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Sur Mimo, les musées accordent leurs instruments

À l’initiative d’un Écossais de l’université d’Édimbourg, l’inventaire numérisé des collections d’instruments de musique de musées européens a été réuni dans une base de données d’une richesse inégalée.

Où trouve-t-on la plus belle collection de violons Stradivarius ? Sur le Musée européen en ligne des instruments de musique, ou Mimo de son petit nom (pour Musical Instruments Musem Online), base de données de près de 45 000 fiches d’instruments de musique.

Ce projet ambitieux a commencé en 2008 à l’université d’Édimbourg. Norman Rodger, responsable des projets numériques de l’université écossaise, cherchait à promouvoir la collection d’instruments anciens de l’établissement qui en compte plus de 4 000.

« Après avoir fait le tour des sites de musées d’instruments et de conservatoires, je me suis rendu compte qu’il était très compliqué de rassembler des informations, chaque site ayant une présentation différente de ses collections », raconte Norman Rodger, qui eut alors l’idée de créer un seul et même site réunissant toutes ces fiches.

« En mars 2008, j’ai pris mon bâton de pèlerin et suis allé proposer mon projet à 30 musées européens du Cimcim », le Comité international des musées et collections d’instruments de musique. Une dizaine ont donné leur accord : Mimo était né.

FINANCEMENTS EUROPÉENS

Financée par le programme européen eContentplus, dont le but est de rendre le contenu numérique plus accessible, la récolte des données a coûté 3 millions d’euros et duré deux ans, pour s’achever en septembre dernier. La base est d’abord intégrée dans Europeana, la bibliothèque européenne en ligne, mais un site dédié a depuis été créé pour accueillir amateurs et chercheurs.

La plate-forme technique est conçue par la Cité de la musique, qui a dû relever le défi de créer un thesaurus commun traduit en six langues. Comme la plupart des partenaires, l’établissement parisien en a profité pour numériser l’intégralité de ses collections, ajoutant le plus souvent des photos, voire des enregistrements sonores.

Même si la période de financement est terminée, Mimo reste ouvert à d’autres musées. De onze, on est déjà passé à 22 institutions de toute l’Europe, du Musée des instruments de musique de l’université de Leipzig au Pôle accordéons de la Ville de Tulle, en passant par la Galleria dell’Academia de Florence. D’autres établissements européens sont intéressés, comme le Musée du Quai-Branly ou le Musikmuseet de Copenhague.

OUVERTURE AUX MUSÉES AMÉRICAINS

Mimo séduit même d’autres membres du Cimcim aux États-Unis, à l’instar du prestigieux Metropolitan Museum of Art de New York. Mais tous devront accepter certaines restrictions dues aux sources du financement.

« Seules les collections européennes des musées américains figureront sur le site », explique Norman Rodger. Mimo n’a pas non plus vocation à accueillir d’autres bases de données liées aux instruments de musique, comme celles de partitions. Mais des liens pourront être établis dans l’avenir, afin de mettre toutes ces connaissances en musique.

STÉPHANE DREYFUS


Illustration. Clavicorde, ancêtre du piano forme. Musée de la Musique,Cité de la Musique


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Visite au Musé de la Musique. Paris

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