I vote for Emmanuel Macron


Je crains de manquer d’imagination. Ainsi ai-je été incapable de penser le retour de la plus veille et de la plus meurtrière des bêtises de l’histoire. Pour les staliniens des années 30, les « masses populaires » avaient été jetées dans les bras du fascisme par le capitalisme libéral et par les sociaux-traitres. Par conséquent, tout vote en faveur des bourgeois libéraux ou des sociaux-démocrates préparait, à moyen terme, le triomphe du fascisme. A la lettre près, c’est le même raisonnement qui justifie la désertion d’une partie de la gauche face à[** Marine Le Pen*]. [**Emmanuel Macron*] se trouve diabolisé, plus que Marine Le Pen. Il ose dire que la construction d’une ligne Maginot de l’économie n’arrêtera pas le chômage, que le repli et l’isolement ne nous protégerons pas des désordres du monde. Il est donc le représentant de la finance cosmopolite. N’a-t-il pas travaillé pour une banque dont le nom obsède l’extrême-droite française, depuis [**Drumont*] et [**Maurras*] ? Il est [**Rothschild*], donc infâme. Aucune autre banque française ne provoque le même effet répulsif. Et, comme dans les [**années 30*], une certaine gauche croit affirmer son opposition au capitalisme en reprenant le langage haineux, visant non l’exploitation du travail, mais Rothschild et la finance internationale. La haine infecte le discours politique. Les élites, les étrangers, l’Europe, le monde : il faut nécessairement haïr, la haine devient le nouvel impératif catégorique. A ce jeu, Marine Le Pen triomphe. Elle y ajoute le mensonge, en prétendant, par exemple, qu’elle protégera les Français du terrorisme, alors même qu’elle prône le rapatriement des troupes françaises qui le combattent au Proche Orient et en Afrique. Au long de la campagne du premier tour, Emmanuel Macron a été le seul candidat qui ne portait aucune haine et se concentrait sur ses propositions économiques et politiques. Libre à chacun de les discuter, de les combattre, mais ce qui demeure, au second tour, c’est l’opposition entre un homme de projet, décidé à entreprendre, et une femme qui cherche à fédérer les rancœurs et les haines. L’élection de Marine Le Pen ne provoquerait pas seulement une catastrophe économique : elle libérerait les pulsions, elle les libère, déjà par son seul succès. La haine constitue l’identité même du Front National. Est-ce la France que nous voulons laisser en héritage ?

Je veux rester citoyen d’une République fondée sur la fraternité, autant que sur la liberté et l’égalité. Pour cette simple raison,[** je vote Emmanuel Macron*].

[**Guy Konopnicki*]
Ecrivain et journaliste
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WUKALI 03/05/2017
Illustration de l’entête: photo ©Sud-Ouest

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