Qui ne connait pas Henri Gougaud ? Depuis le décès de Jean Pierre Chabrol, c’est le dernier grand conteur français encore vivant. Bien sûr, il est un auteur prolifique de romans (il faut avoir lu Balibaste (le dernier parfait cathare), L’expédition ou son dernier livre : L’enfant de la neige paru en 2011 chez Albin Michel) tous aussi intéressants les uns que les autres, mais surtout de contes et d’histoires. Toute bonne bibliothèque devrait comporter la série des « Arbres » (à soleils, aux trésors, d’amour et de sagesse) et des « Contes » (d’Amérique, d’Afrique, d’Europe, de la folie d’aimer, etc.).

Les éditions Albin Michel viennent de publier « Petits contes de sagesse pour temps turbulents » son dix-septième recueil de contes.

Pour les lecteurs « ayant plus de vingt ans », l’aspect de ce livre ne sera pas sans leur faire penser à la série des « contes et légendes » de chez Nathan : même couverture en carton dur, même dimension. Et les plaisirs que nous eûmes adolescents à la lecture de cette série, nous les retrouvons dans ce livre.

Bien sur Henri Gougaud est ce que « vulgairement » on appelle une « valeur sûre », et c’est d’autant plus vrai quand il prend ses habits de conteur. Il a un vrai talent pour écrire des histoires très courtes (au maximum deux pages) qui nous plongent chacune dans de vraie réflexions sur la nature humaine, sur la destinée humaine, sur la vacuité des choses et des pensées. Une vraie leçon sur la vacuité humaine, sur la relativité du matériel sur le spirituel, sur l’importance du silence sur le bruit, sur la vanité des apparences, sur l’importance de savoir jouir des petits instants de la vie du quotidien. Et comme ces contes se passent aussi bien en Chine qu’en Arabie, qu’en Israël qu’en Amérique, que chez les viking qu’au XXI siècle, il ressort de la lecture de ce recueil un vrai sentiment d’intemporalité et par voie de conséquence d’universalité.

Ce recueil est parsemé de véritables sentences, presque des proverbes voire des maximes, qui sont de véritables guides pour une vie calme et sereine.
Certains contes sont connus, et parfois même figurent en bonne place dans des recueils… d’histoires drôles. Mais la force, l’intelligence d’Henri Gougaud est qu’en les plaçant dans un contexte autre, elles ne sont plus drôles du tout, mais nous offrent à réfléchir.

Que dire de plus, rien, car celui qui résume le mieux ce livre n’est autre qu’Henri Gougaud dans la postface qui se trouve au verso de la couverture : « ce livre n’est pas fait pour être lu mais pour être fréquenté comme un ami proche, secret. »

Les recueils de contes d’Henri Gougaud doivent être pris, ouverts au hasard, on lit celui qui s’offre à nous, on le referme et on laisse son esprit vagabonder sur le chemin qui vient et nous invite.

Emile Cougut

Petits contes de sagesse pour temps turbulents

Henri Gougaud