« Le premier pas vers la philosophie, c’est l’incrédulité« , voici l’une des dernières phrases que prononça Diderot quelques heures avant sa mort le 31 juillet 1784. Nous célébrons cette année , comme nous aimons tant les célébrations en France, l’anniversaire de sa naissance le 5 octobre 1713. Quelques citations complémentaires  » Il vaut mieux être mauvais auteur en repos, que bon auteur persécuté.(…) Les dévots n’entendent point raillerie, je vous en avertis. Ils prennent tout au sérieux, et ils vous pardonneraient plutôt cent raisonnements qu’un bon mot« , ou encore « Si le monde est abandonné à la force, à l’ignorance, au fanatisme, aux passions, à quoi sert le philosophe? À rien  »

Parce qu’il est avec un talent égal, maître d’oeuvre du plus grand projet intellectuel du siècle des Lumières, l’Encyclopédie, inventeur de la critique d’art moderne, penseur matérialiste, défenseur d’une morale de l’homme, amant-épistolier prolixe, créateur d’une forme romanesque d’avant-garde, infatigable débatteur, philosophe et homme engagé, Diderot échappe à toutes les étiquettes.

Fils d’un coutelier de Langres, autrement dit fils de personne en un temps où on demandait aux penseurs et aux écrivains d’être bien nés, Denis Diderot est condamné à tout inventer pour tenir ce rôle de philosophe qui devient sa véritable identité. Et il invente dans le mouvement et l’allégresse d’une pensée toujours en éveil, dans l’inquiétude d’un siècle dont il précède toujours de quelques envolées les bouleversements et les crises. Le pouvoir royal et le pouvoir clérical qui voient en lui l’incarnation d’un très contemporain Satan ne parviennent pas à freiner son élan vers le futur. Car Diderot fait le pari de la austérité : demain, on saura le lire.

En son temps, il écrit pour ses tiroirs. Autrement dit pour nous.

in Pierre Lepape, Diderot. Grandes Biographies Flammarion.

Illustration de l’entête, portrait de Diderot par Louis-Michel Van Loo exposé au Salon de 1767 (Louvre). Musée du Louvre – Salle Sully

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