When world-wide known specialists of religion exchange together in a colloquium. University professors, philosophers, historians, anthropologists such as René Girard, Walter Burkert, Renato Rosaldo, and Jonathan Smith.
La chronique littéraire de Félix DELMAS
Champs essais vient de rééditer « Sanglantes origines ». Ce livre est la somme des interventions et des débats qui eurent lieu en Californie en 1983 entre René Girard, Walter Burkert, Renato Rosaldo, Jonathan Smith, tous spécialistes des religions. Le plus connu, du moins en France, est bien sûr René Girard. Professeur de littérature dans des universités américaines, membre de l’académie française depuis 2005, proche de Rolland Barthes, de Jacques Derrida ou de Michel Serre, il s’est fait connaître pour ses travaux scientifiques sur le désir mimétique qui l’ont amené à s’interroger sur le phénomène de la violence tout en réorientant son champ d’investigation vers l’anthropologie. Son livre « Le bouc émissaire », paru en 1982, a ouvert de nouveaux champs d’études sur les origines des religions. Sa théorie du bouc émissaire, qu’il développe dans son intervention, fut en quelque sorte à l’origine de ce colloque. La question que se posaient tous les participants étaient de savoir si on peut essayer de trouver une origine unique au phénomène religieux et ce quelque soit la culture qui a présidé à l’apparition de ce phénomène ainsi que les façons différentes dont il va se revêtir. René Girard en s’appuyant sur une étude de différents mythes, aussi bien Œdipe chez les grecs que des mythes amérindiens, se prononce contre le structuralisme et son chef de file Claude Lévis Strauss. En effet pour lui, les mythes ne sont pas qu’un symbole, mais la mise en forme d’un événement violent, réel, ritualisé. Cet événement violent est, à l‘origine, la mise à l’écart (par la mort, par le bannissement) par un groupe d’individus d’une personne accusée d’être à la base de malheurs affligeant la société dont ils ne comprenaient pas l’origine. Pour se souvenir de ce moment, petit à petit, l’histoire réelle se transforme en mythe et engendre des rituels qui permettent de faire revivre, de commémorer ce moment, mais sans la violence qui y présida. Pour René Girard, il est nécessaire d’étudier les mythes non comme des histoires symboliques, mais comme des actes fondateurs de rituels permettant aux hommes de vivre dans une communauté apaisée. L’élaboration du mécanisme victimaire du bouc émissaire est pour lui le véritable moment du passage de l’animal à l’homme. De fait trois grandes théories se développent autour des notions de besoin, de désir et d’intérêt sans que le néophyte perçoive exactement toutes les différences entre elles. Mais il ressort quand même avec l’idée qu’elles ne sont pas antithétiques, tant elles sont proches par bien des aspects. A la fin de la lecture de ce livre, le lecteur n’aura pas de réponses à la question posée à savoir : peut-on définir une origine unique aux phénomènes religieux ? Tout au plus, comprend-il que les origines des religions se trouvent dans la violence, et que tous les rituels ne sont qu’une façon de la canaliser et de la symboliser pour permettre au groupe humain des croyants de vivre dans une certaine harmonie. Félix Delmas Sanglantes origines René Girard
Mais cet avis n’est pas partagé, loin de là, par les autres participants de ce colloque, bien que le phénomène de violence semble être partagé par tous comme étant à la fondation du sentiment religieux, comme les rituels de la chasse, ou la « chasse aux têtes »
Champs Essais. 11€
Illustration de l’entête: détail du Sacrifice d’Isaac. Le Caravage. Galerie des Offices. Florence
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