An outstretched nude woman painted by Modigliani admitted now in the top 6. Who’s next ?
Hier chez Christie’s à New York, ce splendide tableau d’Amedeo Modigliani, acheté par un collectionneur italien voici près de cent ans et resté depuis dans la même famille, a atteint le prix stratosphérique de 170,4 millions de dollars ; pulvérisant le précédent record de l’artiste de plus de 100 millions de dollars…
La salle était bondée pour cette vente en nocturne, nulle doute un événement tout à la fois artistique, commercial et aussi mondain, et si les enchérisseurs étaient dans la salle, d’autres, l’acheteur en particulier, opéraient par téléphone.
C’est la deuxième œuvre d’art la plus chère au monde (la première étant un Picasso : Les Femmes d’Alger pour plus de 180 millions de dollars). L’artiste l’a peinte entre 1916 et 1918.
Elle fait partie de la série des «femmes couchées» réalisées pendant cette période, toutes de grandes dimensions (environ 60X90cm).
Ce tableau représente une femme allongée, modèle à demi couché, vu de près si bien que ses mains et la partie inférieure des jambes sont absentes du tableau. Le visage regarde le spectateur, les yeux fendus en amande demeurent invisibles sous les cils et les sourcils. Le nez est retroussé, les lèvres sont d’un rouge soutenu, le menton marque un ovale doux, la chevelure assez courte mais abondante enrichie le modèle. Les seins rebondis dégagent une intense puissance émotionnelle à légère connotation érotique maîtrisée. Le nombril souligne le modelé du corps à la vie palpitante. Les hanches sont très légèrement tournées, de telle sorte que le pubis reste caché. Le sujet se détache parfaitement sur le fond composé d’un lit rouge, d’un oreiller vert, d’un coussin bleu foncé. L’artiste a conféré à son modèle un aspect tridimensionnel évident, ce qui augmente sa force de vie.
Une impression de pureté, d’élégance, classiques toutes deux, se dégage du tableau. Le dessin sous-tend l’expressivité exceptionnelle des couleurs devenues coloris, c’est-à-dire qu’elles sont à leur maximum d’intensité, quasiment spiritualisées. Le parfait équilibre du dessin et de la couleur explique cette sensation de classicisme si rare chez cet artiste de nature inquiète. Tous ces composants forment un tout, une alchimie particulière qui porte un nom : le génie.
Sans doute l’effet de mode, la volonté d’acquérir une œuvre prestigieuse inconnue sur le marché de l’art ont dû jouer dans le prix d’adjudication obtenu mais les acheteurs potentiels savaient confusément, consciemment ou non, que le tableau appartenait à la catégorie des chefs d’œuvre. C’est la raison première de ce triomphe.
L’acheteur est un milliardaire chinois né en 1963, PDG d’uns société d’investissement, Sunline, très active sur le marché de l’art.
Dans le club très fermé des oeuvres à plus de 100 millions€ ( à 9 chiffres comme le disent nos amis américains), Modigliani désormais rejoint Picasso (3 oeuvres), Bacon, Giacometti (3 oeuvres), Warhol et Munch
Jacques Tcharny et Julius Kleiner (correspondant de WUKALI à N-Y)
WUKALI 10/11/2015
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