Poems, pearls of beauty by a wonderful Persian poet born in 1048. Mollahs in Iran try to ruin his fame
Omar Khayyām (persan : غياث الدين ابو الفتح عمر بن ابراهيم خيام نيشابوري tout à la fois mathématicien, astronome, philosophe et poète est né en 1048 à Nichapur en Perse (Iran) et mort en 1131. Son nom complet signifie: fabricant de tentes. Ses poèmes sont appelés des « Rubaïyat »( quatrains en persan) et sont nourris d’une poésie mystique qui font de lui un soufi.
Il publie à Samarcande à l’âge de 24 son premier livre de mathématiques, passionné par l’astronomie il met au point un calendrier qui comporte déjà une année bissextile tous les quatre ans
Il se disait infidèle et croyant. Humaniste, hédoniste et épicurien jusqu’à l’ivresse, il célébrait l’amour des femmes et la compagnie d’échansons qui lui prodiguaient d’abondance le vin qu’il aimait tant. Il n’appréciait guère le clergé chiite pour qui il avait de l’aversion tant leur esprit obscurantiste déjà opprimait le peuple.
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De nos jours, les héritiers contemporains de ces derniers lui ont conservé une rancune tenace et feignent de le considérer comme un ivrogne païen et méprisable ce qui est faux. La civilisation de l’Iran, loin des barbus et mollahs conservateurs en diable ou leurs épigones qui oppriment, vitupèrent et censurent, ce sont aussi ces perles de poésie écrites par Omar Khayyam, ces célébrations de la vie, de la beauté, du vin et des femmes, cette exaltation joyeuse de la liberté de l’homme qui contraste avec cette austérité puritaine et intolérante déjà présente de son temps dans les lieux de prière.
Ces quelques lignes d’Omar Khayyam que nous reproduisons avant le long et beau poème qui suivra en sont l’illustration. En littérature comparée, on pourrait aisément rapprocher l’oeuvre d’Omar Khayyam de celle de Ronsard, voire de celle de Rabelais, avec une dimension mystique supplémentaire, à plus de quatre siècles de distance cependant !
(quatrain CVII)
Autrefois, quand je fréquentais les mosquées,
je n’y prononçais aucune prière,
mais j’en revenais riche d’espoir.
Je vais toujours m’asseoir dans les mosquées,
où l’ombre est propice au sommeil.
(quatrain CLIX)
« Allah est grand ! ». Ce cri du moueddin ressemble à une immense plainte.
Cinq fois par jour, est-ce la Terre qui gémit vers son créateur indifférent ?
(quatrain CLIII)
Puisque notre sort, ici-bas, est de souffrir puis de mourir,
ne devons-nous pas souhaiter de rendre le plus tôt possible à la terre notre corps misérable ?
Et notre âme, qu’Allah attend pour la juger selon ses mérites, dites-vous ?
Je vous répondrai là-dessus quand j’aurai été renseigné par quelqu’un revenant de chez les morts.
L’oeuvre d’Omar Khayyam a été connue tardivement en occident, ce sont les anglais qui au 19ème siècle ont établi les premières traductions de son oeuvre poétique qui fut notamment célébrée par les préraphaélites et par l’écrivain et poète anglais Thackeray. Une traduction française de ses quatrains, ses Rubaïyat par Omar Ali Shah a été publiée récemment chez Albin Michel.
Pierre-Alain Lévy
CELUI qui fit la coupe aime aussi la briser!
Chers visages si beaux, et seins doux au baiser,
Par quel amour créés, détruits par quelle haine,
Périssez-vous, trésors de cette fleur humaine?
Étreins bien ton amour, bois son regard si beau,
Et sa voix, et ses chants, avant que le tombeau
Te garde, pauvre amant, poussière en la poussière,
Sans chansons, sans chanteuse amie, et sans lumière.
Puisque ce monde est triste et que ton âme pure,
O mon amie, un jour, doit aller chez les morts,
Oh ! viens t’asseoir parmi les fleurs sur la verdure,
Avant que d’autres fleurs s’élèvent de nos corps.
