La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres.

Fuir ! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres

D’être parmi l’écume inconnue et les cieux !

Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux

Olécio partenaire de Wukali

Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe

Ô nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe

Sur le vide papier que la blancheur défend

Et ni la jeune femme allaitant son enfant.

Je partirai ! Steamer balançant ta mâture,

Lève l’ancre pour une exotique nature !

Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,

Croit encore à l’adieu suprême des mouchoirs !

Et, peut-être, les mâts, invitant les orages,

Sont-ils de ceux qu’un vent penche sur les naufrages

Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots …

Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots !

Stéphane MALLARMÉ (1842-1898)


ÉCOUTER VOIR

Video intéressante à plus d’un titre, le poème de Mallarmé est traduit en italien ou Etienne se substitue à Stéphane, (juste sur sur le sens mais qu’importe) une intéressante recherche iconographique et musicologique qui colle au texte, avec des oeuvres dont certaines rares et peu connues de E. Leighton, J-M Folon, C-D Friedrich, W. Bouguereau, W. Turner ,W. Etty ou M. Chagall, avec en illustration sonore Eric Satie et un somptueux solo au violoncelle de Jean de Sainte Colombe (1640-1700).


Illustration

Dessin de Pierre-Paul Prud’hon (1758-1823). Crayon noir, estompe, rehauts de craie blanche


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