En hommage à Guillaume Apollinaire qui était son ami, Blaise Cendrars a rédigé ce poème quelques jours après sa mort (9 novembre 1918)
…Les temps passent
Les années s’écoulent comme des nuages
Les soldats sont rentrés chez eux
A la maison
Dans leurs pays
Et voilà que se lève une nouvelle génération
Le rêve des Mamelles se réalise !
Des petits Français, moitié anglais, moitié nègre, moitié russe,
Un peu belge, italien, annamite, tchèque
L’un à l’accent canadien, l’autre les yeux hindous
Dents face os jointure galbe démarche sourire
Ils ont tous quelque chose d’étranger et sont pourtant bien de chez nous
Au milieu d’eux, Apollinaire, comme cette statue du Nil, le père des eaux,
Étendu avec des gosses qui lui coulent de partout
Entre les pieds, sous les aisselles, dans la barbe
Ils ressemblent à leur père et se départent de lui
Et ils parlent tous la langue d’Apollinaire
Blaise Cendrars (1887-1961)
Illustration de l’entête: Blaise Cendrars peint par Amédéo Modigliani.
Prenez le temps d’aller lire «Les Pâques à New York», merveilleux poème de Blaise Cendrars déjà publié dans Wukali