheim, 1949-1960.
“Un Art autre: l’Abstraction internationale”.
Le Guggenheim est un de ces lieux mythiques que l’on retrouve toujours avec plaisir. Non seulement ses coursives elliptiques demeurent toujours d’une modernité immuable et cela est déjà en soi impressionnant, mais le plaisir d’admirer la collection ou les expositions en cours, en parfaite liberté, constitue pour la plupart des visiteurs la motivation essentielle de leur plaisir.
L’exposition de l’été 2012 rassemble près de 100 oeuvres par 70 artistes et constitue un panorama de l’abstraction avec des artistes qui en l’Europe comme aux Etats-Unis s’inscrivirent dans des recherches qui débouchèrent sur l’expressionnisme abstrait, Cobra et l’Art Informel.
Dans les années 50, nombreux furent les pays qui sortirent de leur isolationnisme et entrèrent de plain pied dans une phase d’ouverture internationale
C’est le critique français Michel Tapié qui le premier élabora l’identité d’«un art autre», ( Art an other kind), terme suffisamment vague pour recouvrir une multitude de styles mais dont l’identité essentielle d’avant-garde reposait sur la rupture avec la tradition ou les lexiques iconographiques.
C’est ainsi que l’on vit arriver: Karel Appel, Louise Bourgeois, Alberto Burri, Eduardo Chillida, Lucio Fontana, Grace Hartigan, Asger Jorn, Yves Klein, Willemn de Kooning, Georges Mathieu, Isamu Noguchi, Kenzo Okada, Jackson Pollock, Pierre Soulages, Antoni Tàpies, Maria Helena, Vieira da Silva, Takeo Yamaguchi ou Zao Wou-Ki.
L’expressionnisme abstrait embrasse différents champs de la peinture américaine d’après-guerre qui récusèrent la peinture de chevalet verticale.
Pollock installait dès les années 40 ses toiles sur le sol et versait la peinture directement dessus, il pouvait aussi la laisser tomber au goute à goutte ou encore provoquer des éclaboussures.
Le critique américain Harold Rosenberg a qualifié cette manière de peindre, plutôt théâtrale, d’ «Action painting» c’est celle que pratiquaient Pollock, William Baziotes, Willem De Kooning ou Adolph Gottlieb ». L’inconscient de l’artiste expulsée par l’action de peintre matérialisait en oeuvre son drame personnel
L’École de New-York qui rassemblait les artistes de l’avant-garde prit pleinement son essor dans les années 50 avec des peintres comme James et Hartigan ainsi que les adeptes du collage que furent Conrad Marca-Relli ou Robert Rauschenberg. D’autres peintres cessèrent aussi de pratiquer la peinture à la brosse. Mark Rothko utilisait de larges bandes de couleur pour exprimer les sentiments humains et inspirer un sentiment d’épouvante face au monde contemporain. Parmi les sculpteurs sur métal Herbert Ferber et Théodore Roszak ont fait oeuvre de pionnier.
On observe que l’avant garde européenne de l’après-guerre, bien que vivant dans une matérialité culturelle et politique différente, utilise des cheminements parallèles à ce qui se passe outre-atlantique .
En Espagne, l’art abstrait signifie libération de l’oppression franquiste, en Italie les artistes dissidents marquent leur différence contre le réalisme alors utilisé pour des finalités politiques, Jean Dubuffet en France, invente l’Art brut, il oppose une approche spontanée à mille lieues de tous les académismes, réfute toute culture officielle, et ne retient que des éléments figuratifs favorisant ainsi la quête de spontanéité quasiment à vocation thérapeutique exprimée par des personnes sans formation artistique.
L’Art informel nait à la fois en France, en Allemagne, en Italie, au Japon et en Espagne. Plusieurs termes alternatifs le qualifie pareillement, ainsi on évoque l’Abstraction lyrique, l’Art autre, le Matiérisme et le Tachisme. Les oeuvres de Alberto Burri comme celles d’ Antoni Tapiès (qui utilisaient des toiles encollées, du sable et des matières hétérodoxes (pigments, résines) pour donner du rythme à leurs compositions. La Nouvelle école de Paris accueillait aussi des artistes émigrés venus du lointain orient, comme Zao Wouki (Chine) ou Kumi Sugaï (Japon) et dont les anciennes traditions se mariaient avec les tendances nouvelles.
À la fin des années 50, une approche plus scientifique et interactive motive les artistes, Luco Fontana, Yves Klein, Piero Manzoni introduisent dans leurs oeuvres des monochromes purs quand d’autres s’intéressent dans le même temps à la dématérialisation induite par les déformations optiques face à l’objet d’art lui-même, aussi continuèrent-ils à approfondir l’induction du mouvement, de la lumière et de la couleur
L’exposition fait aussi la part belle à tous ces artistes d’avant-garde entrés au Guggenheim entre 1952 et 1960.
Tout au long du parcours, les oeuvres sont regroupées soit selon des affinités individuelles ou en fonction des appartenances aux grands courants artistiques: École de New-York, Art Brut, Cobra, École de Paris, Informalisme espagnol et italien, Art cinétique, Matiérisme, Performances et Monochromes
Pierre Alain Lévy
pour l’adaptation et la traduction pour le Guggenheim Museum à New York
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SOLOMON R. GUGGENHEIM MUSEUM
Art of Another Kind: International abstraction and the Guggenheim, 1949-1960
jusq’au 12 septembre 2012
1071 Fifth Avenue. New-York
Tarifs: adulte 22€, étudiants et seniors (+65a), gratuité pour les enfants en-dessous de 12 ans,
Le droit d’entrée comporte aussi le prêt gratuit d’un audio-guide en anglais, français, allemand, italien et espagnol
Horaires d’ouverture
du dimanche au mercredi de 10h à 17h45
le musée est fermé le jeudi
le vendredi de 10h à 17h45
le samedi ouverture à 17h45 et les visiteurs paient ce qu’ils veulent comme droit d’entrée (Pay what you wish)
– Le Dimanche 24 juin et le lundi 25 juin ouverture de 10h à 19h45