Les autorités égyptiennes prennent très au sérieux les menaces prononcées par un prédicateur djihadiste salafiste de détruire les pyramides de Gizeh, une des sept merveilles du monde.
C’est dans un entretien ce week-end sur la chaîne de télévision privée Dream 2 Channel que Murgan Salem al-Gohary a proféré ses menaces; il considère en effet que le Sphynx comme les pyramides relèvent de l’idolâtrie. Pince-Mi, Pince-Moi!
«Il faut détruire ces idoles et ces statues qui se trouvent en Égypte. Les musulmans doivent appliquer l’enseignement de l’Islam et se débarasser de ces statues comme nous l’avons fait en Afghanistan quand nous avons réduit en poussière et pulvérisé les statues de Bouddha» a-t-il déclaré au journal al-Masry al-Youm.
Cet appel est intervenu au lendemain de la manifestation qui avait réuni sur la Place Tahir au Caire près de 10 000 manifestants islamistes qui cherchaient à faire pression sur le gouvernement de Mohamed Morsi et demandaient l’application de la charria. Il est vrai que l’esprit de tolérance et de douceur qui caractérisait la civilisation de l’Ancienne Égypte n’ a vraiment rien à voir avec les appels à la violence et à l’arriération de ceux qui éructent et vocifèrent aujourd’hui au nom d’un totalitarisme d’inspiration religieuse.
Deux grandes statues de Bouddha avaient effectivement été réduites à néant par les talibans à Bamyan en Afghanistan, elles témoignaient d’un illustre passé de cette région alors terre de mission du Bouddhisme et lieu de passage vers la Chine (voir les articles que Wukali a consacré à ce sujet)
Il semblerait que des mesures de sécurité aient été prises aux alentours des sites de Gizeh près du Caire.
L’individu (photo d’illustration) dont on se demande de quelle madrassa pour fous furieux et fanatiques il sort est connu des services de renseignement et de police. La presse égyptienne encore libre révèle qu’il avait été condamné à deux peines de prison dont une à perpétuité à l’époque de la présidence d’Hosni Mubarak et qu’ il avait réussi à s’enfuir en Afghanistan où il rejoignit les talibans. C’est là qu’il fut blessé lors d’une attaque aérienne de l’Us Air Force, ensuite on le retrouve en Syrie où il fut arrêté avant d’être extradé en Égypte où il fut à nouveau envoyé en prison. Après les événements qui chassèrent Hosni Moubarak du pouvoir, il fut remis en liberté…
Ce n’est pas la première fois que les ultra-radicaux et autres salafistes de tous poils en Égypte formulent des menaces à l’encontre de l’exceptionnel et magnifique patrimoine archéologique égyptien. Le Sphynx, dont le nom est traduit en arabe par Abu al-Hul, «le père de la terreur» qui eut déjà à souffrir pendant la colonisation ottomane est le premier visé (sans jeu de mot !).
Une rumeur tenace et mensongère prétend que le nez de la statue a été emporté par un boulet de canon lors de la Campagne d’Egypte de Bonaparte. C’est archi-faux, les documents iconographiques et manuscrits de l’époque en attestent, la statue monument était déjà amputée. Bonaparte de surcroit portait une grande admiration à l’histoire de l’Égypte et à sa civilisation, lui qui avait emmené sur les rives du Nil une impressionnante délégation de scientifiques et de lettrés dont Champollion qui décrypta les hiéroglyphes.( lire l’article que WUKALI a consacré à l’incendie de l’Institut Français d’Egypte)
Pierre-Alain Lévy