Two anniversaries: The greatest Voltaire, and the composer Benjamin Britten


Deux commémorations, deux anniversaires, deux articles. En effet Voltaire est né le 21 novembre 1694 (mort à Paris le 30 mai 1778) et Benjamin Britten quant à lui est né le 22 novembre 1913 (mort le 4 décembre 1976).

Commençons, honneur aux anciens, par Voltaire

Quel homme que Voltaire ! Non seulement un grand philosophe. LE philosophe avec Diderot du siècle des Lumières, mais aussi un homme de culture, un des fondateurs de l’Encyclopédie, un passionné de théâtre, curieux du monde, un homme de courage oui, qui sait prendre position et affirmer le droit et la justice quand des hommes sont salis, humiliés, bafoués, torturés, condamnés à tort, condamnés à mort. Voltaire, non seulement est l’homme de l’Affaire Calas, mais de toutes ces autres affaires, de tous ces dossiers qu’il prendra à bras le corps pour défendre le droit et la justice et se battre contre l’obscurantisme et l’intolérance. Et pour cela non seulement y mettra-t-il tout son courage, toute son énergie, toute sa fortune et son entregent dans toutes les Cours royales d’Europe, mais aussi sa santé, celle d’un valétudinaire de nature, chancelant, fragile et excessif à la fois, malade imaginaire parfois, mais toujours sur la brèche et que finalement rien n’arrête

Olécio partenaire de Wukali

Et en ce domaine de la défense des droits de l’homme dont on se doit de reconnaître aujourd’hui qu’il est le sublime et le premier modèle indépassable, l’action de Voltaire dépasse les frontières de la France quand il voulut défendre dans cette Angleterre, patrie de l’habeas corpus, l’honneur souillé de l’amiral Byng (qui sera hélas exécuté sur le pont d’un bateau à Portsmouth). Car du courage il en faut, et si Voltaire n ‘a pas oublié le court séjour qu’il fit très jeune à La Bastille, il sait pertinemment que les ultras et les dévots autour du Roi voudraient bien faire cesser ses piaillements et l’empêcher de s’exprimer, le jeter dans un cachot voire pire. Fernay, à côté de Genève et dont il devint le patriarche, n’est pas si loin de la frontière française et ce serait facile pour quelques chevaux-légers au service du Roi de France de s’emparer de sa personne !

Lors de l’exécution du chevalier de La Barre à Amiens, n’oublions pas que fut jeté dans le bûcher où périt le malheureux, « le Dictionnaire philosophique «  consumé par les flammes. Il se piquait de diplomatie et se voulut un temps un intermédiaire entre la France et le royaume de Prusse de Frédéric II. Las ce n’était pas son fort, et cette histoire se termina lamentablement dans une auberge de Francfort où Voltaire s’était arrêté fuyant son cher Frédéric, monarque éclairé comme on dit qui lui dépêcha ses sbires pour tenter de récupérer sa correspondance.

Il est de mode, de dénigrer Voltaire, surtout d’ailleurs quand on ne l’a jamais lu. De répéter les mêmes âneries sur le personnage, de s’attaquer à sa personne, sa richesse (immense) ses petits travers (et certes ils sont nombreux), d’imaginer (à tort) un personnage qui fait fortune par la traite des noirs ( ce qui en revanche est bel et bien le cas pour Beaumarchais), ou encore de fustiger un anti-judaïsme que l’on éclaire à la lumière anachronique du vingt-et unième siècle alors qu’il n’est que l’expression métaphorique de sa lutte contre l’intolérance et l’obscurantisme (Écr l’Inf…) dénoncée dans la très chrétienne France de sa Majesté le Roi Louis XV. Bref un salmigondis de clichés ineptes qui hélas dans certains milieux même éduqués connaissent quelques succès. Il est vrai qu’après sa mort, au dix-neuvième siècle le personnage et l’oeuvre « satanique » de Voltaire furent largement utilisés par la réaction conservatrice catholique pour tenter de lutter contre la philosophie des Lumières. Cet hallali contre Voltaire, c’est la revanche des médiocres! Ce que nous apprécions aussi chez Voltaire c’est précisément tous ses petits vices, ses petites mesquineries, ses ridicules qui précisément font de lui un homme de chair et de sang, donc faillible et non un donneur de morale un parangon de vertu, bref tout à l’opposé de Rousseau, ce contempteur du théâtre, le voisin névrosé de Genève.

La modernité de Voltaire, c’est aussi son intérêt pour le développement et le progrès, sa passion néophyte pour l’agriculture et l’artisanat. C’est lui qui fit d’une petite bourgade, Fernay, dans le Pays de Gex, tout à côté de Genève, un village prospère d’hommes libres, affranchis, libérés du joug des prêtres, qui découvraient la prospérité grâce aux moyens qui leurs étaient donnés par leur illustre mentor, la mécanisation, et toutes les nouvelles ressources d’une agronomie performante. Toujours Voltaire, qui fit venir s’installer dans ce même village de Fernay, des artisans horlogers venus de Genève, et qui se mirent à produire des montres d’une excellente qualité, vendues tant en Angleterre où elles étaient fameuses qu’auprès des Cours européennes où on se les arrachaient. C’est dire si notre personnage avait une conscience économique éclairée et un humanisme en action dont nous pourrions judicieusement nous inspirer !

