Les principaux sites.
Le Tombeau des Askia est situé dans la ville de Gao. Le bien comprend les éléments suivants : la tour pyramidale, les deux mosquées à toit plat, les nécropoles et la place de la pierre blanche. La spectaculaire structure pyramidale a été édifiée par Askia Mohamed, empereur de l’Empire Songhaï, en 1495. Le Tombeau des Askia a été bâti lorsque Gao devint la capitale de l’Empire et que l’Islam fut adopté comme religion officielle.
Le Tombeau des Askia est un magnifique exemple de la façon dont les traditions locales ont adapté les exigences de l’Islam en créant une forme architecturale unique dans tout le Sahel d’Afrique de l’Ouest. Vestige le plus important et le mieux conservé du puissant et riche Empire Songhay qui s’épanouit dans l’ouest de l’Afrique aux XVe et XVIe siècles, sa valeur repose également sur sa forme architecturale de tombeau/minaret, ses salles de prières, son cimetière et son espace pour les assemblées qui ont survécu et sont encore en activité. Sur le plan architectural, le Tombeau des Askia est un exemple éminent du style soudano-sahélien qui se caractérise par des formes arrondies résultant du renouvellement régulier de la couche d’enduit érodée à chaque hivernage par les pluies rares mais violentes. La forme pyramidale du tombeau, sa fonction de minaret central ainsi que la longueur et la forme des pièces de bois composant l’échafaudage permanent, apportent au Tombeau des Askia des caractéristiques architecturales uniques.
Tombouctou
Située aux portes du désert saharien, aux confins de la zone fertile soudanaise et dans un site exceptionnellement propice et proche du fleuve, Tombouctou est l’une des villes d’Afrique dont le nom est le plus chargé d’histoire.
Fondée au Ve siècle, Tombouctou connait son apogée économique et culturel aux XVe et XVIe siècles. C’était un haut lieu de la diffusion de la culture islamique avec l’université de Sankoré comprenant 180 écoles coraniques et comptant 25 000 étudiants. C’est aussi un carrefour et un véritable lieu de négoce où se négocient les manuscrits et le sel de Teghaza venant du nord, les ventes d’or, de bétail et de céréales provenant du sud.
La mosquée de Djingareyber, dont la construction initiale remonte au sultan Kankan Moussa revenu en 1325 du pèlerinage à la Mecque, a été reconstruite et agrandie entre 1570 et 1583 par l’Imam Al Aqib, Cadi de Tombouctou qui lui ajouta alors toute la partie sud et le mur d’enceinte du cimetière situé à l’ouest. Le minaret central qui domine la ville constitue un des repères le plus visible du paysage urbain de Tombouctou.
La mosquée de Sidi Yahia, au sud de la mosquée de Sankoré, aurait été construite vers 1400 par le marabout Cheick El Moktar Hamalla dans l’attente d’un saint qui se manifesta quarante ans plus tard en la personne du chérif Sidi Yahia, qui fut alors désigné comme Imam. La mosquée a été restaurée en 1577-1578 par l’Imam Al Aqib.
Les trois grandes mosquées de Djingareyber, Sankoré et de Sidi Yahia, seize mausolées de saints et les places publiques, témoignent toujours de ce passé prestigieux. Les mosquées sont des exemples exceptionnels de l’architecture de terre et des techniques traditionnelles d’entretien continu.
Chef lieu du Cercle du même nom, située à 130 km au sud-ouest de Mopti (la capitale régionale) et à environ 570 km au nord-est de Bamako (la capitale nationale), est l’une des villes les plus anciennes d’Afrique subsaharienne.
Le bien culturel dénommé « Villes anciennes de Djenné » est un bien en série composé de quatre sites archéologiques Djenné Djeno, Hambarkétolo, Kaniana et Tonomba, et du tissu ancien de la ville actuelle de Djenné couvrant une superficie de 48,5 ha et divisé en dix quartiers. Le bien est un ensemble qui a longtemps symbolisé la ville africaine par excellence. Il est aussi particulièrement représentatif de l’architecture islamique en Afrique subsaharienne.
Le bien est caractérisé par un usage intensif et remarquable de la terre particulièrement dans son architecture. La mosquée exceptionnelle, de grande valeur monumentale et religieuse, en est un exemple éloquent. La ville est célèbre pour ses constructions civiles dont le style est marqué par la hauteur et les contreforts, ainsi que pour ses maisons monumentales, d’un style élégant et aux façades soigneusement composées.