Que vos pas soient légers à ces mousses fleuries,
Près de ces flots riants comme des pierreries,
Car on ne peut savoir de quelles lèvres douces
Et mortes, ont jailli ces fleurs parmi ces mousses.
L’homme est une poupée en la main d’un géant
Nous sommes des jouets sur le damier des êtres,
Et le quittons bientôt pour rentrer au néant,
Dans la botte et dans l’ombre où les vers sont nos maîtres.
Cloué, les yeux fermés, sur les hauts murs de Khous,
Pend l’affreux chef saignant du fier Key-Kavous.
Sur son crâne un corbeau crie en raillant sa gloire,
Où sont tes clairons d’or qui sonnaient ta victoire?
Que d’êtres non vivants qui vivent sur la terre !
Que d’autres enfouis au séjour du mystère !
Et devant ce désert du néant, je me dis
Que d’êtres y viendront, combien en sont partis !
Tu vis donc se fermer, plein d’adorables choses,
Ce livre, ta jeunesse, et se mourir les roses
Du jardin, d’où l’oiseau d’hier s’est envolé…
— Où, pourquoi, qui le sait? Où s’en est-il allé?
Sois jaloux en voyant la rose qui s’effeuille;
Elle sourit et dit à celui qui la cueille
Déchirant le cordon de ma ceinture, enfin,
Je répands mes trésors d’amour sur le jardin!
Comme l’aube écartait le rideau de la nuit,
Quelqu’un de la taverne a crié : le temps fuit;
Remplis ta coupe avec la liqueur de la vie,
Et sois ivre, avant l’heure où la source est tarie.
Épervier fou, laissant le séjour du mystère,
Mon âme avait voulu monter encor plus haut;
Je n’ai point ici-bas trouvé ce qu’il lui faut,
Et rentre d’où je viens, mal content de la terre.
Que de soirs, avant nous, ont éteint leur clarté !…
Oh! prends garde, en posant ton pied sur la poussière,
Car peut-être fut-elle, aujourd’hui sans lumière,
La prunelle des yeux d’une jeune beauté?
Les sages te l’ont dit : cette vie est un songe,
Une chose est certaine, et le reste est mensonge,
Une chose est certaine ainsi que nos amours,
La fleur s’épanouit, puis meurt, et pour toujours.
Plus rouge, plus ardente et plus fière est la rose
Qui fleurit à la place où quelque Émir repose,
Ainsi que la jacinthe en la mousse des bois,
Pâle, sort d’une tête adorable autrefois,
Toute espérance est vaine où notre cœur s’endort,
Et cendre elle devient; car tout va vers la mort.
Dans le désert ainsi disparaît la lumière
De la neige, éclairant sa face de poussière.
Eux-mêmes les savants, ces scrutateurs des causes,
Sans cesse poursuivant la vérité qui fuit,
N’ont pu faire un seul pas hors de l’ombre des choses,
Et, nous contant leur fable, ils rentrent dans la nuit.
Allah, Toi qui parfois T’endors, puis Te réveilles,
Te caches, puis soudain brilles en des merveilles,
Essence du spectacle, autant que spectateur
Serait-ce pour Toi seul que Tu T’en fais l’auteur?
Ce monde, moins que rien, n’est qu’un rêve pour Lui;
Sa splendeur, soleil d’or qui jaillit de la nuit,
Une heure fait briller des poussières d’atomes
— Et tout cela, vaine apparence de fantômes!
Nous sommes descendus très bas, et cette vie,
Où nous venions trop tard peut-être, a contenté
Si mal en ses désirs notre âme inassouvie,
Qu’il lui plaît de sortir d’un monde sans beauté.
Voici le printemps clair où les lys vont renaître,
Où, comme ravivé du souffle de Jésus,
Le rosier va fleurir, et le ciel au-dessus
Verser des pleurs d’amour, en pensant à son Maître.
Traduction française de Jean Lahor (1907)
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