Oui Voltaire est un homme brillant, curieux du monde, polyglotte (il parle anglais, allemand, italien, latin et espagnol), initié très jeune par ses fréquentations mondaines dans l’aristocratie la plus cultivée à un haut niveau de réflexion et de connaissance ( la société du Temple). Son oeuvre est protéiforme et sans mentionner ses contes, ses romans, ses histoires, ses essais, ses études, ses poèmes, ses pièces de théâtre, sa colossale correspondance, L’Encyclopédie, Voltaire fut la Lumière de son temps. Lors de son ultime séjour à Paris de janvier à mai 1778, il fut initié Franc-Maçon à la Loge des 9 soeurs, une loge vouée à la culture des sciences, des lettres et des arts, en présence d’Helvétius qui lui remit son tablier rituel. Savoir si Voltaire est ou non un homme moderne n’est d’aucun intérêt, ce qui est sûr, serait-il aujourd’hui notre contemporain il serait le plus talentueux, le meilleur des journalistes d’investigation, le plus grand communiquant, le plus grand des philosophes, le maître dont nous serions très fiers d’être de ses amis!

La veille de sa mort (30 mai 1778), quai des Théâtins à Paris (aujourd’hui appelé quai Voltaire et une plaque est apposée au numéro 27 sur son ultime demeure), Benjamin Franklin vient lui rendre une dernière visite.

Lors de ses funérailles un peuple entier d’une centaine de milliers de parisiens vient lui rendre hommage massé sur le passage du cortège funéraire et on cria « vive Voltaire le défenseur de Calas ! »

Il faut lire Voltaire, ses contes, ses romans, lire le Traité sur la tolérance

Bon Anniversaire donc François-Marie Arouet dit VOLTAIRE

Pierre-Alain Lévy

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HAPPY BIRTHDAY, SIR BENJAMIN BRITTEN !

car il est vrai que vous fûtes anobli par S.M la Reine Élisabeth voilà trente ans en 1973

Lors d’un discours que Britten prononça en 1964 au festival d’ Aspen au Colorado il dit: « je veux que ma musique soit utile aux gens, pour leur faire plaisir, pour illuminer leurs vies. Je n’écris pas pour la postérité … J’écris de la musique maintenant à Alderburgh ( Ndlr en Gb là il est né, vécut et fonda un festival), pour les gens qui y vivent, et d’un peu plus loin, à dire vrai pour tous ceux qui l’aiment jouer ou qui l’écoutent»

Britten était un homme d’une grande curiosité intellectuelle, il aimait les beaux textes et la poésie, très jeune en effet dés l’âge de 14 ans, il se mit à mettre en musique des poèmes en français de Verlaine, de Victor Hugo, mais aussi de Rimbaud ( Les Illuminations), de William Blake ou de Wilfried Owen, comme il fit aussi de même avec des textes en chinois. Sa passion de l’écriture musicale le conduisit à vouloir étudier à Vienne avec Alban Berg, dont son professeur et maître Frank Bridge lui avait fait découvrir le talent. Il avait écouté la retransmission de Wozzeck à la radio et en fut ébloui. Détenteur d’une bourse accordée par le Royal College of Music pour faire un stage à l’étranger il souhaitait donc partir pour l’Autriche pour y travailler avec le maître de la seconde école viennoise mais se heurta au refus catégorique de sa mère qui lui déconseilla au prétexte de «l’influence néfaste de ce compositeur moderne».

Il ne rencontra jamais Berg. Il eut cependant en 1936 l’opportunité d’écouter lors d’un voyage à Barcelone le concerto pour violon qui le bouleversa jusqu’au fond de l’âme

Son goût pour l’opéra trouve son origine même dans la musique de Purcell qu’il affectionnait particulièrement. «Mon but principal, écrivait-il, est de restaurer la gloire de la magnificence de la langue anglaise, sa liberté et sa vitalité qui ont curieusement été rares depuis la mort de Purcell». A l’occasion en 1945 de la célébration du tricentenaire de la mort de Purcell (1659-1695) Britten composa diverses oeuvres chorales ou opéra ( A Midsummer Night’s Dream) directement inspirés par l’oeuvre du musicien du 17ème siècle.

Son oeuvre chorale est impressionnante et trouve son accomplissement sublime dans le War Requiem qu’il joua pour la première fois en 1962 à l’occasion de la réconsécration de la cathédrale de Coventry qui avait été pendant la Guerre en 1940 écrasée sous les bombes. L’Arsenal de Metz vient d’ailleurs juste de résonner du concert de cette oeuvre grandiose qui déploie de vastes choeurs et une très riche palette orchestrale. La musique de Britten est simple, belle et émouvante, c’est ce qui en fait sa richesse.

Parti juste avant guerre aux Usa en 1939 avec son compagnon le ténor Peter Pears, il lui fut reproché son pacifisme pour lequel il s’expliqua ( lire l’article de Wukali sur ce sujet), il revint en 1942 et servit du fait de sa fragile constitution dans un service du ministère de l’information avant que d’être réformé, et son homosexualité qu’il ne cachait pas lui valut jusqu’à un temps très proche l’opprobre des milieux réactionnaires. À cet égard la biographie écrite par Paul Kildear lire l’article publié dans Wukali et qui est sortie voilà quelques mois a provoqué dans le Royaume-Uni un grand tumulte médiatique

Timothy Orpington à Londres pour Wukali et P-A L


Illustration de l’entête: buste de Voltaire par -Jean–Antoine Houdon (1741–1828)


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