Le goût du sport, un sujet qui alimente nos conversations, et qui somme toute fait société. Un esprit sain dans un corps sain. Qui n’a pas entendu, le plus souvent en latin, cette maxime. Le culte du corps, la beauté, enfin les critères actuels de la beauté sont le plus souvent le résultat d’une vraie torture du corps pour le modeler, pour essayer, tant faire ce peu, de corriger ce que dame nature, et notre patrimoine génétique, nous a donné comme enveloppe corporelle.
Ainsi, nous venons de sortir d’une période « a-normale », inouïe, ahurissante et que nous n’avions jamais imaginé vivre. Une des rares permissions que nous avions pour avoir le droit de sortir de notre lieu de confinement était de faire une heure de sport par jour. Et plus d’un s’est adonné aux joies de la course à pied. Jamais il n’y a eu autant de coureurs dans les rues de nos villes !
Avant tout, le sport considéré comme instrument privilégié pour sortir de son domicile. Comme par hasard, « le nouveau monde » qui était censé naître à l’issue de la pandémie, a oublié les bienfaits du sport : le nombre de coureurs à pied est revenue à son étiage d’avant confinement, au même niveau de ce qu’il fut dans l’ancien monde. Inénarrable perplexité de l’être !
Le Mercure de France a publié un petit recueil de textes. Petit aussi bien par le format que par sa longueur (126 pages) autour du sport. Divisé en 4 parties (penser le sport ; sport et poésie ; sport et romans ; le sport au féminin), il est construit autour de courts extraits de textes ayant le sport pour thème. La palette est large, très large, allant de l’antiquité au XXIè siècle.
Et oui, Platon a écrit sur le sport, même si ce n’est sûrement pas cet aspect de l’œuvre du philosophe que nous apprîmes à découvrir, mais c’est un fait.
Certes, il y a des auteurs « connus » comme Montherlant, Flaubert, Giraudoux et autre François Coppée ou Pierre Loti et sa célèbre partie de pelote basque ou Jules Vernes. D’autres moins connus ou quelque peu oubliés : Patricia Reznikov, Marie-Thérèse Eyquem, Jean-Luc Marion ou Carlos Drummond de Andrade.
Au demeurant, originalité de ce recueil, Le goût du sport, est la partie relative au sport au féminin, avec en introduction la réflexion, la position de Pierre de Coubertin, (attention çà décoiffe) : « une olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte. Le véritable héros olympique est l’adulte mâle individuel. Les JO doivent être réservés aux hommes, le rôle des femmes devrait être avant tout de couronner les vainqueurs. »
Nul doute, les historiens diront: autres temps autres mœurs, les terroristes bien pensants vont demander que le nom de Pierre de Coubertin soit gommé de tous les livres, surtout ceux qui ont trait au sport.
Surtout, une mention doit être faite à Gérard de Cortanze, talentueux écrivain, grand sportif qui a commis cette compilation. Il est aussi l’auteur de l’avant-propos qui est un petit essai sur sa perception du sport qui est très plaisante et intéressante à lire.
On prend ce livre, on en lit un ou deux extraits, on l’oublie, on y revient, on reprend du plaisir à lire… et il est fini sans même que l’on se soit aperçu que l’on l’a lu.
Le goût du sport
Gérard de Cortanze
éditions Mercure de France. 8€
Illustration de l’entête: Marie-José Pérec. Jeux Olympiques d’Atlanta. 1996.