Dylan Thomas né à Swansea au Pays de Galles, mort à New-York.
Dylan Thomas était l’homme de la grande soif, inextinguible. Soif d’intensité, soif de boire la fusion de la terre. Sa lave et ses océans. La poésie de Dylan Thomas est cosmique, tellurique. Il part du foisonnement de son monde intérieur, plein d’images et de fureur, pour aller jusqu’aux chaos des étoiles.
« Il y avait un monde et en voici un autre… », Dylan Thomas prend appui sur son panthéisme vibrant pour la nature, dont il célèbre les collines glorieuses, la mer profonde, comme dans des « visions et prières » pour chanter le cosmos.
Mais à son chant charnel et sensuel, car Dylan Thomas est avant tout un poète sensuel, s’ajoute ses élans mystiques, voire métaphysiques. La Bible si souvent scandée dans son enfance l’irrigue avec ses notions du mal et du bien, ses démons et ses tentations.
« Ce monde est mon partage et celui du démon » peut-il ainsi proclamer. Dylan Thomas porte aussi en lui le poids de cet enfant mort, premier né de ses parents, dont le fantôme le poursuivra:
« Je suis le fantôme de cet ami anonyme sans prénom qui écrit les mots que j’écris… »
Lui qui partira au fil de la vie comme un chien crevé imbibé d’alcool à trente-neuf ans, est aussi le poète de l’innocence, ce « bébé » jamais devenu adulte, qui court encore dans l’herbe et tutoie le soleil.
Gil Pressnitzer
I have longed to move away
From the hissing of the spent lie
And the old terrors’ continual cry
Growing more terrible as the day
Goes over the hill into the deep sea;
I have longed to move away
From the repetition of salutes,
For there are ghosts in the air
And ghostly echoes on paper,
And the thunder of calls and notes.
I have longed to move away but am afraid;
Some life, yet unspent, might explode
Out of the old lie burning on the ground,
And, crackling into the air, leave me half-blind.
Neither by night’s ancient fear,
The parting of hat from hair,
Pursed lips at the receiver,
Shall I fall to death’s feather.
By these I would not care to die,
Half convention and half lie.
Dylan THOMAS. (1914-1953)
– Traduction
J’ai tant voulu partir
Loin des sifflements du mensonge passé
Et du cri constant des vieilles terreurs,
Devenant plus atroce à fur et à mesure que le jour
Passe par-dessus la colline dans la mer profonde.
J’ai tant voulu partir
Loin du rituel des salutations
Car il y a des fantômes dans l’air
Et des échos de fantômes sur la page
Et le tonnerre des appels et des notes.
J’ai tant voulu partir mais j’ai peur.
Quelque vie, pas encore usée, pourrait exploser
Hors du vieux mensonge brûlant sur le sol
Et, crépitant dans l’air, me laisser à moitié aveugle.
Jamais dans la peur primale de la nuit,
La séparation du chapeau des cheveux,
Les lèvres serrées devant la radio,
Je ne tomberai sous la plume de la mort.
Et donc je ne m’inquiète pas de mourir,
moitié usage et moitié mensonge.