Identification of the French drawings recovered in Gurlitt art hoard
Wukali a déjà consacré plusieurs articles sur la « collection » Gurlitt, nous poursuivons cette enquête avec un article sur ce sujet paru dans Le Figaro.
Lu dans la presse.
L’expert Louis-Antoine Prat nous livre son regard sur quelques feuilles majeures de l’impressionnante collection réunie par Hildebrand Gurlitt, expert en art auprès de l’Allemagne nazi.
Fragonard
«Dans les nombreux dessins français consultables sur lostart.de, j’ai plusieurs doutes concernant les attributions. Par exemple, sur un de ceux donnés à Guardi. Chez les Français, les Jean-Baptiste Pater et le Louis Trinquesse ont l’air bons. Les deux pastels de Degas, un nu dans une baignoire et un nu aux cheveux rouges, me semblent bien faibles. Mais comment juger sur de si petites images? Beaucoup ne sont pas attribués et pourraient l’être. Comme ce paysage aquarellé qui m’a tout l’air d’être un Fragonard.»
Watteau
«L’auteur de cette femme couchée en chemise n’a pas été identifié par la commission. Il existe pourtant un double de cette feuille. Il est publié dans le corpus des dessins établi par Pierre Rosenberg et moi-même. Il se trouve dans une collection particulière à New York. Une autre feuille figurant des petits amours mimant un défilé militaire est donnée à Watteau. Je reconnais ici plutôt la main de Claude Gillot (1673-1722). Ce maître a eu le jeune Watteau pour collaborateur entre 1703 et 1708. D’où, peut-être, la méprise.»
Ingres
«Cette feuille est intitulée Chevalier sur un lit d’hôpital. Il s’agit en réalité d’Antiochus et Stratonice, une composition commandée en 1834 par Ferdinand-Philippe d’Orléans à Ingres. Le tableau est à Chantilly. Ingres avait dû partir diriger l’Académie de France à Rome et la réalisation a tardé. En fait, il réfléchissait à la composition depuis au moins 1807, année d’un dessin très proche de celui-ci conservé au Louvre. David avait traité la scène, et obtenu avec le prix de Rome en 1774. Ingres se mesure ici à son maître.»
Daumier
«Ces têtes d’homme sont d’Honoré Daumier et non d’Eugène Delacroix, comme affirmé sur le site des enquêteurs. Plusieurs autres Delacroix me semblent douteux, comme un picador et une étude de deux visages enturbannés. Les dessins plus tardifs, à la plume, sont bons. Parmi eux, il y a un croquis de bateaux. Delacroix l’a sans doute fait lors d’un de ses cinq séjours à Dieppe. Peut-être en 1852, date de son apport novateur dans le domaine du paysage qui allait aboutir à l’impressionnisme.»
Carmontelle
«Ce portrait de profil d’un homme assis sur une chaise en plein air n’est pas attribué. Il s’agit pourtant à coup sûr d’un Carmontelle», explique Louis-Antoine Prat. On connaît environ six mille portraits de Louis Carrogis, dit Carmontelle, dont plus de 480 sont conservés à Chantilly, au Musée Condé. Réalisés entre 1760 et 1789 à la mine de plomb, gouache et aquarelle, ils représentent souvent des gens de la cour et des salons, saisis de profil, en pied, accompagnés d’attributs permettant de les définir. Ici une médaille et un bouquet de fleurs énigmatiques…
Eric Bietry-Rivierre
Source: Le Figaro