Des fouilles effectuées en 1977, 1981, 1996 et 1997, ont révélé une passionnante page de l’histoire de l’humanité remontant au 3ème siècle avant Jésus Christ. Elles ont mis au jour un ensemble archéologique qui témoigne d’une structure urbaine préislamique riche de ses constructions circulaires ou rectangulaires en djenné ferey, et de nombreux vestiges archéologiques (jarres funéraires, poteries, meules, scories de métal, etc.).
Le bien « Villes anciennes de Djenné » s’identifie par la ville de Djenné, caractérisée par une architecture remarquable et sa trame urbaine, d’une rare harmonie et par quatre (4) sites archéologiques qui témoignent d’une civilisation préislamique disparue.
Le bien « Villes anciennes de Djenné » possède encore les valeurs qui ont justifié sa valeur universelle exceptionnelle à son inscription sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. On peut citer, en premier lieu, les valeurs archéologiques, historiques, religieuses et architecturales.
Falaises de Bandiagara (pays dogon)
Le site des falaises de Bandiagara du pays Dogon est un vaste paysage culturel qui couvre 400 000 hectares et comprend 289 villages répartis entre les trois régions naturelles : plateau gréseux, falaise, plaine (plus des deux tiers du périmètre classé sont occupés par le plateau et les falaises).
Les communautés du site sont essentiellement des Dogon dont la relation étroite à leur environnement s’exprime dans ses traditions et rituels sacrés.
Le site du pays dogon est une région impressionnante de formation géologique et environnementale exceptionnelle. L’occupation humaine de la région, avérée depuis le Paléolithique, a permis le développement et l’intégration harmonieuse au paysage de cultures matérielles et immatérielles riches et denses dont les plus connues sont celles des Tellem, dont on pense qu’ils vivaient à l’abri des cavernes, et des Dogon.
Ce milieu hostile et difficile d’accès fut depuis le XVe siècle un refuge naturel qui répondait à une nécessité de défense des Dogon face à des envahisseurs très redoutables. Retranchés dès lors sur le plateau et accrochés au flanc des falaises, les Dogon ont du, grâce à cet abri défensif, préserver leur culture et leurs traditions des siècles durant. L’architecture du pays Dogon a su mettre à profit les contraintes physiques du lieu. Que ce soit sur le haut plateau, sur les flancs de la falaise ou dans la plaine, les Dogon ont exploité tous les éléments disponibles sur place pour ériger leurs villages, qui reflètent leur ingéniosité et leur philosophie de la vie et de la mort.
Les villages Dogon dans certaines aires culturelles sont composés de nombreux greniers, pour la plupart carrés à la toiture pointue couverte de chaume, la gin’na, ou grande maison de famille, comporte généralement deux niveaux. Sa façade de banco, dépourvue de fenêtres est néanmoins percée d’une série de niches et de portes, souvent ornées de motifs sculptés : des rangées de personnages masculins et féminins symbolisant, le couple gémellaire ancestral.
L’une des formes les plus caractéristiques du pays Dogon est celle du togu-na, le grand-abri, un hangar qui abrite sous un toit de branchages supporté par des poteaux de bois non équarris, une plateforme où sont disposés des bancs pour les hommes.
Lieux privilégiés, les sanctuaires totémiques (binu) sont d’une grande variété : certains, dans des cavernes, perpétuent sans doute, des lieux de culte Tellem ; d’autres, bâtis en banco, sont semblables aux maisons. Les plus vénérés sont à la charge du Hogon, prêtre d’un ou de plusieurs villages vivant seul, sous l’inspiration du serpent Lebè, dont le totem est souvent sculpté près de la porte de sa demeure.
L’intrusion de nouvelles « religions du livre » (Islam et Christianisme), depuis au moins le XVIIIe siècle, a contribué à fragiliser ce patrimoine qui subit aujourd’hui les effets pervers de la mondialisation liés au développement d’un tourisme culturel croissant et au phénomène de l’exode rural, conséquence de la sécheresse des dernières décennies.
WUKALI 23/02/2013
Wukali remercie le service communication de l’Unesco qui a fourni toute la documentation nécessaire à la rédaction de ces articles
Illustration de l’entête. Tombeau des Askia.