Renaissance in view for mural paintings in L.A.


C’est le 20 août prochain que doit se réunir le City Council de Los Angeles (équivalent américain du conseil municipal français) pour voter la levée de la prohibition des peintures murales sur l’espace public datant de 2003. Le comité ad hoc chargé de la gestion des territoires vient de produire une ordonnance argumentée donnant un avis favorable et de la transmettre aux services municipaux.

Depuis près de dix ans en effet une interdiction de peindre des fresques murales ou autres décors sur toutes les façades des maisons ou autres surfaces immobilières de Los Angeles avait été prise au motif de ralentir la prolifération de la publicité et de la signalisation commerciale. Elle était par ailleurs souvent ignorée.

Par parenthèse, il est intéressant de constater que de nombreux peintres de décors muraux de Los Angeles sont chicanos, autrement dits mexicains, héritiers putatifs de David Alfaro Siqueiros dont l’oeuvre est présente à L-A, et s’il est évident de noter que cette affaire concerne la Californie, un des états fédéraux américains dont la population d’origine hispanique est notablement importante, elle est voisine du Mexique et que c’est dans ce pays qu’est né dans les années 20 le mouvement muraliste incarné par des peintres tels que: Diego Rivera, David Alfaro Siqueiros ou José Clemente Orozco. La capitale Mexico est richement embellie par de nombreux murs peints à fresque qui décorent de non moins nombreux monuments tels que le Palais National, el Palacio de Bellas Artes, le Colegio de San Ildefonso, le Secretaría de Educatiòn Pública ou le Museo Mural Diego Rivera bien entendu.

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Mais revenons à nos moutons c’est à dire à Los Angeles, les adversaires de cette mesure avaient souligné qu’elle nuisait à l’expression des artistes et contribuait à bloquer la création d’oeuvres. Pour un des conseiller municipaux Gilbert Cedillo favorable à la levée de l’interdiction: «L’art et la culture sont favorables à notre économie et constituent le sang même de notre cité». Quant à Isabel Rojas-Williams, présidente d’une association de soutien aux artistes et de lobbying pour la préservation du patrimoine mural de la ville (Mural Conservancy of Los Angeles MCLA) : « Cette autorisation accordée permettra de faire de Los Angeles une des villes les plus créatives du monde».

Le document transmis aux élus offre deux possibilités et se présente ainsi : soit l’ autorisation de réaliser des peintures murales sur les maisons accueillant une seule famille pour autant que les comités communautaires donnent leur aval, soit le rejet pur et simple. Formulation on ne peut plus académique dans le droit fil du juridisme américain. En outre le document précise les différentes aides que la cité de Los Angeles peut apporter à la remise en état ou à la restauration du patrimoine pariétal décoré.

Il n’en fallait pas plus pour qu’immédiatement c’est à dire dès le lendemain de la parution de cette ordonnance le MCLA prenne contact avec le Service des transports de la Californie ( Caltrans) pour que soit organisée sans attendre la restauration d’une oeuvre de John O. Wehrle intitulée Galileo Jupiter Apollo datant de 1983, peinte sur le long de l’autoroute Hollywood Freeway et commanditée à l’artiste à l’occasion des Jeux Olympiques. Cette oeuvre mesure 69 m de long et au fil des ans a été sauvagement souillée et dégradée, recouverte de graffitis parasites que Caltrans couvrait tant bien que mal de couches de peinture elles aussi barbares. Les travaux sont dores et déjà commencés ( ah la belle réactivité de nos amis américains !), la restauration s’étalera sur 4 mois.

Le MCLA qui est en pointe sur ce dossier envisage ensuite de restaurer une autre fresque murale décorant une voie rapide, celle de l’artiste mexicain Willie Herrón III qui a pour nom Struggles of the World. Pour cet artiste qui a milité depuis le début pour la réhabilitation des murs peints : « c’est comme sortir un album que vous avez enregistré il y a 40 ou 50 ans, et que vous n’avez jamais écouté depuis, vous le posez sur le plateau du tourne-disque et vous retournez au sentiment que vous aviez éprouvé, qui plus est cela demeure tout autant d’actualité».

Les oeuvres murales peintes qu’elles soient sauvages ou non, en l’occurence dans cet article la société américaine et précisément la Californie, s’inscrivent à part entière et de belle manière dans le continuum artistique. Elles participent au symbolisme et au décryptage sémantique de nos sociétés et en fournissent l’écrin. De même manière à New York est né le Street art ou l’art du graffiti, un art populaire dont l’analyse révèle de bien surprenants constats, mais c’est une toute autre histoire et nous aurons il va de soi l’occasion d’en reparler … !

Julius Kleiner correspondant de Wukali aux USA et Pierre-Alain Lévy


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Illustration de l’entête: El Mac (arrière-plan peint par Retna). Brumisateur acrylique sur brique, Los Angeles, USA 2007


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